VIDEO. "Il ne faut pas se laisser bouffer par l'émotionnel ou par la haine", Jean-Michel Bertrand présente son film "Vivre avec les loups" en avant-première à Pontarlier

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Le réalisateur Jean-Michel Bertrand a présenté son documentaire, troisième et dernier volet de sa trilogie sur le loup, au cinéma l'Olympia de Pontarlier.
Jean-Michel Bertrand est venu présenter en personne son dernier film sur le loup. 300 personnes ont assisté à cette avant-première exceptionnelle. ©E. Deshayes / J-S. Maurice / N. Leduc

Il avait rassemblé plus de 200.000 spectateurs au cinéma avec "La vallée des loups" (2017) et "Marche avec les loups" (2020). Jean-Michel Bertrand revient avec un nouveau film intitulé "Vivre avec les loups". La sortie est prévue le 24 janvier 2024. Le réalisateur est venu présenter son documentaire en avant-première dans la capitale du Haut-Doubs où le retour du prédateur fait débat.

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"C'est complet, on a été obligé de refuser du monde ! " se réjouit Nicolas du Cinéma Olympia à Pontarlier (Doubs). Ils sont près de 300 au rendez-vous pour assister à cette avant-première exceptionnelle ce dimanche 10 décembre 2023. "Vivre avec les loups", c'est le titre du film. Sans point d'interrogation. Mais ici, au cœur du Haut-Doubs, le retour du prédateur pose question.

Dans la file d'attente, juste avant l'ouverture des portes, Michael Ménétrey, éducateur et musicien, ne cache pas son impatience. "Il y a beaucoup de loups dans la région et je suis plutôt un fan, alors je viens un peu m'informer, explique-t-il. C'est un sujet qui passionne ici, qui dresse les uns contre les autres. Il y a des agriculteurs qui pensent qu'il ne faut pas de loups parce que ça réduit le cheptel. Moi, je suis petit-fils d'agriculteur, mais je pense qu'il faut vivre avec les loups parce que le cheptel est important et que les pertes sont toujours légères."

Une question sensible

William Cescon n'est pas là par hasard non plus. "On est dans une région où c'est vraiment délicat la présence du loup, reconnaît l'accompagnateur en montagne. Donc, je veux voir comment le réalisateur aborde cette question. Le loup, on ne le voit jamais, mais on en entend beaucoup, beaucoup parler." Anne-Lise Francart sait aussi le sujet très sensible. "Je suis une fervente protectrice de la biodiversité, du monde animal sauvage, affirme l'enseignante. Mais cela pose des problèmes aux agriculteurs. Finalement, c'est une vraie question de vivre ensemble une question qui touche aussi bien le monde animal avec nous que d'autres sujets aussi importants."

Casquette vissée sur la tête, comme à l'image, Jean-Michel Bertrand n'espère pas autre chose. "J'espère que venir à Pontarlier, cela va permettre de discuter, de dialoguer, confie-t-il à France 3 Franche-Comté. Ce film, c'est vraiment une main tendue !"

Voilà 30 ans que les loups sont revenus en France par le sud-est, par les Alpes, chez moi. On constate qu'ils sont là, que tout leur est favorable pour s'installer, pour bouffer avec beaucoup d'ongulés sauvages. Soit on dit, non, non, non, et puis ils sont quand-même là et il ne se passe rien. Soit on se dit : "qu'est-ce qu'on fait ?"

Jean-Michel Bertrand, réalisateur "Vivre avec les loups".

Trilogie du loup

Ses deux premiers films, "La vallée des loups" (2017) et "Marche avec les loups" (2020), ont rassemblé plus de 200.000 spectateurs au cinéma. Dans ce nouvel épisode, le réalisateur suit depuis sa cabane une nouvelle famille de loups qui s'est installée au milieu de sa vallée du Champsaur, dans les Hautes-Alpes. Il part aussi à la rencontre de ces hommes et de ces femmes obligés aujourd'hui de composer avec l'animal. Une cohabitation parfois compliquée, mais qui est désormais inévitable pour la totalité d'entre eux.

En France, dans les Alpes et les Vosges, en Italie ou en Suisse, il partage ses interrogations et écoute chasseurs, éleveurs, bergers ou volontaires venus aider les propriétaires à surveiller leurs troupeaux. À l'écran, comme Jean-Michel Bertrand, l'idée fait petit à petit son chemin que l'avenir de l'homme et de l'animal s'écrira naturellement ensemble. Reste à trouver les solutions pour que cette coexistence soit la plus pacifique, la plus harmonieuse possible.

Il faut essayer de dépasser le côté émotionnel, très présent du côté des éléveurs mais aussi du côté de ceux qu'on peut appeler les pro-loups. Le but, c'est essayer d'apaiser tout cela, sans donner de leçons.

Jean-Michel Bertrand, réalisateur "Vivre avec les loups".

Le montagnard à la voix rocailleuse l'admet : la tâche est ardue. "Plus j'observe les loups, plus je me questionne, sourit-il. Dès que je crois les connaître, ils me la font à l'envers. On a une complexité de la nature et une complexité humaine. Il faut avancer avec ça et ne pas se laisser bouffer par l'émotionnel, par la posture ou par la haine !"

Après une heure et demie de voyages et de découvertes, le film se termine sous des applaudissements nourris. Les lumières se rallument et le débat s'ouvre avec la salle. Les enfants curieux demandent à ce drôle de bonhomme comment il a pu trouver et filmer les loups ou encore faire la différence entre les hurlements d'une femelle ou d'un mâle. Jean-Michel Bertrand se prête volontiers à l'exercice, lui qui a l'habitude d'aller parler dans les écoles.

Débat avec des éleveurs

Dans le public, des éleveurs du coin sont là eux aussi. Guy Scalabrino a fait le déplacement depuis Mouthe (Doubs). L'an passé, il a perdu deux génisses après une attaque du loup. Une profonde blessure pour l'agriculteur qui, visiblement, n'est toujours pas refermée. Il prend le micro et raconte. L'échange est vif avec le réalisateur mais le dialogue s'installe peu à peu.

Le film me laisse un peu sur ma faim parce qu'il ne montre pas tout le volet de la prédation du loup et la souffrance des éleveurs qui subissent cette prédation. Une souffrance, on l'a encore vu ce soir, qui n'est pas forcément comprise par le public. Il faut être passé par là pour comprendre ce que c'est.

Guy Scalabrino, éleveur à Mouthe (Doubs).

A Rochejean (Doubs), comme les éleveurs dans le film, Fanny Maillard, elle, a déjà franchi le pas et cherché des solutions. Avec son associée, elle a pris trois patous, trois chiens de protection, sur la ferme pour protéger ses vaches et ses chèvres. Elle a mélangé aussi les jeunes animaux avec les adultes pour "éviter l'effet animaux fragiles et isolés". Elle s'est même offert un âne, réputé anti-canidés.

"Moi, j'ai choisi ce métier d'éleveuse pour protéger la biodiversité aussi, explique la jeune exploitante à France 3 Franche-Comté. En tant que paysan, on est là pour entretenir le paysage et travailler avec le loup, du coup, ça me semble être une évidence. Même si quand il est arrivé, c'était compliqué parce qu'il s'attaque à nos animaux. Mais ce film montre bien toutes les solutions qui existent, les enjeux et les questionnements."

"Parler du loup, c'est parler des hommes", rappelle Jean-Michel Bertrand dans le livre inspiré par son documentaire et paru fin novembre aux éditions de la Salamandre. Le film, lui, sortira officiellement en salles le 24 janvier 2024.

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