Elle est à notre poignet tous les jours. Lui jeter un coup d'oeil parait si anodin. La montre-bracelet, est née, ou tout du moins s'est développée il y a tout juste un siècle, dans les tranchées.
Jusqu'en 1914, la montre-bracelet est l'apanage des femmes. Petit bijou délicat, que l'on porte sur du ruban ou du cuir, si elle n'est pas épinglée au corsage. Elle est fine et élégante. Les hommes eux, consultent l'heure sur leur montre à gousset, du nom de cette petite poche du gilet dans laquelle on la range. Il faut tirer sur une chaînette, ouvrir le boîtier dans le creux de la main, regarder le cadran orienté vers soi, puis ranger le tout. Temps de l'opération : entre dix et vingt secondes.
Une durée bien trop longue pour un soldat au combat. Un soldat avec les mains occupées par une arme de surcroît. Et pourtant, il lui faut connaître l'heure à tout moment des attaques, des mouvements de troupes et des tirs d'artillerie. Alors la montre va évoluer. D'abord gousset inséré dans un grossier bracelet en cuir, l'objet se perfectionne par la suite. Des chiffres rimais aux chiffres arabes. Le 12 est souvent rouge pour être repéré facilement. des grilles sont aussi ajoutées pour protéger le verre des éclats. Après guerre, la mode adoptera cette nouvelle montre bracelet. La montre à gousset disparaissant petit à petit.
Parallèlement, à ces évolutions techniques, la production horlogère se transforme. Les métiers de graveurs ou dessinateurs disparaissent, car il n'y a plus de boitiers à travailler. Surtout, le gros des effectifs des manufactures du Doubs est au front. Les entreprises suisses, en territoire neutre, peuvent elles assurer la production. Elles prennent ainsi de l'essor. Une suprématie qui dure encore aujourd'hui.
Sources et remerciements
- Jean-Claude Vuez, collectionneur et amateur d'horlogerie ancienne
- Charles Cupillard, Exposition itinérante "De la poche au poignet"
- Jean-Pierre Viennet, Musée de la montre de Villers-le-Lac (Doubs)