L'instituteur devenu écrivain était un pacifiste convaincu. Le conflit déclenché, il se rallie néanmoins à l'union nationale et sera un soldat et officier exemplaire, tout en tenant un carnet parmi les plus acerbes et réalistes qui nous ont été transmis.
Louis Pergaud est né sur les plateaux du Haut-Doubs. Etudiant brillant et fils d’instituteur, il le devient à son tour. Il est nommé à Durnes dans le Doubs à la rentrée 1901, puis à Landresse en 1905, en pleine séparation de l'Eglise et de l'Etat. Il ne cache pas ses sentiments anticléricaux et socialistes. Cette vie à la campagne lui permet de s'adonner à la chasse et à l'observation de la nature. Des sources d'inspiration qu'il gardera lorsqu'il part à Paris en 1907 pour se consacrer entièrement à l'écriture. En 1910, il remporte le prix Goncourt avec son roman naturaliste « De Goupil à Margot » qui suit les destinées des animaux de la forêt. La guerre des boutons paraît en 1912.
La guerre
En 1914, Louis Pergaud est mobilisé au 66ème régiment d’infanterie à Verdun. De part ses études, il passe rapidement sous-lieutenant et relate dans ses carnets le quotidien, la popote, les ordres absurdes et les liens entre soldats… Il écrit : « On se réunit pour chasser le cafard et on plaisante les crétins de la division de marche, qui nous envoient à la mort et qui se terrent, eux, au moindre danger. » ou encore « Vers 2 ou 3 h, Danvin manque de se noyer dans un trou plein de boue, d'eau, de pissat, de merde et de sang. Je saute dedans pour le retirer et j'en ai jusqu'aux genoux. L'odeur me poursuivra 3 jours durant.»
La mort
Le 7 avril, Louis Pergaud est blessé au pied lors d’une attaque à Marchéville. Evacué par les Allemands derrière les tranchées, il est alors victime des tirs de l’artillerie française. Son corps ne sera jamais retrouvé. Son épouse espère jusqu’en 1919 le voir revenir d’un camp de prisonnier ou d’un hôpital.
En 1921, un tribunal le déclare mort et disparu. Et en 1927, le président de la république Gaston Doumergue inaugure au Panthéon une plaque aux 560 écrivains, morts pour la France.
Retrouver l'oeuvre et l'homme
La maison Pergaud rend hommage à l'écrivain naturaliste dans son village natal, Belmont. Y sont notamment mis en scène les animaux de ses romans, la salle de classe où il travailla et l'intérieur d'une maison comme il a pu la connaître. De nombreux documents écrits et des photos complètent la visite.L’Association des Amis de Louis PERGAUD a été créée en 1965 pour maintenir la mémoire de l'écrivain, lauréat du prix Goncourt 1910.
Des fragments du Carnet de guerre de Louis Pergaud ont été publiés dès 1938. La première version intégrale n'est parue en 1994. Elle est disponible aujourd'hui en poche et sous forme de fac-similé du manuscrit rédigé au crayon à papier. Lire la critique sur le blog Sources de la grande guerre.
Le journaliste, romancier et fondateur de l'Académie Goncourt Lucien Descaves décrit dans la préface des Rustiques, de Louis Pergaud, la personnalité de l'écrivain, son amour de la nature et sa correspondance de guerre.