Histoires 14-18 : le vocabulaire des tranchées

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De tout temps, l’armée en campagne a enrichi le vocabulaire français de mots divers, glanées, ça et là, notamment à l’étranger. Mais la première guerre mondiale en fixant les soldats et les mélangeant durablement, marque un tournant dans l’acquisition de nouvelles expressions et leur transmission aux civils.

Venus de la France entière, les poilus mélangent leurs façons de parler et s’inventent un langage commun pour le quotidien. Ils font preuve d’une certaine autodérision, lue dès 1915 dans les journaux de tranchées. Ainsi apparaissent les termes de boyauter : cheminer dans les tranchées ;  le roquet = le canon de 75, ou sécher sur un fil = mourir accroché aux barbelés. Beaucoup de mots visent à diminuer l’autorité subie et le grade des supérieurs ; le caporal devient ainsi le cabot ou nabot. Ce langage commun, souvent propre à un même régiment, permet de créer un véritable esprit de corps.

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<p>Les grands &eacute;v&eacute;nements de l&#39;histoire laissent des traces dans le temps. Il y a des photos, des objets, des anecdotes...Mais il y a aussi des mots qui restent et qui traversent les si&egrave;cles. Peut-&ecirc;tre en connais-tu quelques-uns ?</p> <h2 class="title-2">C&#39;est quoi les mots de la guerre ?</h2> <p>De tous temps, l&rsquo;arm&eacute;e en campagne a enrichi le vocabulaire fran&ccedil;ais, glan&eacute; notamment &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger. Mais <strong>la Premi&egrave;re Guerre mondiale</strong>, en fixant <a href="https://www.lumni.fr/quiz/etre-soldat-pendant-la-premiere-guerre-mondiale" target="_blank">les soldats</a> et en les m&eacute;langeant durablement, marque un tournant. De nouvelles expressions apparaissent, reprises par les civils. Venus de la France enti&egrave;re, <a href="https://www.lumni.fr/video/pourquoi-appelle-t-on-les-soldats-de-la-premiere-guerre-mondiale-les-poilus" target="_blank">les poilus</a> s&rsquo;inventent un langage commun pour le quotidien, avec une certaine autod&eacute;rision. Ainsi naissent les termes de &laquo;&nbsp;<strong>boyauter</strong>&nbsp;&raquo; : serpenter dans les tranch&eacute;es, &laquo;&nbsp;<strong>le crapouillaud</strong>&nbsp;&raquo;&nbsp;: le mortier de 58 ou &laquo;&nbsp;<strong>s&eacute;cher sur un fil</strong>&nbsp;&raquo;&nbsp;: mourir accroch&eacute; aux barbel&eacute;s. Beaucoup de mots s&rsquo;attaquent &agrave; l&rsquo;autorit&eacute; subie, aux sup&eacute;rieurs. Ainsi, le caporal devient &laquo;&nbsp;<strong>cabot</strong>&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;<strong>nabot</strong>&nbsp;&raquo;. Le langage partag&eacute; souvent au sein d&rsquo;un m&ecirc;me r&eacute;giment permet de cr&eacute;er un esprit de corps.</p> <h2 class="title-2">Parles-tu le poilu ?</h2> <p>Le vocabulaire des soldats emprunte tour &agrave; tour l&rsquo;argot parisien ou provincial&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;<strong>zigouiller</strong>&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;<strong>bidoche</strong>&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;<strong>pinard</strong>&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;<strong>gnole</strong>&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;<strong>maousse</strong>&nbsp;&raquo; du patois angevin. C&rsquo;est aussi le moment o&ugrave; se r&eacute;pandent au contact des Zouaves des mots arabes connus depuis le XIXe si&egrave;cle&nbsp;: &laquo;&nbsp;<strong>baraka</strong>&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;<strong>chouia</strong>&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;<strong>guitoune</strong>&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;<strong>gourbi</strong>&nbsp;&raquo; d&eacute;signant des habits de fortune.</p> <p>Certains faits d&rsquo;actualit&eacute; deviennent des expressions. &laquo;&nbsp;<strong>Limoger</strong>&nbsp;&raquo; fait ainsi r&eacute;f&eacute;rence au fait que le g&eacute;n&eacute;ral Joffre avait mut&eacute; au d&eacute;but de la guerre, &agrave; Limoges, 134 officiers qui avaient d&eacute;&ccedil;u. Un mot revient sans cesse, au front comme &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re&nbsp;: &laquo;&nbsp;<strong>le boche</strong>&nbsp;&raquo;. Son origine est un peu floue. Soit il d&eacute;rive de &laquo;&nbsp;<strong>t&ecirc;te de caboche</strong>&nbsp;&raquo;, soit d&rsquo;&laquo;&nbsp;Alboche&nbsp;&raquo;, une forme alt&eacute;r&eacute;e d&rsquo;&laquo;&nbsp;Allemand&nbsp;&raquo;, utilis&eacute;e par les ouvriers. Quoi qu&rsquo;il en soit, il conna&icirc;t un succ&egrave;s fulgurant<a href="https://www.lumni.fr/dossier/la-guerre-de-1914-1918-premiere-guerre-mondiale" target="_blank"> en 14-18</a>. Employ&eacute; par les soldats, les officiers, y compris dans les rapports militaires, et les civils qui tiennent absolument &agrave; parler le poilu. Le premier conflit mondial produit ainsi en France un nouveau lexique, une langue nationale, en grande partie, toujours usit&eacute;e aujourd&rsquo;hui.</p> <p>👉 Retrouve d&#39;autres faits marquants de la Premi&egrave;re Guerre mondiale dans&nbsp;<a href="https://www.lumni.fr/programme/histoires-14-18" target="_blank" title="Histoires 14-18 (nouvelle fenêtre)">Histoires 14-18</a>.</p> ©France 3

Le vocabulaire emprunte tour à tour des mots au monde militaire mais aussi à l’argot parisien et provincial : zigouiller, bidoche, pinard, gnôle ou maous, du patois angevin. C’est aussi le moment où se répandent des mots connus dans les colonies depuis le XIXème siècle. En premier lieu, les mots arabes baraka, chouia,  gourbi ou guitoune pour désigner des abris de fortune. Il y a aussi la traduction immédiate de situations. Le terme « limoger » vient ainsi du fait que le général Joffre avait placé au début de la guerre à Limoges 134 officiers généraux qui avaient déçu.


Un mot revient au front comme à l’arrière, omniprésent : le Boche. Son origine, un peu floue, remonte aux années 1860. Soit il dérive de tête de caboche, désignant quelqu’un de têtu. Le cliché sur le Germanique étant qu’il a la tête dure. Soit il dérive d’Alboche, une femme altérée d’Allemand utilisée par les ouvriers. Quoi qu’il en soit il connaît un succès fulgurant en 14-18, employé par les soldats, les officiers, jusqu’à figurer dans les rapports militaires officiels et par les civils. Il ne désigne pas une nationalité, mais un peuple et au-delà l’étranger, l’ennemi. Le premier conflit mondial produit ainsi en France un  nouveau lexique, une langue nationale… pour une bonne partie toujours usitée aujourd’hui…





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