L'arrivée de l'automne et ses précipitations est la période propice pour planter des arbres et végétaux. Face aux dérèglements climatiques, quelles essences privilégier pour s'adapter au manque d'eau et à la hausse moyenne des températures ? Voici des pistes.
Érables champêtres, albizia, paulownia, ou encore mûrier platane, voici quelques-unes des espèces qui verdiront à l'avenir nos parcs et jardins comtois. Ces arbres et arbustes acceptent les périodes de sécheresse tout en étant suffisamment rustiques.
Les essences forestières souffrent du manque d'eau et des épisodes de sécheresse de plus en plus importants. Sans actions pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, la hausse des températures moyennes sera de l'ordre de + 2,2 °C en 2050 et + 4 °C d'ici à 2050. Par ailleurs, les prévisionnistes de Météo France projettent une diminution de 10 % des précipitations estivales d'ici à 2050. Dans ces conditions, les aires de répartition de la végétation se déplaceront de 150 à 550 km en latitude vers le nord ou 150 à 550 mètres en altitude. Le nombre de jours de gel continuera à diminuer (10 à 20 jours de gel en moins) alors que les journées de fortes chaleurs seront toujours plus fréquentes, contribuant à assécher les sols.
Exit les thuyas, bonjour les lauriers ou photinias
De nombreuses espèces ne seraient donc plus adaptées. "On sait qu’il y a certaines essences locales qu'on ne plantera plus, on peut citer le hêtre qui ne supporte absolument plus les épisodes de sécheresse à répétition que l’on connaît depuis quelques années, ou encore le bouleau", déplore Tristan Kraft, expert en arboriculture. À l'inverse, d’autres espèces plus méridionales déjà présentes pourraient se développer dans nos contrées. C’est le cas du chêne pubescent ou encore du pin noir. "Ma gamme évolue ces dernières années", confirme Simon Courbet horticulteur et producteur de végétaux à Amagney, dans le Doubs, "je vends couramment des lilas des indes ou encore des albizia", des plantes du sud autrefois réservées aux climats doux et qui sont désormais adaptées à nos milieux.
Anticiper les dérèglements climatiques de demain est un travail complexe pour les pépiniéristes. "La diversification est la clé" répète inlassablement Simon Courbet, horticulteur et producteur de végétaux à Amagney, dans le Doubs.
La complexité de la nature exige une multitude de solutions.
Simon CourbetHorticulteur, réseau artisans du végétal
À la place de haies très serrées avec un seul type d'arbustes comme les thuyas, l'horticulteur conseille de varier les essences : éléagnus, photinia ou laurier rose.
Kaki, abricots et vignes, les fruitiers du sud migrent
De la même manière, les fruitiers qui se limitaient auparavant aux zones méridionales, migrent progressivement vers nos vergers. À commencer par le plaqueminier, connu sous le nom de ses fruits : le kaki. Cet arbre originaire d'Extrême-Orient supporte des températures négatives jusqu'à -20 °C. Certaines de ses variétés atteignent 15 m de hauteur. Les amandiers, abricotiers et les arbres à kiwi ne se cantonnent plus aux régions du sud. La vigne orne de plus en plus les jardins comtois.
"Planter des arbres et des végétaux de manière générale répond à notre problématique de réchauffement climatique", rappelle Simon Courbet. Certaines plantes caduques, c'est-à-dire qui perdent ou remplacent leur feuillage au cours de l'année, permettent de créer des îlots de fraîcheur. L'horticulteur cite par exemple le mûrier platane ou encore l'eucalyptus qui "a l'avantage de résister à des températures froides jusqu'à -10 à -15 °C et pousse assez facilement".
À la Sainte-Catherine, tout bois prend-il toujours racine ?
Les périodes de plantation sont plus tardives et plus courtes en raison des dérèglements climatiques. "La date du 26 novembre est symbolique aujourd'hui, les végétaux n'entrent plus en repos végétatif à l'automne, mais à l'entrée de l'hiver" précise Tristan Kraft. Cette année en particulier, l'automne s'est fait attendre, les arbres commencent seulement à perdre leurs feuilles. Au printemps, les gelées précoces font des dégâts. Ces modifications entrainent un raccourcissement du cycle des végétaux et donc de la période de plantation.
"Si l'automne est toujours une période propice pour planter, cela dépend beaucoup des conditions climatiques", explique l'horticulteur Simon Courbet. Les précipitations de ces dernières semaines favorisent le bon enracinement des végétaux. Si la météo ne se prête pas forcément au jardinage et pourtant, c'est le bon moment pour planter !