Le jeune homme de 26 ans violemment roué de coups à la sortie d'une discothèque de Besançon (Doubs) vendredi 8 novembre 2024 est en état de mort cérébral. Deux agresseurs ont été mis en examen et placés en détention. Un mandat d'arrêt a été délivré pour retrouver le troisième en fuite.
On en sait un plus désormais sur les circonstances de la violente agression dont a été victime un jeune militaire de 26 ans dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 novembre 2024, à la sortie de la discothèque Le QG à Besançon (Doubs).
Les caméras de vidéosurveillance de l'établissement et celles du Centre de Surveillance Urbain (CSU) ont permis d'identifier rapidement trois agresseurs, a indiqué Etienne Manteaux, le Procureur de la République, lors d'une conférence de presse. Deux d'entre eux ont pu être interpellés samedi 9 novembre en milieu d'après-midi à Besançon. Le troisième homme, en revanche, est toujours activement recherché par les policiers.
Les deux suspects arrêtés ont été mis en examen ce lundi pour violences volontaires aggravées et placés en détention provisoire. Tous sont âgés de 19 ans. Le premier n'est pas connu de la justice, le second, en revanche, a déjà fait l'objet de six condamnations dont deux pour violences. Il a également été incarcéré alors qu'il était mineur.
Roué de coups devant la discothèque
Lors de leur garde à vue, les deux mis en cause ont admis avoir porté des coups à la victime. Et pour les justifier, ils ont déclaré que le jeune homme avait eu des "comportements inadaptés", dans les toilettes de la boîte de nuit, envers une jeune fille, qui se trouve être la petite amie du troisième agresseur. Interrogée par les enquêteurs, la jeune femme a néanmoins démenti et expliqué que le jeune homme n'avait pas eu de comportement inapproprié à l'intérieur de l'établissement.
Ce jeune militaire a, à deux reprises, tenté une approche de séduction, lui demandant son numéro de portable, ce qui a particulièrement déplu au petit ami et à ses amis.
Etienne Manteaux, Procureur de la République à Besançon.
"L'un a admis avoir frappé le jeune militaire alors qu'il était encore debout et encore un coup quand il était au sol, explique le procureur. Le second lui a également porté plusieurs coups de pied au visage" quand il était à terre. Les images montrent le troisième homme lui donner d'autres coups dont un très brutal qui a fait lourdement chuter en arrière la victime, dont la tête a heurté le macadam.
Sans "espoir de survie"
Le jeune homme, gravement blessé, est toujours plongé dans un coma artificiel au CHU de Besançon où il est hospitalisé depuis vendredi. Il souffre de lésions critqiues au niveau du cerveau "qui ont entraîné un œdème cérébral majeur", a précisé Etienne Manteaux. "La victime est en état de mort cérébrale", a indiqué le Procureur de la République, avec un "espoir de survie réduit à néant".
Ce mardi, sa mère est arrivée de Guadeloupe dont il était originaire. Son père était déjà à son chevet depuis plusieurs jours à l'hôpital. Leurs amis et proches ont lancé une cagnotte en ligne pour les soutenir dans cette épreuve. L'affaire suscite une vive émotion outre-mer. Une famille très entourée également par les camarades du soldat, engagé au 19e régiment du Génie de Besançon.
"On est tous très touchés"
Laurent Perraut, le nouveau Directeur interdépartemental de la police nationale (DIPN), a tenu à exprimer son soutien à cette famille "qui vit des moments difficiles". "On est tous très touchés par cette affaire, ajoute Deborah Bouché, la commissaire à la tête du service interdépartemental de police judiciaire. Et on s'associe à la douleur de la famille."
Sur les images de vidéosurveillance, on voit les trois agresseurs repartir "tranquillement", révèle le procureur. "On peut penser qu'ils n'imaginaient pas la gravité des blessures de la victime," explique Etienne Manteaux. Mais si le jeune soldat venait à décéder, les faits seraient requalifiés en violences volontaires aggravées ayant entraîné la mort sans intention de la donner. "Un crime puni de 20 ans de réclusion criminelle", précise le procureur.
Fermeture administrative du QG
La sanction est immédiate pour les gérants du QG, déjà mis en garde. Le couperet est tombé. Le Préfet du Doubs a ordonné la fermeture administrative de la discothèque pour une durée de 30 jours, a -t-on appris par ailleurs ce même jour. Une décision qui fait "suite aux nombreux faits de violences qui ont été commis à la sortie de l’établissement de nuit", ainsi qu’aux "multiples plaintes de riverains pour nuisances", explique Rémi Bastille.
"Des troubles à l’ordre public aux abords de cet établissement ont été constatés de façon récurrente par les forces de l’ordre ces derniers mois", ajoute-t-il dans son communiqué, en mentionnant évidemment cette dernière et "grave" agression. "En outre, la diffusion de musique amplifiée et les résultats des mesures acoustiques réalisées permettent d’attester que l’activité de l’établissement impacte fortement le voisinage".
La décision de fermer la discothèque un mois a été prise "à l’issue d’une procédure contradictoire diligentée par les services de la préfecture qui a permis aux gérants de l’établissement de faire valoir leurs arguments et observations", est-il enfin précisé.