"Le matin, c'est un enfer, le soir, c'est un enfer", les personnels et les patients d'une clinique asphyxiés par les embouteillages à Besançon

Pris au piège tous les soirs ou presque, médecins et salariés de la Polyclinique de Franche-Comté alertent la ville de Besançon sur les bouchons quotidiens à proximité de l'établissement de santé privé. Les plaintes de patients se multiplient et le personnel exprime son ras le bol.

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"C'est vraiment de pire en pire". Xavier Palmero, urologue à la Polyclinique de Franche-Comté, ne décolère pas. "On a des patients qui viennent de toute la région, rappelle le spécialiste. En urologie, la moyenne d'âge est de 65-68 ans. Et même ceux qui habitent à Besançon ne peuvent pas se déplacer à vélo !" 

Selon lui, avec l'arrivée du magasin Grand Frais d'un côté et de l'autre, la fermeture d'une des deux voies de circulation rue Bertrand Russell, c'est tout le quartier qui, chaque soir, est "verrouillé" par les bouchons. "On avait déjà du mal à accéder à la clinique et à se garer. Maintenant, on rencontre aussi des difficultés pour repartir. Certains soirs, on met parfois une heure pour rejoindre le rond-point de Micropolis qui est toujours un point noir !"

"C'est une catastrophe"

"C'est une catastrophe", renchérit Jean-Michel Brientini, chirurgien orthopédiste. Lui avait déjà alerté l'ancien maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret, et le gestionnaire des transports Ginko il y a plusieurs années, au moment où la ligne de bus desservant la Polyclinique avait été "raccourcie" de quelques centaines de mètres. Une prière restée lettre morte

Aujourd'hui, ces praticiens dénoncent l'inaction de la ville face à ces embouteillages qui pénalisent au quotidien les usagers de la clinique. Beaucoup s'en sont déjà plaints directement à leur médecin.

Le matin, c'est un enfer, le soir, c'est un enfer. Les gens âgés qui ont des problèmes moteurs, cardiaques ou pulmonaires, ne peuvent pas grimper depuis l'arrêt de bus en contrebas ou depuis l'arrêt du tram qui est encore plus loin. Ils n'ont pas d'autre choix que de venir en voiture, en taxi ou en VSL.

Jean-Michel Brientini, chirurgien orthopédiste.

"Et une journée de consultation, c'est 30 patients par médecin, cela fait du monde", fait remarquer Thomas Rondot, son associé. Le chirurgien orthopédiste qui ajoute : "en fait, on a fermé tout un quartier de la ville avec une seule porte de sortie !"

Souvent piégés eux aussi, les personnels soignants ou non-soignants de l'établissement privé. Julie Bourquin, secrétaire médicale, le confirme en donnant des exemples à l'appui. "Lundi, j'ai quitté mon travail à 18h, témoigne-t-elle. Je suis allée à ma voiture, je ne pouvais même pas quitter le parking, j'ai vu les bouchons alors je suis revenu au cabinet et j'ai attendu encore une heure pour pouvoir partir. La semaine dernière, j'avais pris une heure de marge pour aller au collège à Saône et je suis encore arrivé en retard !"

"Un véritable chemin de croix entre 16h et 18h"

Les représentants du CSE (Conseil social et économique) de l'établissement, ont donc officiellement fait part de leur exaspération dans un courrier adressé le 15 septembre 2023 à Anne Vignot, maire de Besançon, et au Préfet du Doubs. Courrier que France 3 Franche-Comté a pu consulter.

Les salariés de la Polyclinique de Franche Comté souhaiteraient attirer votre attention sur une problématique grandissante qui impacte quotidiennement les patients, les salariés de la clinique, ainsi que les habitants et les usagers du quartier de Planoise. En effet, depuis des mois maintenant, circuler aux alentours de la Polyclinique est devenu un véritable chemin de croix entre 16h et 18h.

Elus du CSE de la Polyclinique de Franche-Comté.

Courrier à la mairie du 15 septembre 2023.

Attention, pas question pour eux de critiquer l'implantation du supermarché. "Personne n'est contre le développement du quartier, bien au contraire, insiste Vivien Butterlin, infirmier au bloc opératoire et membre du CSE. Tout le monde est heureux que des commerces s’y installent mais pour en sortir, c'est un cauchemar. À partir de 16h30, c'est la jungle avec des voitures qui sont bloquées jusque sur le parking du haut."

Un quartier "historiquement enclavé"

Marie Zéhaf, vice-présidente de Grand Besançon Métropole chargée des transports, leur a répondu le 12 octobre. Elle n'ignore pas, écrit-elle, les "problèmes de congestions" dans ce secteur des Vallières "historiquement enclavé".

L'élue reconnaît cependant que, depuis la rentrée scolaire, "le phénomène s'est nettement accentué du fait de la neutralisation permanente d'une voie de circulation sur la rue Bertrand Russel liée aux travaux du Lycée Victor Hugo et au réaménagement de ses abords." Elle admet également que "l'installation du Grand Frais a eu pour effet d'augmenter les flux automobiles".

Mais elle assure que "les élus de la ville de Besançon ont pleine conscience de la situation et étudient des perspectives d'amélioration de la situation". En ajoutant toutefois que la question "ne sera vraisemblablement pas résolue à court terme".

Selon l'élue, la ville réfléchirait concrètement à plusieurs pistes : ouvrir une bretelle sur la RN 57, revoir la desserte des bus ou permettre aux voitures d'emprunter leurs voies réservées aux heures de pointe. Mais il n'y a pas de solution miracle compte tenu de la configuration des lieux et "il faudra prendre son mal en patience", confie Marie Zéhaf à France 3 Franche-Comté. "Les embouteillages ont lieu aux heures de pointe, le reste du temps, c'est assez fluide."

Urgences et astreintes

"Est-ce qu'il faudra un drame pour faire bouger les choses ?", interroge Vivien Butterlin. L'infirmier rappelle que la Polyclinique possède une maternité et des services de chirurgie pouvant nécessiter la mobilisation, en urgence, des personnels soignants. "On a des gens qui sont d'astreinte au bloc. Quand ils viennent de chez eux, ils ne peuvent pas accéder à la clinique et quand ils viennent juste de partir, ils sont coincés et ne peuvent pas faire demi-tour. C'est vraiment problématique, cela crée de l'angoisse et certains sont à bout."

"Un soignant qui doit venir ou revenir en urgence pour une césarienne en code rouge peut se retrouver bloqué et ne jamais arriver à temps", insiste Xavier Palmero qui plaide pour des aménagements rapides. "Ce n'est pas de la mauvaise volonté écologique. Cela fait longtemps que je me déplace à vélo électrique moi-même. Mais tout le monde ne peut pas le faire et les transports en commun ne sont pas adaptés."

Bref, la poussée de fièvre est loin de retomber. D'autant qu'un nouveau site de radiologie est en construction juste à côté du magasin Grand Frais et qu'il pourrait encore aggraver les problèmes de trafic.

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