C'était un rêve qu'elle ne se pensait pas capable de réaliser. À 24 ans, Sonia Coutant portera avec fierté l'écharpe de miss Franche-Comté dans l'espoir de devenir la prochaine Miss France 2024. Elle mise sur son honnêteté et son parcours atypique pour gagner le cœur des Français lors de la cérémonie samedi 16 décembre au Zénith de Dijon (Côte-d'Or).
Sonia Coutant est du genre à voir des signes partout et ne s'en cache pas. "Je crois énormément au destin", confirme-t-elle. Ce soir de janvier, quand elle se lance le défi de se présenter à l'élection de Miss Franche-Comté 2023 à la condition que le comité réponde à son mail dans la soirée, et que cette réponse arrive 20 minutes plus tard, est-ce le coup du sort ? Elle n'en doute pas. Neuf mois plus tard, la couronne régionale est déposée au sommet de sa cascade de cheveux noirs.
Faut-il voir comme un autre signe le choix de la ville hôte pour la prochaine élection de Miss France 2024, qui n'est d'autre que Dijon, dans la grande région Bourgogne-Franche-Comté ? "Je me suis dit que j'avais choisi la bonne soirée", sourit la jeune femme de 24 ans qui a grandi à Champagnole dans le Jura, à 35 km à l'est de Lons-le-Saunier. Et tant pis si cela ne l'est pas : "J'ai envie de croire que cette couronne de Miss France est mon destin, et je ferais tout pour l'atteindre".
"Il n'y a pas de Miss standard"
Pourtant, même si l'idée de se présenter traînait dans un coin de sa tête lorsqu'elle regardait l'élection de Miss France chaque année, Sonia Coutant ne pensait pas pouvoir le faire. "J'avais tous ces clichés en tête", avoue-t-elle, "je me disais que je n'étais pas assez belle, pas assez grande (elle mesure 1m72, ndlr), que je n'avais pas fait d'assez grandes études, que je n'avais pas les épaules pour le titre de Miss."
Un autre détail se mettait en travers de son chemin : une phrase en anglais, The sun will rise again (Le soleil se lèvera à nouveau), tatoué à l'encre noire sur la clavicule. Il y a un an encore, ce tatouage l'aurait empêché de concourir au titre de Miss France. Depuis l'édition 2023 et l'action en justice de l'association Osez le féminisme !, le comité a élargi les critères de sélection au concours. Celui-ci est désormais ouvert, notamment, à toutes les femmes majeures (auparavant, seules les jeunes femmes entre 18 et 24 ans pouvaient s'inscrire) et autorise les tatouages.
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Sonia Coutant n'avait plus aucun prétexte pour ne pas se lancer. "Ça m'a prouvé qu'il n'y avait pas de Miss standard. C'est ce qui me plaît dans le rôle de Miss France : on a toutes nos caractères, on revendique chacune des choses différentes. Il n'y a pas une Miss qui se ressemble." D'ailleurs, s'il y a bien une chose sur laquelle les médias se sont attardés sur le profil de Sonia Coutant, c'est son parcours atypique.
"Il y a des similarités entre Miss France et l'école militaire"
La Jurassienne commence sa carrière dans l'armée en tant que gendarme, "l'une de [ses] plus grandes fiertés". Elle doit pourtant se résoudre à changer de voie à la suite de son endométriose. Cette maladie chronique qui touche une femme sur dix n'était encore, il y a peu, que très rarement diagnostiquée, et ses douleurs, parfois invalidante au quotidien, encore moins reconnues.
C'est la maladie et ses complications, ces mois d'hospitalisation, d'errance médicale et de douleurs accablantes, qui vont lui faire découvrir sa véritable vocation. Elle se tourne vers le domaine médical."Je serai celle qui fait attention aux autres. La main tendue, les mots qui rassurent, le sourire quand on a la sensation que tout est sombre", se confiait-elle sur un post Instagram en juillet dernier. La jeune femme travaille désormais en tant qu'aide-soignante en Ephad, auprès de personnes âgées.
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"C'est mon parcours qui fait ma force. J'ai appris à relativiser. Parfois, on pense finir sa vie dans une certaine voie, et le destin en décide autrement." Et certains avantages des plus inattendus en ressortent. "Il y a des similarités entre Miss France et l'école militaire", soutient-elle très sérieusement. Elle s'explique : "Que ce soit dans la discipline, la ponctualité, la vie en communauté... Ce n'est pas évident pour tout le monde, mais c'est quelque chose que je connais déjà."
Honnêteté et transparence sur les réseaux sociaux
Il n'est donc pas très surprenant que Sonia Coutant ait puisé dans son expérience de vie pour choisir sa cause à défendre. "Je veux parler de ces personnes malades qui subissent l'errance médicale. Car on a beau être entouré, on est seul face à la maladie, face à la douleur, face à la peine", continue-t-elle d'une voix douce. "Je veux montrer que, moi aussi, ça m'est arrivé. Moi aussi, j'ai eu une baisse de moral, je n'avais plus envie de me soigner, mais je suis restée positive". Après tout, le soleil se lèvera à nouveau, rappelle son tatouage.
Sonia Coutant n'a pas peur d'être vulnérable. Sur ses réseaux sociaux, elle parle souvent de ses mauvais jours, de ses douleurs, et répète souvent que sa vie n'est pas parfaite. "J'essaie d'être la plus transparente possible", confirme-t-elle. "Il ne faut pas oublier que nous, les Miss, sommes suivies par une communauté qui est jeune. Dans un monde où les réseaux sociaux prennent une place énorme, on a tendance à montrer que ce qui va bien dans notre vie, au risque de faire complexer les autres". La Jurassienne parle en connaissance de cause, elle qui s'est parfois dépréciée face à des personnes qui exhibaient en ligne un train de vie plus aisée que la sienne.
Ce n'est pas parce qu'une vie n'est pas remplie de glamour et de paillettes que ce n'est pas une belle vie
Sonia Coutant, Miss Franche Comté 2023à France 3 Franche-Comté
Une simplicité avec laquelle elle espère toucher le public. La miss Franche-Comté 2023 a élevé l'honnêteté et l'humilité en valeurs cardinales de son parcours. "L'honnêteté, par ma transparence sur les réseaux sociaux et au quotidien", énumère-t-elle. "L'humilité, car je veux rester proche des spectateurs des miss. Ce n'est pas parce que l'on a une couronne sur la tête que l'on devient supérieur aux autres. On m'a ajouté une écharpe, mais je suis toujours Sonia".
Je ne suis pas quelqu'un qui lissera sa personnalité pour entrer dans un canevas standard.
Sonia Coutant, Miss Franche-Comté 2023à France 3 Franche-Comté
Seulement deux Miss France sont originaires de Franche-Comté
Sonia Coutant parviendra-t-elle à décrocher la couronne de Miss France 2024 le 16 décembre prochain ? Très chauvine – comme le reste des Franc-comtois, plaisante-t-elle –, elle compte sur le soutien des habitants de cette région qui l'a vue grandir et "où elle s'est forgée".
La dernière Miss Franche-Comté à avoir été sacrée Miss France est Patricia Barzyk en 1979. Arrivée première dauphine au concours, elle avait alors hérité de la couronne suite au retrait de Thilda Fuller. Il faut remonter ensuite beaucoup plus loin, en 1926, pour retrouver une autre franc-comtoise en haut du podium, Roberte Cusey, considérée comme la troisième Miss France.
Patricia Barzyk et Roberte Cusey avaient toutes les deux remporté leur première écharpe en tant que Miss Jura, tout comme Sonia Coutant. Faut-il y voir un autre signe ?