Témoignages. Covid-19 : d'Égypte, de Bruxelles ou de Paris, ils reviennent dans leur tendre Franche-Comté natale

Publié le Mis à jour le Écrit par Baptiste Galmiche

Depuis un an, l'épidémie de coronavirus bouscule nos vies. Des Français ont dû faire leurs cartons pour changer de lieu de vie. Matthieu, Sonia, Pascal, Frédéric se confient sur ce changement venu de l'épidémie. Sans regrets, et avec le bonheur de revenir à leurs racines. 

À la recherche de la verdure perdue

 

J'espère ce retour définitif

Matthieu Briot, 33 ans

 

C'est une opportunité professionnelle qui l'a fait quitter sa Franche-Comté natale, en 2016. Matthieu Briot travaillait pour une mutuelle dédiée à la fonction hospitalière. Mais la Covid a tout bouleversé. "Début 2020, mon entreprise a décidé de se passer de mes services."

Que faire ? Rester dans le Nord ou rentrer dans sa Franche-Comté natale ? "Il y a eu un moment où j'ai hésité", reconnaît-il. Puis tout s'est accéléré. Au mois de mars, alors que la France s'apprêtait à être confinée, l'inconnue régnait. Certains pays étaient à un stade plus avancé dans l'évolution de l'épidémie, et cela ne présageait rien de bon pour l'Hexagone. "Quand on voyait ce qui se passait en Italie, cela rendait anxieux. En France aussi, on pourrait être plusieurs mois sans voir ses proches. C'est cela qui m'a poussé à revenir pour passer mon confinement dans un environnement familial."

Aujourd'hui, un an après, le Bisontin de naissance est toujours dans la région. "Je m'y suis installé. J'ai d'abord vécu chez mes parents à côté de Valdahon. Maintenant, j'habite à Pont-de-Roide. J'ai retrouvé du travail au sein d'une mutuelle de la fonction publique."

Désormais, le virus est davantage connu, le confinement s'est effacé au profit de mesures, toujours restrictives, mais moins contraignantes. Rien n'empêcherait Matthieu de retrouver son Nord-Pas-de-Calais. "Économiquement parlant, c'est un bassin où il est facile de trouver de l'emploi dans les secteurs commercial et bancaire." Mais la Franche-Comté a des arguments pour retenir ses amoureux. "Il y a une qualité de vie, ici, en termes environnementaux : la verdure, la nature, le côté dépaysant. C'est une région très verte, avec des forêts, des promenades super sympa à faire. Dans le Nord, ce sont majoritairement des zones industrielles."

Une fois que le monde sera venu à bout de la Covid, tous ces arguments feront-ils vraiment le poids face à la réouverture des bars, des restaurants, des salles de concert ? "L'avantage, c'est qu'à Pont-de-Roide, on est sur une petite ville qui est à proximité de Belfort et de Montbéliard. Le jour où le côté urbain me manquera, je sais que ces villes ne sont pas très loin", affirme-t-il. "On ne sait pas où l'avenir me ménera mais j'espère ce retour définitif. La Franche-Comté est une région qui me tient à cœur."

 

De la capitale européenne à la petite Sibérie

 

C'est juste le paradis

Sonia, 24 ans

 

Sonia, elle, a grandi à Chaffois, entre Frasne et Pontarlier. Ses études l'ont conduite à Bruxelles, il y a six ans. Puis elle a prolongé son séjour dans la capitale belge. "Je suis restée là-bas car il y avait les restaurants, les bars. Mais avec la Covid, plus rien n'était ouvert. Le confinement était même plus strict qu'en France", se souvient-elle. "On se retrouvait à travailler, et à dormir". Un "boulot-dodo" qui ne convenait pas à la jeune Franc-Comtoise qui avait été attirée par les sorties et les soirées entre amis à Bruxelles.

"Désormais, depuis quelques mois, je suis à Mouthe. Je fais des remplacements de kiné", décrit-elle. Sans amertume, bien au contraire. "C'est juste le paradis. On a eu un beau mois de janvier. J'ai profité du ski et de la neige à fond. Sortir du travail, aller skier. Le week-end, je sortais de chez moi et je pouvais skier à seulement deux kilomètres de chez moi."

La Franche-Comté est presque dans les gènes de Sonia. "Je suis née ici. Toute ma famille et tous mes amis sont là. J'ai toujours su que je reviendrai. Certes, pas aussi rapidement. La Covid a été un accélérateur", affirme-t-elle.

Forcément, abandonner Bruxelles ne va pas être facile. "Il y aura un passage où ça va me manquer. Mais on ne peut pas tout avoir. Si je veux faire un remplacement dans une ville, je pourrai aller à Besançon ou à Pontarlier", lance-t-elle. Une chose est sûre pour elle : "Je vais m'installer dans la région, plus tard." La jeune kiné se donne trois ou quatre ans avant de concrétiser son retour définitif dans la région.

 

Exit le ministère de l'intérieur

 

C'est le sentiment de revenir dans la région et dont on connaît par cœur les senteurs.

Pascal Boichut, 54 ans

 

La Franche-Comté, une région chère à Pascal Boichut. À 54 ans, en poste au ministère de l'intérieur, il a longuement travaillé dans les hauts-lieux de pouvoir parisiens. Le 8e arrondissement, la Défense... les symboles du prestige, mais également de la vie urbaine. "Au début, je rentrais une fois par mois dans le Jura", lance-t-il. Les opportunités professionnelles l'ont ensuite un peu plus privé de sa Franche-Comté aimée. "J'ai occupé les postes en services spécialisés où j'ai dû me déplacer dans le monde. Je redescendais tous les trois ou quatre mois dans le Jura."

Dans ses voyages, qui l'ont parfois mené à l'autre bout du monde, Pascal essayait de trouver un morceau de Franche-Comté. "Dans les quatre coins du monde, les paysages me faisaient parfois penser au Jura. Quand j'étais dans le Grand Nord canadien, je me rappelais qu'on parle souvent du 'petit Canada' pour désigner le Jura", sourit-il.

Mais la Covid a, pour lui aussi, tout remis en question. "Maman est seule, car j'ai perdu Papa il y a sept ans. À 76 ans, elle est une personne âgée à risque. Elle a des antécédents médicaux." De Paris, Pascal a fait provisoirement ses cartons pour s'installer à Dole, auprès des siens. "Le virus va nécessiter une totale refonte de la gestion et sur le plan de nos rôles d'enfant", affirme-t-il.

Pratiquer le télétravail ? Une solution qui peut convenir à certains métiers, mais pas aux professions qui nécessitent d'être par monts et par vaux. La solution serait donc de trouver un poste adapté à la sédentarité dans le Jura, quitte à mettre sa carrière "en stand-by, en arrière-plan." Pascal attend la publication d'un poste, prochainement. "Je vais postuler au mois de mars, en espérant que je puisse prendre mes fonctions le 1er septembre", ose-t-il.

Même si ce vadrouilleur est attaché à son travail, ce retour aux sources n'est en rien un sacrifice. "J'ai un attachement millénaire et vicéral sur mon jurassique." La pandémie a été un accélérateur.  "Il est clair que s'il n'y avait pas eu cette nécessité médicale, je serai revenu dans le Jura prendre ma retraite", concède-t-il. "Nous sommes des affectifs de notre région. On est très attachés au territoire et massif jurassien."

"C'est d'ordre moral. C'est le retour du vieux Cochise sur les terres ancestrales indiennes", ironise Pascal. Il précise : "C'est le sentiment de revenir dans la région et dont on connaît par cœur les senteurs."

 

Plongée à Ornans

 

Je ne suis pas loin de la retraite, j'ai 59 ans.

Frédéric Lombard, 59 ans

 

Lui aussi a dû quitter un pays étranger pour revenir dans la région. Après avoir travaillé dans la police municipale, puis comme assistant parlementaire de Michel Jacquemin de 1990 à 1997, Frédéric Lombard a décidé d'opérer un revirement total dans sa vie. "Qu'est-ce que je vais faire ?" s'est-il alors demandé. Passionné de plongée sous-marine, il a voulu en faire son métier.

"Je suis alors parti m'installer en Égypte en 2002", raconte-t-il. Une affaire qui tourne : "On reçoit 800 personnes chaque année. On est agréés par la Fédération française de plongée." Mais en peu de temps, tout s'est arrêté. "Les avions sont arrivés pour le rapatriement. On aurait certes pu rester là-bas, mais on ne savait pas pour combien de temps".

 

La solution : le retour en Franche-Comté. "J'ai de la famille, je connais bien le coin." Ce qui était censé être de courte durée au départ s'éternise petit à petit. Au point que Frédéric a trouvé un autre travail. Avec les municipales, il se retrouve collaborateur de Mme la Maire d'Ornans.

"C'est un retour contraint et pas contraint, concède-t-il. Ce qui est contraint est de rester ici tout le temps. Et de se dire qu'on va tirer définitivement le rideau en Égypte. Mais à côté de ça je suis franc-comtois, je suis un vrai Franc-Comtois", lance-t-il.

"Je suis saucisse de Morteau, cancoillote, Comté", s'amuse Frédéric. "Je ne suis pas loin de la retraite, j'ai 59 ans. Alors pourquoi ne pas passer sa retraite en Franche-Comté", s'interroge-t-il, songeur.

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