Omicron, autotests, capteurs de CO2 insuffisants : les syndicats d’enseignants inquiets des mesures sanitaires en cette rentrée

À compter du 3 janvier 2022, les fermetures de classes du premier degré seront de moins en moins automatiques, à la faveur d'une multiplicité des tests, dont une partie sera de la responsabilité des parents, à l'école primaire. Le SNUipp dénonce la faible fiabilité des autotests, et le SNES regrette notamment le déploiement trop lent des capteurs de CO2.

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« On a le sentiment que pour eux l’épidémie est terminée » : le constat, amer, est celui de Nathalie Faivre, co-secrétaire du syndicat SNES-FSU du Doubs, en référence aux nouvelles mesures sanitaires mises en place à l’école primaire et dans le secondaire à compte de ce lundi 3 janvier 2022. Alors que l’épidémie de Covid-19 connaît un rebond important depuis le mois de décembre, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a annoncé plusieurs ajustements, avec l’objectif primordial de « garder l’école ouverte ». Dans le Doubs, les syndicats d’enseignants se disent inquiets de ces nouvelles mesures, annoncées dans Le Parisien dimanche 2 janvier.

Ecole primaire : fin des fermetures automatiques de classes, et autotests

Concernant les écoles du premier degré (maternelles et élémentaires), la règle suivante est reconduite : lorsqu’un cas positif est détecté, tous les autres élèves de la classe doivent présenter un test PCR ou antigénique négatif pour revenir en classe. Ce qui change, c’est qu’ils devront désormais effectuer un autotest après deux jours en classe (J+2), puis au bout de quatre jours (J+4). Précision, le résultat de ce test, fourni gratuitement en pharmacie, ne sera pas à fournir : une simple attestation sur l’honneur des parents faisant état d’un autotest négatif permettra un retour en classe.

C’est l’un des principaux points d’achoppement avec le syndicat SNUipp-FSU, majoritaire dans le 1er degré : « On trouve ça… un peu surréaliste », s’alarme Amélie Lapprand, co-secrétaire du syndicat dans le Doubs. « Ce ne sont pas les parents qui doivent attester sur l’honneur qu’ils ont bien fait un autotest, et puis on connaît très bien la fiabilité des autotests, on sait très bien qu’il y a beaucoup de faux-négatifs ». En réaction, le syndicat demande la fermeture d’une classe dès le premier cas positif. « Les parents sont des gens responsables », assure de son côté le rectorat, qui évoque un « faux-débat » lancé par les organisations syndicales, et rappelle la fiabilité des autotests. Cette dernière est toutefois considérée comme « limitée » par le ministère de la Santé.

Pour le gouvernement, cette nouvelle politique de contact-tracing justifie la fin des fermetures de classes dès trois cas positifs, mesure en vigueur avant ce 3 janvier. En présence d’un nombre d’élèves positifs important, la fermeture pourra être envisagée, au cas par cas.

20% des écoles pourvues de capteurs de CO2

Du côté de l’enseignement secondaire, aucune nouvelle mesure n’a été annoncée, au grand regret du SNES, principal syndicat d’enseignants du second degré, qui a déposé un préavis de grève pour la semaine du 3 au 7 janvier, reconductible. « Ce n’est pas un appel à la grève », tempère Nathalie Faivre, co-secrétaire du syndicat dans le Doubs, mais davantage « pour couvrir les collègues qui au niveau local entreprendraient des actions dans les établissements. » Dans un communiqué national, le syndicat dénonce « L’absence d’annonces gouvernementales pour les collèges et les lycées en pleine cinquième vague, avec un variant qui circule rapidement. »

Que ce soit la politique des tests, de dotation en capteurs de CO2 ou des remplacements de profs, on est face à un ministre qui n’est pas capable de mener une politique cohérente et efficace.

Nathalie Faivre, co-secrétaire du syndicat SNES-FSU du Doubs

La secrétaire du SNES assure que l’objectif du syndicat est également de maintenir les collèges et lycées ouverts, après une année 2020 chaotique, mais pas « coûte que coûte ». Le syndicat demande ainsi de relancer le dépistage automatique : « En Allemagne on les teste deux fois par semaine. »

Quant au nombre de capteurs de CO2, permettant de contrôler le taux de renouvellement de l’air, le SNES l’estime insuffisant : « Le ministère annonce la moitié des lycées et un tiers des collèges équipés, mais il n’y a qu’un détecteur pour tout l’établissement », regrette Nathalie Faivre. De plus, de nombreuses salles ne peuvent être aérées de façon optimale, selon le SNES, du fait de leur configuration ou de fenêtres oscillo-battantes. Reste que l’aération doit être le principal réflexe, rappelle le rectorat, tout en précisant qu’il est du ressort des régions et des départements d’assurer l’achat des capteurs de CO2. « Cela repose sur le volontarisme, proteste Nathalie Faivre. Pourquoi le ministère ne prend-il pas la main, pour aller plus vite et assurer un minimum d’équité ? »  

À l’école primaire, seules 20% des écoles en sont pourvues, reconnaît le ministère de l’Education nationale au Parisien, enjoignant les collectivités locales à poursuivre cette démarche dans tous les établissements.

Pas de masques FFP2 ou chirurgicaux prévus pour les personnels

Outre la sécurité des élèves, Nathalie Faivre dénonce le manque d'équipement des personnels en masques, dont le renouvellement est assuré deux fois par an. « Ils nous donnent des masques en tissus, qui ne sont pas efficaces. » Sur ce point, le rectorat souhaite rassurer que les masques fournis sont conformes, et le ministre de l'Education nationale, fustigeant la « polémique », en appelle au sempiternel respect des gestes barrières.

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