C'est une première à la Ville, à Grand Besançon Métropole et au Centre Communal d'Action Sociale. Pour faire face à la baisse du pouvoir d'achat, les élus de Besançon (Doubs) ont décidé une augmentation de 850 à 950 euros pour plus de 2400 agents aux revenus les plus bas.
"Ce sont des mesures comme jamais on en a pris à Besançon depuis au moins 20 ans", assure Anne Vignot (Europe écologie Les Verts). La maire est fière de l'annoncer. Face à la baisse générale du pouvoir d'achat, la Ville, Grand Besançon Métropole et le Centre Communal d'Action Sociale (CCAS), ont décidé d'augmenter les plus bas revenus parmi leurs agents, ceux de la catégorie C.
"Ce sont les agents de terrain, précise Anne Vignot à France 3 Franche-Comté. Ceux qui travaillent dans les cantines scolaires ou dans les espaces verts par exemple. Ceux qui ont les métiers les moins qualifiés et qui par des mécanismes assez injustes d'ailleurs sont les moins bien rémunérés aujourd'hui dans la fonction publique territoriale."
Accord inédit en France
En janvier dernier, les élus ont choisi de pérenniser le budget de 2,8 millions d'euros alloué à la prime "pouvoir d’achat", la fameuse prime Macron versée pour la première fois en décembre dernier, dans les collectivités territoriales. Après plusieurs mois de discussions, un accord a été conclu avec la majorité des organisations syndicales. Seuls FO et SUD n'ont pas signé. Un accord inédit en France, dit-on. Au total, ce sont plus 2400 agents qui bénéficieront dès le mois de juillet d’une augmentation salariale, de 850 à 950 euros par an.
"On ne voulait pas faire de saupoudrage, on souhaitait agir de manière plus structurelle, insiste Anne Vignot. Elle manifeste surtout sa volonté d'améliorer les conditions de vie des personnels les plus vulnérables, "tous ceux qu'on nomme les invisibles et qui se sont révélés les plus indispensables, les essentiels pendant le COVID", rappelle-t-elle.
"On voit l'augmentation de 12% du prix du gaz, la hausse de l'électricité qui est annoncée au 1ᵉʳ juillet, celles des loyers ou de l'alimentation. On observe aussi un desserrement des populations. De plus en plus de personnes qui se retrouvent seules dans leur logement et doivent supporter toutes les charges d'un ménage sur un seul revenu."
Nos agents non plus ne sont pas épargnés par l'augmentation de la précarité. Ils sont toujours très dévoués mais on ne peut pas leur demander la même générosité dans leur travail, s'ils ne peuvent pas vivre eux-mêmes dignement.
Anne Vignot, maire EELV de Besançon.
"Le calendrier m'interpelle"
Une démarche initiée de longue date, mais dont la publicité a été faite juste avant le scrutin des Européennes. Et cette annonce prend un tout autre écho, forcément, après le score réalisé par le Rassemblement national à Besançon. La liste conduite par Jordan Bardella est en effet arrivée en tête dans la capitale comtoise avec 19,51% des suffrages exprimés.
"Cela m'interroge en pleine période électorale, je ne crois pas au hasard en politique, réagit Ludovic Fagaut, le calendrier m'interpelle". Sur le fond, le chef du groupe LR Besançon maintenant au conseil municipal, et premier vice-président du Département du Doubs, applaudit la mesure. "On est bien sûr favorable à la pérennisation de cette prime pour la catégorie C, ça nous paraît incontournable."
Mais il s'alarme par ailleurs de "l'explosion de la masse salariale" dans les services de la Ville. "À la prise de fonctions d'Anne Vignot en juillet 2020, elle représentait presque 71 millions d'euros, on est aujourd'hui à 85 millions ! Une partie n'est pas de son fait puisqu'il y a eu une augmentation du point d'indice décidée par l'État, mais il y a eu aussi une augmentation massive des recrutements. On est passé de 1684 agents à plus de 2000 en quatre ans !"
"Nous sommes très inquiets de ce dérapage budgétaire à la ville alors que derrière, il y a un transfert de compétences et d'une partie de ses services", ajoute-t-il. Alors que de nombreux services publics réduisent leurs espaces d'accueil, "nous avons maintenu tous nos guichets, nous sommes la dernière porte ouverte", lui répond Anne Vignot.
L'augmentation des bas revenus des agents de la ville sera soumise au vote en conseil municipal le 20 juin prochain.