Trois jours après l’attaque d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure, les syndicats de l’administration pénitentiaire ont été reçus par le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti. Mais les propositions du gouvernement sont jugées incertaines, alors la mobilisation se poursuit, comme à Besançon (Doubs).
Comme à Vesoul, Lons-le-Saunier, Belfort et Besançon, la mobilisation des agents pénitentiaires continuent. À Besançon, les extractions judiciaires ont été annulées, la police devrait prendre le relais. Et sur l’imposante porte verte de la maison d’arrêt, une inscription en blanc : "En deuil". Une vingtaine d’agents pénitentiaires est toujours rassemblée, trois jours après le guet-apens au péage d'Incarville dans l’Eure, qui a tué deux de leurs confrères et blessé grièvement trois autres. Ils ne sont pas en grève en raison de leur statut, mais offre leur temps libre au mouvement.
Depuis 1992, il n’y avait pas eu de fait similaire. Nous sommes vraiment dans une violence totale et nous sentons les collègues vraiment marqués et à bout. Ils vivent vraiment très mal ce drame
Christophe Vernerey, représentant local UNSA-UFAP à la maison d’arrêt de Besançon.
En fond sonore de son interview, réalisée au micro de notre équipe Stéphanie Bourgeot et Laurent Brocard, deux musiques, pas choisies au hasard puisqu’elles symbolisent la lutte et la résistance : la Marseillaise et le chant des Partisans.
Les agents pénitentiaires veulent plus de moyens humains et matériels
Choqués par le meurtre de deux de leurs collègues mardi 14 mai, les agents pénitentiaires ont entamé mercredi 15 mai un mouvement de blocage des établissements pour "maintenir la pression" sur le gouvernement. Leurs représentants syndicaux ont été reçus mercredi à Paris par le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, qui a pris plusieurs engagements.
Les syndicats, eux, exigeaient un accord écrit, qui leur a été transmis jeudi 16 mai au matin. Ce relevé de décisions prévoit notamment de doter les agents d'armes longues, en plus des actuelles armes de poing, lors des transferts et de limiter les extractions les plus dangereuses, en ayant recours à la visioconférence ou au déplacement des magistrats en prison. Mais l'accueil de ces annonces est mitigé et elles ne semblent pas suffisantes aux yeux des intéressés.
Les négociations sont en cours, mais on reste dans le vague, rien n’est précis, c’est toujours au conditionnel. Par exemple, on a demandé des véhicules sécurisés avec des choses techniques bien précises et on nous répond "vous aurez des véhicules sécuritaires"
Christophe Vernerey, représentant local UNSA-UFAP à la maison d’arrêt de Besançon
"On nous dit qu’on aura peut-être des armes supplémentaires, mais quelles armes et est-ce que c’est chiffré ?" poursuit Christophe Vernerey, représentant local UNSA-UFAP à la maison d’arrêt de Besançon. "Le mouvement va se durcir si on n’arrive pas à obtenir un minimum de sécurité et d’actes réels" prévient Sébastien Drogrey, représentant local UNSA-UFAP au pôle de rattachement des extractions judiciaires 25. "Cela fait des années qu’on diminue le niveau des escortes qu’on a une population pénale de plus en plus violente, on est exposé de plus en plus aux risques, on se sent en insécurité", témoigne Sébastien Drogrey.
S’ils ne sont pas entendus, Sébastien Drogrey, représentant local UNSA-UFAP au pôle de rattachement des extractions judiciaires 25 prévient "il y a un risque qu’on dépose les clefs et de faire des blocages plus conséquents".
350 enquêteurs mobilisés pour retrouver les auteurs
Quelque "350 enquêteurs" sont mobilisés sur la piste des auteurs de l'attaque sanglante et du détenu en fuite, Mohamed Amra, et "ils avancent très bien" dans leurs investigations, a affirmé sur France 2 le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Une perquisition a eu lieu mercredi à Evreux (Eure) dans le cadre de cette enquête, a indiqué une source proche du dossier à l'AFP, sans plus de précisions. La traque s'organise aussi au-delà des frontières, avec une notice rouge émise par Interpol à la demande des autorités françaises pour localiser l'évadé au cas où ce dernier serait parvenu à quitter le pays.
Le casier judiciaire de Mohamed Amra, 30 ans, porte 13 mentions. Il était détenu depuis janvier 2022 à la maison d'arrêt d'Evreux en exécution de plusieurs peines, notamment pour extorsion et violence avec arme. Selon une source proche du dossier, il est aussi impliqué dans des trafics de stupéfiants, soupçonné d'avoir commandité des meurtres liés à ces trafics.