"On a besoin d'être placés sous assistance respiratoire, et maintenant !" : les discothèques franc-comtoises à l'agonie

Alors que la vie économique reprend peu à peu depuis le déconfinement mis en place en raison du coronavirus, les gérants d'établissements de nuit se sentent abandonnés. Les discothèques franc-comtoises sont à l'agonie et en appellent à l'aide, avant de mettre la clé sous la porte. On fait le point. 

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"On n'envisage pas l'avenir parce qu'on ne nous donne pas les moyens de le faire pour l'instant. Je suis complètement révolté, aigri et je pense que l'incohérence gouvernementale ne fait que continuer. Je ne réfléchis même plus en terme de réouverture. Aucune entreprise au monde ne peut tenir 6 mois sans activité" nous explique Antonin Borie, gérant du café-concert bar de nuit l'Antonnoir, installé rue de Dole à Besançon depuis 3 ans. Selon lui, l'ouverture des discothèques pourrait être repoussée au mois d'avril 2021, en raison du potentiel report du régime d’exception transitoire. Le Syndicat National des Discothèques et Lieux de loisirs tempère cette information : "Il n’a (pas encore ?) jamais été dit que les discothèques seraient fermées jusqu’en avril.  Il ne faut donc pas s’affoler même si, effectivement, il faut être vigilant."

À cette date, nombre de discothèques et établissements de nuit auront déjà mis la clé sous la porte, comme le confirme Danielle Chapuis, gérante du "3ème club" situé Aux Fins, près de Morteau : "Ce n'est pas possible de nous laisser comme ça. Je suis au bout du rouleau. On est en train de nous tuer." 

Fin juillet, l'État a annoncé son intention de prendre en charge les frais fixes des établissements de nuit jusqu’à 15 000 euros par mois pour soulager les trésoreries, pendant trois mois, au lieu de 5 000 euros initialement prévus dans les dispositifs d’aides aux entreprises menacées de faillite. Cette aide doit être débloquée le 10 septembre. Pour l'instant, les patrons d'établissements de nuit serrent les dents. 
Pour Antonin Borie, comme pour ses confrères ou consoeurs, la situation est tout simplement incompréhensible. "La décision de nous laisser fermer est juste purement scandaleuse et contre productive. On est les mieux équipés pour mettre en place les protocoles sanitaires pour faire la fête. Des soirées s'organisent, de manière sauvage, dans les appartements, dans la rue avec les problèmes de tranquillité publique que cela suggère... et le virus a champ libre pour se propager. Si ça passait chez nous, il y aurait une identification des clients, du gel hydroalcoolique..." détaille-t-il.

"On n'est pas sûr de passer décembre"

"Tous les gérants de boîtes de nuit partagent ce sentiment d’injustice" confirme Mickaël Profeta, responsable de la discothèque Le Styl, installée dans la grande rue à Besançon.

Dans le Doubs, le préfet Joël Mathurin a proposé aux gérants de discothèques d'ouvrir en "fonctionnement bar" et ainsi de renoncer "provisoirement" aux ouvertures tardives, propres aux établissements de nuit. Cependant, aucune garantie n'a été donnée aux patrons de boîtes pour récupérer leur statut d'établissement de nuit et ainsi pouvoir ouvrir plus tard, une fois la crise sanitaire passée. "Certains d'entre nous accepteront et d'autres non" précise Antonin Borie.

Les aides de l'état risquent de ne pas suffire pour certains établissements : "Pour survivre, on a emprunté la même somme que lorsque nous avons acheté le bar. Quelle que soit la date à laquelle on reprend, je ne suis pas sûr qu'on tiendra bien longtemps ,sachant que notre taux d'endettement a doublé. On n'est pas sûr de passer décembre si les aides n'arrivent pas" confie le patron de l'Antonnoir. 

À Besançon, les patrons de boîtes de nuit ont tapé à la porte du Grand Besançon pour demander de l'aide. "Le grand Besançon s'est engagé à faire voter une aide exceptionnelle à l'intention des établissements de nuit. Cela devrait être voté prochainement. Ce serait une exception française. Ce serait l'une des premières villes ayant compris l'utilité des lieux de nuit et puis de la culture" selon Antonin Borie, qui en appelle aux pouvoirs publics.

C'est un appel au secours. On a besoin d'être placé sous assistance respiratoire, et maintenant !

Antonin Borie, l'Antonnoir à Besançon

Selon le syndicat national des discothèques, 300 des 1600 discothèques françaises ont d'ores et déjà fermé en cette année de crise sanitaire. Les gérants et les salariés de ces entreprises envisagent des actions coup de poing pour se faire entendre, notamment lors de la manifestation nationale prévue ce samedi 12 septembre. Certains parlent même de licencier, dans le même temps, l'ensemble de leurs salariés pour alerter sur leur situation.
 
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