Cet après-midi, une réunion du conseil de surveillance aura lieu pour sceller l'union entre les deux constructeurs automobiles. D'ores et déjà, la famille Peugeot, actionnaire de PSA, a donné son feu vert.
Les deux constructeurs avaient annoncé le 31 octobre être tombés d'accord à l'unanimité sur le principe d'une fusion, où les actionnaires des deux groupes se partageraient
à 50/50 le capital, au terme de diverses opérations financières, pour former un nouveau géant mondial de l'automobile, sans fermeture d'usine.
L'Etat français, qui s'était opposé à une fusion de Renault avec Fiat sans l'accord de Nissan, s'était déclaré favorable à un tel rapprochement qui permettrait de réaliser les investissements nécessaires à l'avènement de la voiture électrique et du véhicule autonome, qui se chiffrent en dizaines de milliards d'euros.
La nouvelle entité de plus de 400.000 salariés deviendrait le numéro quatre mondial du secteur, avec 8,7 millions de véhicules vendus sous les marques Fiat, Alfa Romeo,
Chrysler, Citroën, Dodge, DS, Jeep, Lancia, Maserati, Opel, Peugeot et Vauxhall.
"Sur le projet de rapprochement, la famille a voté à l'unanimité son soutien à Carlos Tavares, président du directoire de PSA, sur l'opération en cours", a indiqué une source proche de la famille.
Concernant la gouvernance, "la famille Peugeot sera représentée au futur conseil", selon cette source.
Peugeot a été créée en 1896 par Armand, premier du nom, qui avait séparé l'activité automobile de l'entreprise industrielle Peugeot Frères, elle-même fondée en 1810.
De son côté, Fiat a été lancé en 1899 par Giovanni Agnelli. Exor, la holding de la famille Agnelli-Elkann, est actionnaire majoritaire de Fiat Chrysler Automobiles (FCA).
La nouvelle entité serait basée aux Pays-Bas mais resterait cotée à Paris, Milan et New York.
John Elkann, actuel président de FCA et héritier de la famille fondatrice Agnelli, présiderait le nouveau conseil d'administration, tandis que Carlos Tavares deviendrait
directeur général du groupe fusionné.
Le nouveau conseil d'administration serait composé de onze membres: cinq nommés par Fiat-Chrysler, cinq par PSA, le onzième étant M. Tavares.
Dans le cadre de ce mariage, FCA distribuerait en particulier à ses actionnaires un dividende exceptionnel de 5,5 milliards d'euros, tandis que PSA cèderait aux siens ses 46% de parts dans l'équipementier Faurecia.
La famille Peugeot fait aujourd'hui partie des trois actionnaires de référence du groupe avec le groupe automobile chinois Dongfeng et la banque publique d'investissement
(Bpifrance).
Chacun de ces trois actionnaires détient 12,23% du capital et selon les dispositions de l'accord, ils auraient, après la fusion, environ "6,1 ou 6,2%" du capital, a précisé la source proche de la famille.
"Dans le projet futur de rapprochement, la famille aura la possibilité de prendre 2,5% de plus et deviendra un des actionnaires principaux du groupe", a-t-elle poursuivi,
ajoutant que cette augmentation pourrait se faire dans un délai de "six ou sept ans".
Les représentants du personnel siégeant au comité de groupe européen de PSA ont déjà approuvé le projet de fusion.
M. Tavares avait affirmé début novembre qu'il ne voyait "pas de nécessité de supprimer des marques" dans la future entité qui découlera de la fusion envisagée et réitéré son intention de ne pas fermer d'usines, citant l'exemple du rachat d'Opel à General Motors en 2017.
PSA et FCA ont évalué à 3,7 milliards d'euros les économies générées par leur rapprochement, pour une société dont le chiffre d'affaires consolidé est évalué
à 170 milliards d'euros.
Outre les synergies entre les deux groupes, ce mariage permettra à PSA de mettre dans la corbeille son expertise en termes d'électrification des véhicules, au moment où les constructeurs doivent s'adapter à des normes plus dures en matière de pollution, et à FCA d'offrir les prestigieuses marques Alfa Romeo ou Maserati.
(AFP)