8 000 postes de chauffeurs de bus seraient vacants en France. Une pénurie qui touche toutes les régions dont le pays de Montbéliard dans le Doubs.
Pour faire face, certains patrons n’ont pas eu le choix, leur flotte de conducteurs s’est étoffée ces dernières semaines de retraités venus en renfort pour assurer notamment le transport scolaire.
La nuit n’a pas encore laissé place au jour. Michel Lombardot démarre son car scolaire. C’est lui qui emmène les enfants à l’école au volant de son bus. À 63 ans, l’homme était à la retraite. L’ex-employé communal se lève aux horaires chaque matin pour démarrer son car. Il travaille 5 heures par jour pour un salaire mensuel entre 500 et 700 euros. Lui y trouve son compte : “Moi personnellement, ça me convient très bien, ça met du beurre dans les épinards. Avec mon épouse, on peut partir en vacances, on peut vivre décemment avec nos petites retraites", explique-t-il à notre journaliste Émilien Diaz.
15% de retraités dans cette entreprise de transports
Denis Doillon, directeur d'une entreprise de transport à Seloncourt (Doubs) doit faire face comme il le peut à cette pénurie. 15% de ses 43 salariés sont actuellement des retraités. Le métier n’attire plus les jeunes. Il a son explication sur les raisons de la pénurie de chauffeurs de bus : “Moi, je pense que ça vient des marchés, qui sont trop bas. Nous, si on pouvait payer nos chauffeurs plus chers, peut-être que ça les motiveraient à rester. Ce sont des métiers quand même difficiles, il faut venir le matin, avoir le permis et la Fimo (Formation initiale minimum obligatoire)”. Le patron n’a pas le choix de prendre lui même à certains moments le volant.
Au sein du réseau de transports publics Evolity à Montbéliard, il manque encore 6 conducteurs de bus en cette rentrée 2022. L’entreprise veut miser sur la formation, faire venir d’abord des salariés sur des petits véhicules de transports ne nécessitant pas le permis D, pour ensuite les former.
Une semaine d’action en octobre dans les transports
La pénurie de chauffeurs touche tous les secteurs du transport. La fédération transports et logistique du syndicat FO a appelé à une "semaine d'actions fortes" du 17 au 23 octobre afin de demander une amélioration des salaires et des conditions de travail des salariés de ce secteur très touché par les pénuries de personnel.
"Il manque 3.000 salariés à la RATP dont 1.800 chauffeurs de bus, plus de 3.500 salariés dans les transports urbains au niveau national, 15.000 conducteurs dans les cars dont 1.700 scolaires", énumère FO dans un tract.
Le syndicat mentionne aussi les chauffeurs routiers (50.000 postes à pourvoir), les salariés de la logistique (20.000) et les milliers de postes de saisonniers pour les remontées mécaniques et domaines skiables qui ne trouvent pas preneur.