De leur vivant, le Parisien Eugène Delacroix et le Franc-Comtois Gustave Courbet n'ont pas toujours été en très bons termes. Aujourd'hui, leurs tableaux sont réunis dans une exposition commune, au musée Gustave Courbet d'Ornans, dans le Doubs.
À propos du tableau "Les baigneuses" de Gustave Courbet, Eugène Delacroix avait déploré "la vulgarité et l'inutilité de la pensée". Quant à Gustave Courbet, devant le tableau "Scènes des massacres de Scio", il disait de son aîné : "Delacroix serait un très grand peintre si le relâchement, le dévergondage de ses formes n'arrivait pas jusqu'au fantastique".
Au 19ᵉ siècle, ces deux-là ne s'appréciaient pas vraiment. Au 21ᵉ siècle, leurs œuvres vivent ensemble, le temps d'une exposition temporaire au musée Courbet d'Ornans, dans le Doubs.
En attendant la fin des travaux de rénovation du musée national Eugène Delacroix, qui est rattaché au musée du Louvre, une soixantaine de ses peintures ont déménagé dans la ville natale de Gustave Courbet.
Au micro de notre équipe de reportage (Elena N'guyen Van Ky et Hughes Perret), Benjamin Foudral
le directeur du musée et pôle Courbet, revient sur cette rivalité entre les deux artistes :
Delacroix était d'abord un modèle pour Courbet, qui était un jeune peintre qui arrivait de province. Petit à petit, Delacroix va devenir le contre-modèle, le représentant de l'institution que Courbet veut déboulonner.
Benjamin Foudral, directeur du musée et pôle Courbet d'Ornans
Il ajoute : "Au vu de son caractère, Courbet aurait sans doute été outré, mais au fond honoré que Delacroix, qui était quand même un modèle, soit exposé dans un musée qui porte son nom"
Preuve de cette admiration réciproque, malgré la rivalité, les propos de Delacroix, en 1855, lors d'une visite au Pavillon du réalisme à Paris. Devant le tableau "L'Atelier du peintre" de Courbet, il salue "un chef-d'œuvre".
L'exposition "Delacroix s'invite chez Courbet" est à découvrir jusqu'au 4 février 2024 au musée Gustave Courbet à Ornans, dans le Doubs.