En Franche-Comté, depuis le début de l'année, 18 commotions cérébrales ont été déclarées lors de matches. Aujourd'hui la fédération prend ces risques au sérieux . A Pontarlier, l'école de rugby joue la carte de la sécurité, privilégiant un jeu d'évitement plutôt que de contact.
Le rugby est-il un sport dangereux ? Cette année en France, deux joueurs sont morts à la suite d'un match durant lequel ils avaient subi une commotion cérébrale. Dans le top 14, un jeune joueur de 21 ans du club d'Aurillac fait partie des victimes.
Désormais recensés, les cas de commotions cérébrales se multiplient. Avec le protocole "commotion", le rugby professionnel prend aujourd'hui très au sérieux la prévention des risques de commotions cérébrales, mais qu'en est-il dans les clubs amateurs ? Lucie Thiery et Jean-Louis Saintain ont posé la question aux joueurs de Pontarlier.
Quentin Maire, joueur pontissalien a été touché par une commotion cérébrale. Ce deuxième-ligne doit son traumatisme à une action de placage au sol. "J'étais au sol, j'étais vaseux, je ne me souviens pas du tout" raconte Quentin qui depuis est suivi par un médecin.
Les signes d'une commotion cérébrale, les joueurs les connaissent : "KO, épilepsie, pertes de connaissance..." décrit Nicolas Kury. Mais d'autres signaux secondaires doivent alerter comme des maux de tête, des troubles visuels, de l'équilibre, des troubles de l'irritabilité.
Sur le terrain, l'école de rugby de Pontarlier éduque ses joueurs à l'évitement au lieu du contact, potentiellement dangereux pour la santé.
Lors des rencontres officielles, dès le niveau U14, le carton bleu permet à l'arbitre de sortir un joueur du terrain en cas de suspicion de commotion. Ces arbitres sont formés par des médecins à reconnaître les symptômes ou signes annonciateurs. En prenant un carton bleu, le joueur doit sortir immédiatement du terrain et sa licence est suspendue pendant 10 jours au minimum et 21 jour s'il est mineur.
39 commotions cérébrales sur la saison 2016-2017
Durant la dernière saison, 2016-2017 : 39 commotions ont été déclarées en Franche-Comté, 16 ont touché des moins de 18 ans. En 2016-2017 on en comptait 36 dont 20 pour des moins de 18 ans. Depuis le début de l'année 2018, on fait état de 18 déclarations dont 7 pour des moins de 18 ans. "C'est beaucoup trop" s'inquiète le docteur Alain Gusching, médecin du comité de Franche-Comté de la ligue de rugby, chargé de recueillir et établir un registre du nombre de commotions cérébrales déclarées pendant les matches.
Il alerte : "cela va devenir un problème de santé publique". Il préconise de nouvelles règles favorisant l'évitement au détriment des placages, quitte à dénaturer ce sport de combat... Un point de vue partagé par les éducateurs de l'école de rugby de Pontarlier.
Avec le protocole "commotion", la création du carton bleu mais aussi le registre de commotions cérébrales, la Fédération, quant à elle, prend la mesure du problème mais elle pourrait faire encore mieux.