Jeudi 12 septembre, la station de Métabief annonçait la suspension des remontées mécaniques du secteur de Piquemiette, provoquant la fermeture des pistes de ski du village de Jougne (Doubs). Mais la commune n'entend pas se laisser faire.
Vers un bras de fer entre le village de Jougne et la direction de la station de ski de Métabief ? Pour rappel, jeudi 12 septembre, nous apprenions que le Syndicat mixte du Mont-d'Or (SMMO) avait pris la décision "économique et écologique" de fermer cinq remontées mécaniques sur le secteur de Piquemiette, occasionnant la fin des pistes de ski du village de Jougne (Doubs).
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Le maire de Jougne, Michel Morel, avait dès le départ "contesté cette décision" qu'il juge "opaque", "injustifiée" et "brutale". L'édile, qui estime "avoir été trahi", avait annoncé réfléchir à des "solutions de repli" pour Piquemiette.
En ce sens, un conseil municipal extraordinaire a eu lieu jeudi 19 septembre à la mairie de Jougne, pour étudier les actions possibles. Plusieurs décisions majeures ont été prises, susceptibles de créer de nouveaux rebondissements dans le dossier de la fermeture de Piquemiette.
"Ils ont fermé Piquemiette, qu'ils assument jusqu'au bout"
Le conseil municipal a ainsi voté la sortie de Jougne du SMMO, l'organisme regroupant plusieurs communes qui gèrent les installations de loisirs de Métabief. "C'est une décision logique, puisqu'on a plus aucune piste sur le domaine skiable" reprend Michel Morel. "Je les ai déjà prévenus oralement et nous attendons maintenant la validation officielle".
En plus de cela, le conseil municipal a décidé, "à la majorité absolue moins deux voix", "de ne plus autoriser le passage des skieurs sur la portion à Jougne de la piste de Troupézy" explique Michel Morel, joint ce 20 septembre par France 3 Franche-Comté. "Troupézy est une des pistes qui attire le plus de monde sur le domaine de Métabief, avec une partie sur notre commune. Bizarrement, c'est la seule portion skiable sur Jougne qu'ils ont laissée".
On ferme cette portion de la piste, c'est notre droit. Autrement, c'est trop facile : le syndicat peut faire ce qu'il veut et garder seulement ce qui l'arrange le plus. Ils ont fermé Piquemiette, qu'ils assument jusqu'au bout.
Michel Morel,maire de Jougne
Deux nouvelles qui pourraient avoir un impact important sur l'avenir de Métabief. En effet, l'eau alimentant tous les canons à neige du domaine skiable vient de Jougne, et certaines canalisations sont donc présentes sur des terrains communaux. "Pour l'instant, on est dans une convention qui nous oblige à donner l'eau gratuitement" précise le maire. "Mais on veut renégocier cela. C'est normal, car nous ne tirerons plus aucun profit des activités d'hiver".
Vers le paiement d'une compensation financière ?
L'édile évoque la mise en place d'une servitude, c'est-à-dire la reconnaissance légale d'un droit de passage sur le terrain d'un autre propriétaire, qui peut se traduire par le paiement d'une compensation financière. Une idée rejetée en bloc il y a quelques jours par Philippe Alpy, président du SMMO et directeur de la station de ski de Métabief.
On prend ces mesures à regret. Mais le syndicat fait la sourde oreille, donc on cherche à rééquilibrer les débats avec l'espoir de rouvrir des discussions constructives, notamment avec le département du Doubs.
Michel Morel,maire de Jougne
En cas d'échec des négociations, pourrait-on aller jusqu'à un arrêt de l'alimentation en eau de la station de Métabief par le village de Jougne ? "Ce n'est clairement pas l'option privilégiée" rappelle Michel Morel. "Mais si rien ne bouge, on n'écarte pas cette idée. Plusieurs membres de mon conseil municipal poussent déjà en ce sens". Selon nos informations, l'élu aurait déjà consulté un avocat pour évaluer la faisabilité de cette démarche qui, si elle devient effective, serait un gros coup dur pour le SMMO.
"Je prends acte de ces décisions" a réagi Philippe Alpy, président du SMMO et directeur de la station de ski de Métabief. "Et je les respecte. De notre côté, nous nous attendons à tout et les services du département sont en veille pour voir quelles suites donner à tout cela".
Vous l'aurez compris, le feuilleton de la fermeture de Piquemiette n’est pas encore clos. Alors que les commerçants et habitants locaux font toujours entendre leur colère, notamment avec une pétition en ligne qui a déjà réuni presque 4 000 signatures, le bras de fer pourrait se déporter devant la justice. Contacté, le directeur du domaine skiable de Métabief, Philippe Alpy, ne nous a pas répondu avant la publication de cet article.