Deuxième jour du procès devant les assises du Doubs d'Alexandre Verdure jugé pour le meurtre d'une jeune prostituée en Suisse, en novembre 2016. L'accusé nie les faits et évoque la présence de deux hommes qui auraient tué Mihaela Miloiu.
"Ce n'est pas moi qui l'ai tuée" avait déclaré lors de l'ouverture de l'audience, Alexandre Verdure, ce frontalier du Haut-Doubs soupçonné d'avoir tué, frappé, défiguré la jeune prostituée roumaine.
Ce père de famille qui résidait à Mouthe est jugé depuis mercredi 9 décembre par la cour d'assises du Doubs. Il a affirmé lors de la seconde journée de son procès que la jeune Roumaine avait été tuée par deux personnes non identifiées. Pour l'avocat général, cette version , n'est "pas possible".
Alexandre Verdure avait été interpellé un an après les faits. Devant la cour et les jurés, il a raconté sa rencontre avec Mihaela Miloiu, près d'une autoroute à Sullens en Suisse, dans la nuit du 29 au 30 novembre 2016.
L'ancien agent de sécurité a affirmé que deux personnes avaient surgi en voiture alors qu'il venait d'avoir une relation tarifée avec la jeune femme de 18 ans. "Le conducteur s'est avancé vers moi avec un pistolet. Il m'a dit de m'agenouiller et de garder la tête baissée au niveau du sol, c'est ce que j'ai fait", a-t-il déclaré, assurant ne pas avoir vu ce qu'il s'était passé. L'homme l'aurait ensuite menacé et lui aurait ordonné de "faire le nécessaire", le laissant seul avec la jeune femme qui gisait, morte, sur la route.
"M. Verdure, ce n'est pas possible ce que vous nous racontez ! ", a tancé l'avocat général, Etienne Manteaux, soulignant les incohérences chronologiques de son récit.
Un manque de remords et d'empathie selon les experts
Les experts psychiatres et psychologues qui ont examiné le prévenu ont relevé l'"absence d'émotion", le "manque de remords et d'empathie", ainsi que les "traits de psychopathie" d'une personnalité qui "ne peut pas se remettre en question". Selon eux, il existe un "risque de récidive majeur". Son ancienne compagne a affirmé qu'il ne l'avait jamais frappée, relatant néanmoins qu'il l'avait menacée de mort devant leur fils, au parloir en prison: "Il voulait me montrer comment on étrangle, en moins de dix secondes"
Un corps criblé de coups de couteau et dissimulé dans une fôret du Jura
Après le meurtre, le trentenaire avait "fui" en emportant le corps dans son coffre, en direction de Mouthe (Doubs), en France, où il habitait avec sa compagne et son fils d'un an et demi.
Il soutient qu'il avait l'intention de se rendre à la gendarmerie mais que le véhicule des agresseurs le suivait et que, "dans la panique", il avait abandonné le cadavre dans la forêt communale du Frasnois (Jura).
Son ancienne compagne, qui a témoigné mercredi, a raconté qu'elle l'avait vu rentrer avec "du sang sur les mains, sur son téléphone, sur son couteau". Il lui avait raconté qu'il avait "percuté un chevreuil et qu'il avait voulu l'achever".
Le corps de Mihaela Miloiu a été retrouvé le 15 décembre 2016 sur la commune du Frasnois par des bûcherons. Le corps était nu et méconnaissable, les os du visage et les dents brisés par une multitude de coups. Le cadavre était également lardé de 26 coups de couteau.
Les enquêteurs avaient dû procédér à une reconstruction virtuelle de son visage pour lancer un appel à témoins et identifier la victime.
Dans cette affaire, les enquêteurs de la gendarmerie ont écarté l'implication d'autres personnes dans la mort de la jeune roumaine arrivée quelques mois seulement avant sa mort en Suisse. L'unique ADN retrouvé sur la victime est celui de l'accusé.
Le verdict de la cour d'assises du Doubs est attendu vendredi 11 décembre. Alexandre Verdure encourt une peine de 30 ans de réclusion pour les faits.