Ils ne possèdent pas de chauffage au sens conventionnel du terme, mais la température à l’intérieur s’y régule en été comme en hiver : c’est ce qu’on appelle des habitats passifs. Direction Les Fourgs et Malbuisson, dans le Doubs, pour y découvrir une maison et une école construites de cette manière, comme un avant-goût de ce que pourrait être l’avenir.
Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, la performance énergétique des bâtiments est un des enjeux phare de la transition écologique. Chaudière fioul, à gaz, à bois, pompe à chaleur, radiateur électrique… Autant de systèmes de chauffage qui émettent - plus ou moins - des émissions de gaz à effet de serre. Et si, à l’avenir, cette question ne se posait plus ? Ou en tous cas, si elle était anticipée bien en amont, au moment de la construction ?
Voilà tout l’enjeu de la construction (ou rénovation) passive. Dans ce type de bâtiment, pas de chauffage comme on le connaît, mais une température rendue stable par la chaleur dégagée à l’intérieur et celle apportée par l’extérieur grâce à l’ensoleillement. “La température est ainsi régulée été comme hiver, dans la journée comme durant la nuit”, relate Maïté Magnenet, architecte d’intérieur et maître d'œuvre en construction passive, notamment d’une maison à Les Fourgs, visitée par France 3 Franche-Comté.
Gestion par ensoleillement
À Malbuisson, élèves et professeurs de l’école de Malbuisson ont “appris à composer avec les grandes baies vitrées qui apportent beaucoup de lumière”, témoigne la professeure Aurélie Chardon qui assure, après un an à investir les lieux, que les températures sont “constantes tout au long de l’année”, avec un acoustique “confortable”. L’architecte, Pierre-Marie Machurey, estime que la température en été n’excède pas 24 degrés.
Le maire de Malbuisson, Claude Lietta, ne regrette pas son choix. Alors qu’initialement se préparait la construction d’une école classique, l’architecte a proposé la construction passive.
"Le surcoût est de 5 à 10% à la construction et normalement le retour sur investissement était d'environ 10 ans, mais avec l’explosion des coûts il sera de 5 à 6 ans."
Maire de Malbuisson
Pour cette bâtisse de 400m2, le maire indique qu’un chauffage au fioul aurait coûté 30.000 euros par an, contre 3.400 euros de fonctionnement annuel actuellement.
8 fois plus performant
L’architecte en question, Pierre-Marie Machurey, confirme qu’un bâtiment de ce type est huit fois “plus performant en termes de gain d’énergie et de confort”. Il présuppose toutefois une réflexion particulière, comme l’indique Maïté Magnenet à notre journaliste Lucie Thiery : “Cela nécessite une réflexion particulière. Sans apport de soleil, une maison passive est difficilement vivable”, prévient-il. Doivent ainsi être considérés l’emplacement du bâtiment, sur un terrain dégagé, et son orientation.
Au niveau des fenêtres, les volets sont remplacés par des brises-soleil pour gérer les apports d’ensoleillement en fonction de l’inclinaison des lames. L’isolation doit également être plus épaisse, notamment avec un triple vitrage.
Côté ventilation, elle est à double-flux avec des bouches de soufflage dans les pièces de vie et des bouches d’aspiration dans des pièces comme la cuisine, la buanderie ou les toilettes, pour garantir une homogénéité de la température. Rien n’empêche d’ouvrir les fenêtres, même si “on n’en ressent moins le besoin parce que tout se fait naturellement”, souligne Maïté Magnenet.
Solution au réchauffement climatique ?
Un enjeu d’autant plus important que le climat d’ici 2050 subira des changements importants, avec des vagues de chaleur plus fréquentes et intenses et des précipitations plus irrégulières, mais plus violentes.
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Si les édifices dits "passifs" ne sont pas nouveaux, ce type de construction peine toutefois à décoller, faute de réglementation et de contraintes au niveau de la loi. Pour l’architecte Pierre-Marie Machurey, “les politiques ne sont pas suffisamment informés” et il les invite à visiter, discuter avec les utilisateurs et regarder les notes énergétiques afin que les bâtiments passifs se généralisent, puisqu’ils pourraient représenter le futur de l’énergie.