SANTE : « 48 % des enfants du Doubs vivent dans un désert médical » selon l'UFC-Que Choisir

L'UFC-Que Choisir du Doubs alerte sur l’accès déplorable aux soins. L'association de consommateurs vient de mettre en ligne une carte interactive de la fracture sanitaire. Elle interpelle les parlementaires alors que les gouvernements successifs refusent de contraindre les médecins à s’installer là où les besoins sont les plus importants.

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Quelle est la fracture sanitaire dans le département du Doubs ? Si les déserts médicaux y sont moins importants pour les médecins généralistes, la situation n’en reste pas moins préoccupante pour d’autres spécialités. En prenant en compte l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, l’analyse menée par UFC-Que Choisir, avec l’appui de Skema Business School, montre que 48,1 % des enfants du Doubs vivent dans un désert médical pour l’accès à un pédiatre, et 38,8 % des femmes vivent dans un désert médical pour l’accès à un gynécologue. 

Les Doubistes sont également confrontés à des difficultés pour accéder à un ophtalmologue. En effet, les déserts médicaux pour cette spécialité concernent 39,4 % d’entre eux.

Comment expliquer ces déserts médicaux ?

Selon l’étude d’UFC-Que Choisir, dans notre pays, la fracture sanitaire est abyssale, les déserts médicaux sont symbolisés en rouge sur la carte ci-dessous. Deux raisons à cela : la mauvaise répartition des professionnels de santé libéraux et les dépassements d'honoraires qui ne cessent de progresser.

Dans ce contexte, les gouvernements successifs ont instauré des mesures d’incitation à l’installation dans les zones sous-dotées, mais elles ont toutes montré leurs limites : elles concernent peu de médecins ou ne créent que des effets d’aubaine. La plupart n’ont quasiment pas eu d’influence sur le choix du lieu d’installation, mais ont permis aux médecins d’augmenter leurs revenus.

Des déserts médicaux et des dépassements d'honoraires

Quand le cabinet d’un médecin est accessible pour les usagers avec un temps de trajet raisonnable, il existe un autre frein : le tarif de la consultation. Ce critère est particulièrement important pour les usagers dont les complémentaires santé ne prennent pas ou peu en charge les dépassements d’honoraires. Or, cette pratique est trop largement répandue parmi les spécialistes selon UFC-Que Choisir. Si l'on regarde uniquement les médecins pratiquant le tarif de base de la sécurité sociale, ce sont en réalité respectivement 70,7 % des enfants, 59,8 % des femmes et 60,8 % des personnes vivant dans le Doubs qui vivent dans un désert médical.

Une carte interactive gratuite en ligne

En 2019, les associations locales de l’UFC-Que Choisir avaient mené une enquête auprès de médecins généralistes qui a démontré que près de 1 médecin traitant sur 2 refusait désormais les nouveaux patients et que la situation la plus dégradée touchait les villes moyennes de 10 000 à 100 000 habitants. Une situation qui perdure. 

Bien décidée à alerter et mobiliser l’opinion et les pouvoirs publics, l’association UFC- Que Choisir met gratuitement à disposition de la population la carte interactive de la fracture sanitaire, pour que chacun puisse vérifier l’accès aux soins à partir de sa commune, consultable en cliquant ici. Cette carte permet également aux utilisateurs d’interpeller leurs parlementaires pour qu’ils œuvrent à la mise en place de mesures concrètes.

Sur son site Internet, UFC-Que Choisir invite même les internautes à cliquer sur un lien afin d’alerter leurs élus, via un Tweet, sur la fracture sanitaire. Il s’agit du hashtag #MaSanteNattendPAS.


Les propositions de l’UFC-Que Choisir


Pour lutter contre la fracture sanitaire, l’UFC-Que Choisir du Doubs demande aux parlementaires de mettre en place plusieurs mesures :


 L’instauration d’un conventionnement territorial des médecins. Les médecins ne pourraient plus s’installer dans les zones sur-dotées, à l’exception du secteur
1 tarif de la sécurité sociale, pour remplacer un médecin partant à la retraite.

 La fermeture de l’accès au secteur 2 (c’est-à-dire à honoraires libres) à l’origine du développement incontrôlé des dépassements d’honoraires. Les nouveaux médecins ne devraient avoir le choix qu’entre un secteur 1 aux honoraires sans dépassement et l’Option de Pratique Tarifaire Maîtrisée (OPTAM), qui encadre les dépassements d’honoraires.

La suppression des aides publiques aux médecins ne respectant pas le tarif de la sécurité sociale, hors OPTAM.

 L’organisation d’un système de désignation effective d’un médecin traitant à chaque usager qui en fait la demande.

Quelles sont les disparités dans les autres départements de la Franche-Comté ?

Toujours selon l’étude, et en consultant la carte interactive, dans le Territoire de Belfort, si vous résidez à Belfort, l’accès aux généralistes, pédiatres, ophtalmologues ou gynécologues est « très supérieur à la moyenne ». Par contre au-delà de 30 à 45 minutes autour de cette ville, l’accès est plus compliqué.

Dans le Jura, c’est dans la ville de Dole que les spécialistes sont suffisants par rapport au nombre de la population. L’étude précise que pour les généralistes, « l’accès est très supérieur à la moyenne ». ainsi que pour les ophtalmologues et les gynécologues. Pour les pédiatres « l’accès reste toutefois supérieur à la moyenne ».

A Lons-le-Saunier, les généralistes sont nombreux par rapport au nombre de la population. En revanche, pour les pédiatres, les ophtalmologues et les gynécologues, l’accès à ces médecines spécialisés son « inférieur à la moyenne ». A Champagnole, c’est le « désert médical » pour les pédiatres et les gynécologues mais pas pour les généralistes et les ophtalmologues.

À Morez ou à Saint-Claude (Jura) que ce soit pour les pédiatres, les ophtalmologues, les gynécologues et les pédiatres, la situation est compliquée. Il faut parcourir parfois jusqu’à 45 minutes pour trouver un spécialiste.

Besançon se distingue des autres villes


La Haute-Saône, n’est pas mieux lotie que le Haut-Jura. La ville de Vesoul est par exemple sous-dotée en pédiatrie. À Gray, ce sont les ophtalmologues et les gynécologues qui manquent cruellement. À Luxeuil-les-Bains, si le nombre de gynécologues est inférieur à la moyenne, l’étude d’UFC-Que choisir relève un désert médical pour les pédiatres et les ophtalmologues. À noter toutefois, que dans ces trois villes citées, l’accès aux médecins généralistes est « supérieur à la moyenne ».

Sans surprise, c’est Besançon qui possède le plus de spécialistes. Pédiatres, généralistes, ophtalmologues et gynécologues sont en « accès très supérieur à la moyenne ». Montbéliard compte elle pas mal de médecins généralistes, d’ophtalmologues et de gynécologues. C’est moins notable pour les pédiatres où « l’accès est difficile ». Enfin Pontarlier, s’il n’y a pas de crise de généralistes et de pédiatres, c’est moins le cas pour les ophtalmologues et les gynécologues.


D’une manière générale, le Haut-Doubs, le Haut-Jura et la Haute-Saône sont davantage touchés par le manque de médecins généralistes et les spécialisés.

En France, 1 Français sur 4 n’a pas accès à un médecin. 11,8 millions de patientes n’ont pas accès à un gynécologue. 8 Français sur 10 ont des difficultés pour accéder à un ophtalmologue au tarif de la sécurité sociale. 

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