La présence de cyanobactéries dans la loue interdit aux éleveurs d'abreuver leurs vaches avec l'eau de la rivière. Une interdiction qui complique encore plus une situation déjà très tendue à cause de la sécheresse et de la canicule.
La situation des éleveurs de vaches dans la vallée de la Loue est complexe. En cette période de canicule et de sécheresse, une bête qui produit du lait (à comté) dans ce secteur a besoin de 120 litres d'eau par jour.
La galère pour les éleveurs du côté d'Ornans
Une exploitation comme le Gaec de la Haute-loue de Nicolas Bole a donc besoin de 24 000 litres quotidiens pour ses 200 vaches qui produisent du lait à comté. Mais avec la présence de cyanobactéries et d'intoxication de plusieurs animaux dans la Loue, l'abreuvement des animaux y a été interdit par arrêté préfectoral.
Impossible donc pour Nicolas Bole de laisser ses bêtes s'y abreuver directement. Il a donc fallu s'organiser.
Ne pouvant plus abreuver nos bêtes avec l'eau de la Loue, nous avons installé des pompes qui puisent dans la nappe phréatique et avec lesquelles nous les alimentons toutes, y compris celles situées en bord de ruisseaux désormais à secs.
Nicolas Bole, éleveur de vaches Montbéliardes
Un prélèvement dans la nappe phréatique qui n'est pas interdit, comme confirmé par les services de préfecture mais qui répond à des exigences, à des critères rigoureux et à des situations exceptionnelles.
Chaque jour l'éleveur passe donc une grande partie de son temps à alimenter ses animaux avec des citernes du côté de Montgesoye, Chantrans et Ornans. Grâce aux pompes qu'il a installées il y a deux ans et qui puisent en profondeur dans la nappe phréatique, il parvient pour l'instant à faire face.
Les cyanobactéries : quels risques pour les bêtes et pour le lait ?
Comme Nicolas Bole, les éleveurs de bêtes situées en bord de Loue ont tout intérêt à respecter les interdictions de faire boire leurs animaux dans la rivière car la semaine dernière un nouveau chien, un chiot en l'occurrence, a été pris en charge par les vétérinaires de la clinique d'Ornans après ingestion d'algues et de mousses dans la rivière.
Ce chiot a dû être pris en charge rapidement, placé sous perfusion et traité avec des antibiotiques et protection gastriques pour être tiré d'affaire. En théorie les vaches sont moins exposées à ce type de risques compte-tenu de leur système digestif avec quatre estomacs.
Baptiste Marguet, vétérinaire, clinique de la Haute-Loue, Ornans.
D'après les vétérinaires de la clinique de la Haute-Loue à Ornans, le risque est moindre pour les vaches. Elles possèdent en effet une panse constituée de quatre estomacs et d'une flore micro biotique performante qui limite les problèmes. Si en théorie une intoxication paraît possible, en pratique aucune n'a jamais été signalée à la clinique.
En ce qui concerne le lait, il est certes sous contrôle des laboratoires interprofessionnels d'analyses laitières mais les déclarations des professionnels ne rassurent pas.
Dans notre cahier des charges concernant les fromages, aucune mention n'est faite d'une détection de cyanobactéries. Si cela venait à être le cas, nous devrions lancer une recherche car nous ne savons pas pour le moment comment les dépister.
Jean-Marie Chaudeau, laboratoire d'analyses laitières de Rioz (70)
Côté pratique, il est bon de rappeler que l'ingestion de cyanobactéries par l'homme peut entraîner de sérieux troubles intestinaux et neurologiques mais qu'une infime et éventuelle présence dans les aliments ne représente guère de danger.