Dernier entraînement du FCSM au stade Bonal : "on n'arrive pas encore à réaliser"

Au lendemain de l'annonce de la relégation du FCSM, l’ambiance était pesante dans l’enceinte du stade Bonal ce matin. 300 supporters sont venus rendre un dernier hommage au club. Les cœurs étaient serrés, la parole difficile.

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C’est le pire des dénouements pour ce monument du patrimoine franc-comtois. Le recours devant le tribunal administratif a été rejeté, Romain Peugeot s’est retiré, le club est relégué en national et risque même le dépôt de bilan.

Tristesse, colère et incompréhension

Ce matin, pour le dernier entraînement, le stade Bonal a ouvert ses portes aux supporters, venus nombreux. Interrogés sur place, tous parlaient d’assister à un enterrement, celui de leur club de toujours. 

Evan, les yeux cernés, est le premier à répondre aux questions de notre journaliste Marion Chevalet. "En tant qu’amoureux, on voulait dire au revoir à tous nos joueurs. Je pense que les larmes vont tomber d'ici peu de temps, pour beaucoup d'entre nous. On aimerait rendre hommage à notre club une dernière fois."

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Ces mots sortent difficilement. La gorge d'Evan est nouée, autant que son écharpe bleue et jaune autour de son cou. Pour ce supporter depuis toujours, le club est une famille et ces retrouvailles sur la pelouse du stade était un "besoin". "Ça nous fait tous du bien. On ne se connaît pas, mais on se connaît tous en même temps et c’est ça qui est beau."

À ses côtés, son ami Romain, qui peine à s'exprimer tant sa tristesse est grande. "On est très attristés par la nouvelle et beaucoup de larmes ont coulé depuis. Revenir ici pour revoir tous les joueurs, revivre l'ambiance... Revivre toutes ces émotions, ça fait vraiment mal au cœur. Jamais on aurait pensé finir en National 3 si rapidement. C’est vraiment très dur ce matin… "

Une histoire d'amour avec le FCSM

Au stade, les mines sont défaites. À l'image de Manon. Entre Sochaux et elle, c'est une grande histoire d'amour. Des anecdotes, elle en aurait mille à raconter. "On est vraiment venu pour l'amour qu'on porte au club. Ça fait plusieurs années qu'on est abonnés et il fallait aussi être présents pour les joueurs. Parce que c'est Sochaux, tout simplement."

Quand elle évoque la situation du club, les mots lui manquent. Vêtues d'un maillot du FCSM, elle évoque cet amour, cette famille qu'est Sochaux, et le douloureux "enterrement du club" auquel elle assiste ce matin. Des paroles qui émeuvent son ami, qui ne parvient pas à retenir ses larmes. 

Petits et grands réunis dans la même tristesse

Cette décision peine petits et grands. Jonas a 10 ans et il avait l'habitude de venir aux matches avec son frère, son père et son grand-père, "ne comprend pas". "Sochaux c'était bien, il y avait toujours de l'ambiance". 

Mais aujourd’hui, de l'ambiance, il n’y en a pas. Aucun cœur n’est à la fête. La colère chez certains a même pris le dessus. C’est le cas de Pascal. Depuis 1971, il vient à tous les matchs. Il est abonné, se déplace parfois pour les matchs en extérieur. Il se pose beaucoup de questions.

Est-ce que les responsables seront punis ? J’espère. Si on tombait sur les responsables au coin de la rue, ils auraient intérêt à courir vite. 

Pascal

Il se demande aussi ce que deviendront les employés du club, tous les sous-traitants… Toutes ces questions l’empêchent de dormir depuis trop longtemps.

Adieu ou au revoir ? 

Avec le futur dépôt de bilan, les emplois des 150 salariés du club sont désormais menacés. Edwige Ecarot travaille depuis 20 ans pour le FCSM, en tant que comptable. Mais ses heures, elle ne les a jamais comptées. Son fils est à l’école de foot du FC Sochaux. Toute sa vie tourne autour du club.

On vit FC Sochaux, ce n’est pas un métier alimentaire, c’est un métier passion. C’est très dur pour beaucoup  de salariés. 

Edwige Ecarot, comptable du club depuis 20 ans

L’entraînement aujourd’hui était le dernier. Le directeur sportif du club, Julien Cordonnier, a voulu que l’équipe reste professionnelle jusqu’au bout. Il fallait garder la tête haute pour les joueurs et les supporters. Mais la colère, elle, est bien présente. "Aujourd’hui, c’est un jour noir pour l’ensemble du club, des salariés, des supporters, de toute la région. C’est très difficile à accepter." Il ne mâche pas ses mots et n’hésite pas à comparer le groupe Nenking à des escrocs.

À la fin de l’entraînement a lieu un moment rare au stade Bonal : les supporters pénètrent sur la pelouse, pour échanger quelques balles avec les joueurs du FCSM. Quelques passes chargées d'émotions.

Des petits dribbles, des petites passes, ça fait chaud au cœur quand même parce que c’est une partie de notre enfance qui s’envole. Honnêtement c’est très dur. On n’arrive pas encore à réaliser. 

Alexis, supporter

Du côté d'Emilien, "il y a eu une sorte de communion avec tous les supporters. On ne sait pas si c’est un au revoir, un adieu, mais c’était assez spécial quand même." Une page se tourne pour le FCSM. Si à l'heure actuelle, c'est la tristesse qui prédomine, tous espèrent entendre à nouveau cris et encouragements dans l'enceinte du stade Bonal. Et le plus vite possible.

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