Mercredi 5 juin, le FC Sochaux-Montbéliard présentait officiellement son nouvel entraîneur, le Franco-Algérien Karim Mokeddem. Accompagné de Jean-Claude Plessis, président du club, et de Julien Cordonnier, manager général, le coach Jaune et bleu a répondu à nos questions.
La nouvelle a été officialisée hier, mardi 4 juin 2024. Après une semaine d'intenses tractations, le FC Sochaux-Montbéliard a annoncé la signature pour deux ans de son nouvel entraîneur, Karim Mokeddem. À 50 ans, le tacticien, expert du championnat de National, succède à Oswald Tanchot, parti du côté de Grenoble (L2).
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Ce mercredi 5 juin, Karim Mokeddem a été présenté à la presse. Principes de jeu, ambitions, gestion de l'effectif et relationnel avec ses joueurs, le Franco-Algérien a répondu à nos questions. Retrouvez sa première interview.
Karim, vous avez signé à Sochaux, quels sont vos premiers sentiments ?
Je suis enchanté et très fier aujourd'hui. Quand je suis venu à Bonal lors des premières discussions, j'ai tout de suite senti le poids de l'Histoire qui se dégageait des murs, des tribunes. Il y a une vraie ferveur populaire, qui va et doit nous pousser vers une montée en Ligue 2, dans un premier temps.
Je connais beaucoup d'anciens Sochaliens, j'en ai même coaché. Avec leurs témoignages, leurs messages, mes échanges avec le président Plessis et Julien (Cordonnier), j'ai l'impression d'être arrivé au bon endroit, au bon moment. Je veux continuer à écrire l'histoire de ce club. Enfin, j'ai une grosse pensée pour Oswald (Tanchot, ancien coach du FCSM, ndlr), de qui je suis proche et qui a accompli un gros boulot.
Parlez-nous un peu de vous.
Je suis un coach qui aime que ses valeurs personnelles se retrouvent sur le terrain. Dans mon football, j'ai envie que mon équipe soit actrice du match. J'aime développer un football attrayant, avec des valeurs comme le don de soi, le dépassement.
Dans toutes les équipes que j'ai entraînées, j'ai essayé de mettre cela en place et j'espère le faire le plus rapidement possible ici. Je suis un entraîneur qui fait également extrêmement attention à l'humain. J'aime construire une vraie aventure humaine, que les joueurs se sentent à l'aise, car ils seront automatiquement plus performants.
Revenons sur ce côté humain. Tous ceux qui vous ont côtoyé parlent d'un entraîneur proche de ses joueurs.
C'est primordial pour moi. Aujourd'hui, on peut être le meilleur entraîneur tactique, si on n'a pas cette dimension humaine, ce sera compliqué. Un joueur a un salaire, car footballeur, c'est son métier. Mais à côté, c'est un homme qui a une vie, une famille, des problématiques personnelles.
Un joueur est un humain dans sa globalité et si j'arrive à établir un lien de confiance avec lui, l'équipe sera d'autant plus forte. Cette empathie, c'est un peu ma marque de fabrique. Et puis, après nos carrières, c'est ce qu'il restera, les relations humaines, les souvenirs créés. Mais à côté de ça, attention, je suis aussi extrêmement attentif à la performance sportive.
En tant que coach, quelles sont vos influences ?
Je me suis construit en venant du monde amateur. Il a fallu peut-être que je bosse plus que les autres pour en arriver là et dans mon cheminement, j'ai eu de multiples influences. Notamment le "jeu à la nantaise", mais aussi les profils sud-américains comme Bielsa. Sans oublier Guardiola, que j'admire.
Le jeu de position et les sorties de balles sont des facteurs très importants pour moi. Il faut se détacher des cadres habituels. Je travaille beaucoup sur la qualité technique de mes défenseurs, sur le jeu au pied du gardien. C'est bien de sortir de son camp, mais le mieux, c'est de le faire pour aller marquer. L'idée, c'est d'être acteur du jeu, d'attaquer même quand on est sans ballon, de harceler l'attaque adverse.
Revenons sur les derniers jours. Comment votre arrivée au FCSM s'est-elle faite ?
Mon départ d'Orléans n'était pas programmé. Entre notre maintien et la dernière semaine de championnat, certains événements au club m'ont fait réfléchir sur mon avenir. Avec Julien Cordonnier, que j'ai connu à Châteauroux, on s'est appelé régulièrement tout au long de l'année pour parler football. À la fin de la saison, il a senti dans mon discours que la porte était ouverte pour une nouvelle collaboration.
Après, j'ai voulu être transparent avec l'USO et j'ai tout de suite prévenu le président Courtin, que je remercie d'avoir facilité les choses. Puis, il y a eu plusieurs entretiens avec le FCSM où on a accroché. Une petite période d'attente, et je suis arrivé.
Le FCSM a mené un football offensif l'an dernier. On suppose que cela doit vous plaire ?
Sur l'aspect footballistique, Sochaux a marqué le nombre de buts qu'il faut atteindre pour monter en Ligue 2, c'est-à-dire plus de 50. Il faudra garder cette force de frappe offensive, car les gens viennent aussi au stade pour voir un spectacle, du jeu. Mais il faut progresser sur d'autres aspects : défensivement, on va devoir résoudre des petits soucis pour rentrer dans les standards de 0,9 but en moyenne par match.
Après, je sais m'adapter. J'ai un jeu offensif, mais avec Orléans, quand on a perdu notre ligne offensive, on a su changer pour devenir la meilleure défense de National. Mais quoi qu'il arrive, notre priorité en rentrant sur le terrain sera celle-là : comment va-t-on marquer ?
Après, les bases sont très bonnes. Le club a beaucoup travaillé, avec des joueurs toujours sous contrat de qualité. On a différents profils : certains ont de l'expérience en National, on a aussi beaucoup de jeunes. Avec les joueurs présents, je me dis presque qu'on pourrait lancer la saison, même si on va bonifier l'effectif (sourire).
Aujourd'hui, j'arrive dans un endroit avec tout ce qu'il faut pour performer. Je suis là et on va tout mettre en œuvre pour arriver à atteindre nos objectifs. On ne pourra jamais mettre en doute mon implication et mon travail pour cela.
Quel regard portez-vous sur la saison 23-24 du FCSM, plus globalement ?
Il y a eu un début dans l'urgence. J'ai en tête le premier match face au Red Star avec une première mi-temps compliquée. Mais dès la seconde période, on a senti une âme en train de naître. Je me souviens, je me suis dit : "s'ils reproduisent ça, rapidement, il faudra compter sur eux".
Puis en octobre, pour la réception d'Orléans, j'étais dans les tribunes à Bonal, même si je n'avais pas signé à l'USO. Je suis resté jusqu'à la dernière minute, j'ai tout regardé, même les attitudes lors du tour d'honneur. Et j'ai eu la confirmation qu'une âme s'était définitivement créée avec le travail exceptionnel d'Oswald, et l'ouverture qu'il a fallu avoir auprès du public, après cet élan estival incroyable, unique dans le football.
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Ensuite, on a eu une vraie embellie, suivie d'un petit coup de moins bien après la Coupe de France. Mais c'est normal. Il manquait peut-être un peu de fraîcheur physique et mentale, dû à l'énergie puisée émotionnellement en début de saison. Il n'y a pas eu ce coup de fouet qui aurait permis d'aller au bout. Après, si on analyse la saison entière, en tenant compte du contexte, on est quand même sur de très belles performances.
Vous avez beaucoup entraîné en National, en N2. En rejoignant un club qui veut la Ligue 2, il y a aussi une ambition personnelle ?
Bien sûr. Quand on s'est rencontré, on a convenu d'un deal gagnant-gagnant. J'ai gravi les échelons en coachant en départemental, en régional, en N3, N2 et beaucoup en National. L'idée maintenant, c'est de passer un cap, que le club remonte en Ligue 2 pour que moi aussi je m'y frotte. Ça fait longtemps que j'attendais ce type de projet. J'ai bossé et encore bossé pour en arriver là.
J'ai beaucoup investi sur moi-même et c'est important de pouvoir aujourd'hui être aux commandes d'un club avec une vraie structure. Ici, il n'y a pas que l'équipe pro. Il y a toutes les équipes de jeunes, les féminines, les investisseurs, la direction, un public incroyable. Tout est réuni pour que le FCSM retrouve sa place dans un championnat professionnel. Ce sera beaucoup de travail, il faudra de la patience, mais j'espère qu'on sera récompensé au plus vite. Mais attention, le niveau du National sera très élevé.
Pour finir, un petit mot sur le public ?
J'ai déjà connu des stades avec du public, mais comme ici à Sochaux, jamais. Il y a une telle ferveur. On ne peut pas jouer le maintien avec notre public. Les valeurs de la région, le travail, l'abnégation, l'humilité, nous obligent. Il faut que ces valeurs, celles de nos supporters, transpirent de notre équipe, de notre jeu.
L'état d'esprit est très important. Le National, c'est le championnat de l'état d'esprit et de la bagarre, où le 12e homme fait une vraie différence. On a Sochaux, mais aussi le Red Star l'an dernier, Nancy. Le rôle du public est primordial. Et tout part de là. Il faut qu'on arrive à faire de Bonal une cité imprenable. Le Red Star a remporté ces 10 premiers matchs à domicile cette saison. La montée va se construire ici, à Bonal.
Et les supporters seront déterminants. Je vais d'ailleurs les rencontrer dans les prochains jours. Il faut que l'engouement demeure tout au long de la saison et tout le monde aura son rôle à jouer pour atteindre la Ligue 2.