Trois garçons âgés de 19 à 22 ans et une jeune mineure de 16 ans ont été mis en examen mi-juillet dans le Pays de Montbéliard. 28 hommes ont été pris dans des guets-apens après avoir été abordés sur des sites de rencontre. Une enquête longue et complexe.
La ville de Sochaux a été le théâtre d'une vaste investigation policière. Quatre jeunes Sochaliens sont impliqués dans une affaire d’escroquerie et de violences en bande organisée. Au terme d’une enquête de près de six mois particulièrement complexe, ils ont été mis en examen ce mercredi 17 juillet.
Tout commence au mois de novembre 2023. Dans la nuit du 4 au 5 novembre, la police de Montbéliard est contactée par un homme qui affirme avoir été séquestré, violenté et escroqué par un groupe de quatre personnes dans un appartement de Sochaux après un rendez-vous “amoureux”. Les services d’ordre se rendent sur place et parviennent à intercepter un véhicule en fuite avec à son bord deux frères, âgés de 19 et 22 ans. La victime reconnaît ses agresseurs et ils sont placés en garde à vue.
Après avoir inspecté les téléphones des deux jeunes hommes, les enquêteurs retrouvent dès le lendemain deux autres suspects : Une jeune fille de 16 ans et son petit ami, de trois ans son aîné. Après une perquisition à leur domicile, ils découvrent des matraques, des cagoules, et 1 600 euros en liquide. Après une garde à vue, les jeunes suspects sont finalement libérés, mais placés sous surveillance.
Une enquête à l’ampleur impressionnante
À ce moment-là, les policiers sont loin de se douter qu’ils ont mis les pieds dans une affaire hallucinante. Très vite, ils relient les faits à deux autres procédures datant du 14 et 25 octobre qui font état du même mode opératoire. Des hommes, inscrits sur des sites de rencontre (notamment le site Coco, connu pour être une plaque tournante de dérives de prostitution), sont attirés par le profil d’une jeune femme. Après des discussions faisant état de prestations sexuelles tarifées, les victimes sont attirées à un rendez-vous. Les hommes sont alors appâtés par la jeune fille de 16 ans et sont amenés dans un appartement de la ville. Ils sont alors agressés par trois jeunes hommes qui essayent d’obtenir leurs moyens de paiement.
Au fil d’une enquête minutieuse, les quatre officiers de police judiciaire, mobilisés sur cette affaire pendant six mois, retrouvent 28 victimes. “La difficulté pour les enquêteurs a été de retrouver les victimes, car ces hommes, honteux d’avoir été impliqués dans une affaire de prestations sexuelles tarifées, ne se sont pas présentés spontanément devant les services d’ordre” témoigne Paul-Édouard Lallois, procureur de Montbéliard. Les enquêteurs ont donc dû “tirer la pelote de laine” en analysant les éléments de téléphonie, les caméras de surveillance de la ville, les conversations sur les sites de rencontre, etc.
Ça a été un véritable travail de fourmi
Paul-Édouard LalloisProcureur de Montbéliard
“Ils encourent une peine de prison à perpétuité”
Grâce à ce "travail de fourmi", une deuxième vague de perquisition a pu avoir lieu cette semaine, les enquêteurs ont alors retrouvé des pistolets à impulsion électrique (tasers) décrits notamment par certaines victimes. Les jeunes ont été une nouvelle fois placés en garde à vue et ils ont cette fois reconnus une grande partie des faits. Seul le plus vieux, désigné comme le cerveau du groupe, nie les accusations.
Les quatre jeunes sochaliens ont finalement tous été mis en examen pour des faits d’extorsions avec armes en bande organisée, association de malfaiteurs, escroquerie en bande organisée, violence et dégradation. Ils risquent tous une peine de réclusion criminelle à perpétuité. La jeune fille passerait devant une cour d'assises pour mineure. Elle risque jsuqu'à 20 ans de prison. Trois d’entre eux ont été mis en liberté conditionnelle, le dernier est en détention provisoire.