Témoignage. Déni de grossesse : à 18 ans Léna apprend qu'elle est enceinte à 3 mois du terme, sa vie bascule

Publié le Mis à jour le Écrit par Lucie Thiery
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En découvrant qu'elle allait devenir mère à six mois de grossesse, Léna, 18 ans, une habitante de Pontarlier (Doubs), voit sa vie chavirer. Aujourd'hui elle a créé un compte Instagram pour parler du déni de grossesse, un sujet tabou encore mal connu.




 

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Son histoire est bien différente des autres jeunes femmes de son âge. A 18 ans, Léna apprend qu'elle est enceinte à trois mois du terme.
Originaire de Pontalier (Doubs), elle est étudiante et vit à Dijon à l'époque. Un jour, de retour chez ses parents pour les vacances scolaires, sa maman remarque chez elle un changement physique. Sa poitrine a grossi. Elle l'incite alors à réaliser un test de grossesse. Léna s'exécute, et à sa grande surprise découvre que le test affiche "3 semaines et +"."Je n'ai pas compris ce qui m'arrivait, je n'avais aucune raison de tomber enceinte, je prenais la pilule contraceptive de façon très sérieuse et rigoureuse, j'avais des règles régulières", explique-t-elle.
Le lendemain, elle se rend à l'hôpital. L'interne lui explique qu'elle n'a jamais vu cela. Très inquiète, après une échographie, le médecin découvre qu'elle est enceinte de six mois. "La gynécologue a été d'une extrême bienveillance", affrime Léna. "J'avais besoin de quelqu'un qui comprenne ma situation sans me faire culpabiliser".

J'ai vécu mes deux mois de grossesse dans un épais brouillard


Passé le choc, il lui faut réorganiser sa vie en "accéléré" pour accueillir cet enfant. Léna met entre parenthèse son rêve de devenir journaliste reporter de guerre, une parenthèse enchantée, dit-elle, même si elle mettra du temps à réaliser qu'elle va devenir maman. "Dès que j'ai su que j'étais enceinte, mon corps s'est transformé, mon ventre a poussé en une nuit".

Rapidement les questions ont afflué, des préoccupations d'ordre pratique surtout. Des questionnements qui prennent le pas sur les émotions et étouffent le ressenti de Léna. "J'ai l'impression d'avoir vécu ces trois mois de grossesse dans le brouillard, c'est très brumeux".

La petite Charlie arrive dans la vie de Léna le 17 juin 2017. "Quand je l'ai eu dans mes bras, j'ai tout de suite ressenti beaucoup d'amour."

 
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Ma fille, tu as deux ans et je me pose déjà tellement de questions sur la façon de te raconter ton histoire. Le déni de grossesse ne touche pas seulement les femmes qui le vivent. Il touche aussi les enfants qui naissent de ces grossesses hors du commun. On l'oublie trop souvent malheureusement et si les professionnels de santé sont mal informés sur le sujet ils ont encore moins de recul sur les enfants qui en découlent. Tu es parfaitement normale, à première vue rien ne te différencie de tes camarades. Et pourtant, quand la fameuse question "maman, comment on fait les bébés ?" arrivera, je devrais improviser. Aucun livre ne racontera ton histoire. Ils parleront tous des fabuleux neuf mois pendant lesquels papa et maman t'attendais. Sauf que toi on ne t'a attendu que 2 mois et demi. Pas parce que nous te voulions pas mais simplement parce que tu t'es cachée pendant plus de 6 mois. Je t'aime. Et je te promets de trouver les mots pour te faire comprendre ton histoire. ❤️ #denidegrossessepartiel #denidegrossesse #family #momlife #grossesse #enceinte #enceintesanslesavoir #bebe #denidegrossessetotal #stopautabou #psychologue #fille #2ans #mamanetudiante #maman #livre

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Qu'est-ce que le déni de grossesse ?

Lorsqu'une femme est enceinte et n'a pas conscience de l'être, on parle de déni de grossesse. Le corps ne présente pas les changements habituels qui sont ceux d’une femme enceinte. Le déni partiel désigne les grossesses découvertes après le premier trimestre, le déni total celles qui sont découvertes à l’accouchement. Sa définition médicale est sujet à débat. Trouble psychologique, psychose, ou trouble organique voire les deux… la question n'est pas tranchée. Selon le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), chaque année, en France, 600 à 800 femmes seraient concernées par un déni de grossesse partiel ou total. Mais les rares études sur le sujet se rapportent bien souvent aux néonaticides, ces décès qui surviennent à la naissance.


On est des mamans comme tout le monde

 

Le déni de grossesse est souvent incompris, explique Léna. De retour de maternité, les réflexions désobligeantes pleuvent. "J'ai entendu à mon sujet : elle a essayé d'avorter mais cela n'a pas marché, ou encore : elle est vraiment trop jeune pour avoir un enfant" raconte Léna.

Il y a un an, elle traverse une période difficile, ses émotions enfouies refont surface. Issue de la génération ultra connectée, elle s'informe et cherche sur les réseaux sociaux des témoignages et informations sur le déni de grossesse, sans résultat... Elle décide alors de lancer son propre compte instagram @Deni D'amour.

Par ce biais, Léna entre en contact et échange avec d'autres femmes qui ont traversé la même expérience. "Cela m'a fait énormément de bien, j'ai compris que je n'étais pas folle mais une maman comme les autres, apte à élever mon enfant".

 



Peu médiatisé, beaucoup ont découvert le déni de grossesse dans les colonnes faits divers des journaux et notamment avec "l’affaire Véronique Courjault". "J'aimerais que cela change, je veux montrer une image positive du déni de grossesse", insiste la jeune Pontissalienne. Ainsi, Léna multiplie les interviews pour sensibiliser le grand public. Récemment, elle a témoigné dans l'émission télévisée "Les Maternelles" sur France 5.

Aujourd'hui, Léna poursuit ses études en 3e année de licence Information et Communication.

"Je n'ai pas abandonné mes rêves, ils se sont transformés, aujourd'hui je rêve en plus grand, je rêve pour trois", conclut-elle. Aujourd'hui sa fille Charlie a 3 ans, elle connaît son histoire, celle d'une petite fille "qui a longtemps joué à cache cache dans le ventre de maman".
 
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