Les jeunes des quartiers, comme dans celui de Planoise à Besançon, manquent parfois de confiance en eux. Avec les médiateurs sociaux, ils peuvent trouver une oreille attentive qui leur permet de découvrir qu'ils sont "capables de faire autre chose". La place de ces acteurs sociaux est très importante dans des milieux parfois défavorisés.
À Planoise, le plus gros quartier de Besançon, ils sont plusieurs à exercer le métier de médiateur auprès des jeunes. Un métier d'échange et de recherche de solutions. Le médiateur social joue un rôle essentiel dans la création d'un environnement social harmonieux, en aidant à résoudre les conflits, à renforcer les relations communautaires et à améliorer la qualité de vie des personnes en difficulté. Son action contribue à promouvoir la paix, la compréhension mutuelle et l'inclusion sociale. Nous avons rencontré deux d'entre eux et les avons suivis dans leur quotidien.
Ce jour de vacances scolaire, en plein mois d’août, l’heure est au dialogue au club de karaté Sauvegarde. Le rituel est instauré par Aly, l'un des médiateurs du club. Un moment d'échange nécessaire, qui a permis à certains jeunes, comme Heva, de trouver leur place et s'épanouir. "J’ai arrêté l’école et je commençais à trainer au quartier et je n’allais plus en cours. Pendant deux ans, je n’ai fait que ça. Au début, je ne voulais pas venir ici, et un jour, je me suis dit que j’allais essayer", explique la jeune fille, qui a trouvé les repères dont elle avait besoin.
Le sport pour retrouver confiance
Quand le dialogue est difficile, Aly est un relais entre la population et les institutions au sein du quartier de Planoise. La médiation se fait également à travers la pratique d’une activité sportive. Grâce à cela, les personnalités se révèlent. Durant ces moments, les jeunes se confient et trouvent la confiance en eux, celle qui peut parfois leur manquer.
"Il y a des jeunes qui pensent que leur vie s’arrête là, qu’ils n’ont pas le droit d’aller au-delà. Il y en a même qui pensent qu’ils ne sont pas capables de faire autre chose, de découvrir, d’avoir de la créativité. Un ensemble de choses qu’ils gardent en eux et la violence peut parfois provenir de cela, explique Aly N'Dao, médiateur social. Quand moi, en tant que médiateur, je viens, je suis là d’abord pour les écouter, les comprendre. Il faut que la confiance soit là pour la simple et bonne raison qu’un jeune qui n’a pas l’habitude d’être écouté, se dit "pour une fois, on m’écoute".
"Être médiateur, ce n’est pas rester dans un bureau"
Les parents aussi trouvent une oreille attentive auprès d'Aly. Car l’une de ses missions est de les épauler dans l'éducation des enfants. Ce travail, c'est aussi celui de Mor Seye. Ce médiateur social fait partie de l'équipe mobile de l'Association départementale du Doubs de sauvegarde de l'enfant à l'adulte. Avec une éducatrice, il parcourt les rues de Planoise pour établir le contact et le dialogue.
"Le médiateur, il est là, il est toujours dans le quartier, il doit être visible. Être médiateur, ce n’est pas rester dans un bureau et on ne te voit pas. Moi, ici à Planoise, je pars dans tous les sens. Tu dois aller au contact des jeunes et de la population, ce n’est pas eux venir vers nous, souligne Mor. Je discute de tout. Quand je suis au stade de foot, je pose mon sac et je joue avec eux et au moment de la pause, je discute avec les jeunes et leur dit que je suis médiateur et que je peux leur apporter mon aide."
Un métier chargé de sens malgré les contrats de courte durée et les bas salaires. La médiation ne fait pas partie des métiers reconnus de l'action sociale. "On espère que les choses vont évoluer dans le bon sens et qu’on comprenne l’importance de la médiation. Parce qu’à mon sens, nous sommes au cœur et nous devons être à la place que l’on mérite", insiste Aly. Une place qu'ils ont choisie, au milieu des jeunes, pour les écouter et faire émerger le meilleur d'eux-mêmes.