VIDEO. Santé par les plantes : "Il faut prendre conscience de la richesse de ce patrimoine naturel", Hubert et Vincent sont paysans herboristes

Connaissez-vous les "simples" ? Ce terme, venu du Moyen-Âge, désigne les plantes médicinales. Rencontre avec des producteurs, qui veulent préserver un patrimoine naturel méconnu.

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L’après-midi est ensoleillé. Sur une colline de Besançon, un panier d’osier accroché à la ceinture, Vincent Lecomte fait une cueillette de plantes sauvages : 

"Ce sont des cenelles, les fruits de l’aubépine, on en faisait du café, et de la farine en cas de disette", explique Vincent. Il ajoute que la plante était aussi utilisée pour ses vertus médicinales, "en particulier pour l’éréthisme cardiaque, un nom bien alambiqué pour dire que le cœur bat de manière irrégulière".

Pendant deux ans, Vincent Lecomte s’est formé à la connaissance des plantes médicinales, grâce à  l’association pour le renouvellement de l’herboristerie. Il vient de créer sa petite société. Il va bientôt commercialiser sa première production de tisanes.

J’avais envie d’être en pleine nature. Ce n'est pas forcément agréable parce que c’est un travail répétitif, mais l’environnement dans lequel on est...C’est un moment de bien-être !

Vincent Lecomte, paysan herboriste

La cueillette de plantes sauvages terminée, Vincent accroche une remorque à son vélo et rejoint la parcelle qu’il cultive, quelques kilomètres plus loin.

Diaporama sonore : Vincent Lecomte, paysan herboriste.

Il a débuté son activité sur une dizaine d’ares. Pas de produits chimiques, très peu d’arrosage. La surface semble réduite. En réalité, cultiver seul une trentaine d’espèces de plantes est une activité qui prend beaucoup de temps : "au printemps, en été, il y a parfois un peu de découragement, il y a beaucoup de désherbage et de récoltes en même temps, et les journées sont trop courtes".

 Indications médicales réservées aux pharmaciens

Vincent Lecomte se définit comme paysan herboriste. Pourtant, en France, le terme "herboriste" est réservé aux pharmaciens, seuls habilités à conseiller des plantes pour leurs indications médicales.

La situation est donc paradoxale : 150 plantes médicinales sont en vente libre, mais il est interdit de les présenter comme des remèdes.

Un statut professionnel d’agriculteur herboriste et le droit de conseiller les clients sur l'utilisation médicale des plantes, c’est le combat mené par le Syndicat des Simples.

Une ferme résistante aux aléas climatiques

A Ville-du-Pont, dans le Haut-Doubs, Hubert Gaillot est un des membres de ce syndicat professionnel qui regroupe plusieurs centaines de producteurs de plantes aromatiques et médicinales.

Dans un paysage agricole d’élevage et de lait à comté, sa ferme est une exception.

Chez lui, pas la moindre vache. Mais des ânes, qui l’aident à entretenir et cultiver une surface d’à peine plus d’un hectare.

Il a un verger, un potager et un espace de plantes aromatiques et médicinales. Ici, même celles que l'on appelle les mauvaises herbes, pissenlit, plantin, lierre terrestre, ou alchémille vulgaire, sont récoltées.

Il produit ainsi tisanes, sirops, apéritifs et alcoolatures, des macérations de plantes qui sont consommées en gouttes diluées dans de l’eau. De la gentiane au cassis, en passant par les feuilles de frêne, une centaine de plantes sont commercialisées.

Ses voisins l'ont d'abord considéré comme un original. Depuis, le regard a changé. Certains lui envient la vitalité de sa ferme face à la sécheresse et aux aléas climatiques. Son secret ? La multitude et la diversité des plantes, cultivées et sauvages :

On est moins fragile, on n’a jamais du 100 % de production, mais on n’a jamais du 0%, il y a des plantes qui supportent moins l’humidité, d’autres moins le sec.

Hubert Gaillot, agriculteur herboriste

Il ajoute : "il faut prendre conscience de la richesse de ce patrimoine naturel, afin de le préserver". Selon lui, "la monoculture fragilise l’agriculture, c’est une catastrophe agronomique et économique, un simple parasite peut endommager des centaines d’hectares."

"C'est un vrai plaisir d'élaborer une tisane"

 

Fin de la journée, à Besançon. Vincent Lecomte a achevé récoltes et cueillettes. Dans son grenier, transformé en séchoir, il prépare et teste ses tisanes. Parmi elles, un mélange de plantes et d’écorces d’oranges bio séchées, issues de la consommation familiale.

Il raconte : "c’est un vrai plaisir d'élaborer une tisane. Il faut trouver la bonne relation entre les plantes et leurs propriétés,  le goût et l’apparence. Cette tisane, je la trouve très belle, ça donne envie de la boire, avec du violet, cette touche orange, le vert de l'agastache et de la feuille de guimauve."

Demain matin, il retournera au bureau, car paysan herboriste est encore un métier à mi-temps. Mais qui sait un jour…

Organisée par le Syndicat des simples et l'Herberie jurassienne, une rencontre "Herbes en fête" se tient le dimanche 25 septembre à la maison forestière du chevreuil, à Supt, dans le Jura.

 

 

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