Comment travailler la terre ? Quels légumes planter et comment arroser ? Faut-il clôturer le potager, contre la faune sauvage ? Voici les conseils de jardinage pour débuter. Nous avons rencontré des jardiniers expérimentés, à Besançon.
En ce début mai, des plantes sortent de terre : salades, échalottes, oignons et choux. André Racine est occupé à désherber les quelques pousses de liserons et de pissenlits qui se sont invitées dans le potager. Jeune retraité de 63 ans, il peut enfin se consacrer pleinement à son jardin.
Il cultive une parcelle de 100 mètres carrés, à Ecole-Valentin, dans le Doubs. Son terrain fait partie de l'association des jardins et vergers familiaux de Besançon et environs.
Le jardinage, c’est comme une promenade en forêt, on se libère l’esprit, ça apporte de la sérénité, c’est une école de la patience.
André Racine, jardinier amateur
Il ajoute : "Jardiner, c’est aussi le plaisir de consommer ses propres légumes, qui ont du goût, et sans aucun produit chimique !"
L'interdiction d'utiliser des pesticides fait partie du règlement intérieur des jardins familiaux.
D’abord, travailler le sol
Règle numéro 1 que tout jardinier débutant doit connaître : la terre est vivante. Il faut apprendre à en prendre soin et à l’apprivoiser.
Traditionnellement, on retournait le sol, avec une bêche ou un motoculteur. On évite de le faire aujourd’hui, parce que ça perturbe la vie du sol.
En retournant la terre, les micro-organismes, indispensables à la vie du sol, sont remontés en surface et détruits.
Alors, que faut-il faire ? "De plus en plus de jardiniers utilisent des outils comme la grelinette ou la fourche bêche, pour émietter et aérer le sol, sans le retourner", explique André.
L’étape est un peu sportive. Elle prend du temps, selon la taille de la parcelle. C’est d'ailleurs un autre conseil d’André : commencer par une petite surface, une cinquantaine de mètres carrés par exemple
Amender et nourrir le sol
Règle numéro 2 : amender le sol. Ce terme signifie apporter les éléments qui vont dynamiser son activité biologique et sa fertilité.
"Il faut ajouter de la matière organique, fumier, compost ou terreau du commerce, si on n’a rien d’autre", précise André, "on apporte les nutriments nécessaires aux plantes et on augmente la capacité du sol à retenir l’eau".
Semer et planter
"Il y a presque un jardin pour chaque jardinier, selon ses goûts, ses envies, mais quelques légumes sont assez faciles à cultiver", selon André.
Voici sa liste pour les débutants : les radis, haricots verts, salades, choux, tomates et aubergines. Assez faciles à cultiver aussi les courges, courgettes, potimarrons.
Beaucoup de ces légumes sont en vente, sous forme de plants en mini-mottes. On les trouve dans les jardineries ou, de préférence, chez les pépiniéristes, qui ont des variétés locales mieux adaptées à la Franche-Comté.
Acheter les plants est une solution simple pour éviter l’étape parfois délicate du semis.
Arroser et pailler
Nadine Marchal cultive elle aussi une parcelle des jardins familiaux, à Besançon, depuis une dizaine d’années. Voici son conseil pour l'arrosage :
Arroser régulièrement, avec de petites quantités, est une mauvaise idée. Il faut un arrosage abondant, mais moins fréquent, selon la météo et l’état des plantes.
Nadine Marchal, jardinière amateur
L'arrosage se fait au pied des plantes. Mouiller le feuillage, en particulier des tomates, peut entraîner le développement de maladies, comme le mildiou.
Un dernier conseil pour économiser l'eau : quand les plantes auront poussé, il faudra pailler. Tontes de gazon, paille, copeaux végétaux achetés en magasin : tout est bon pour que le sol ne soit pas à nu. Le paillis conserve l’humidité de la terre et limite la pousse des herbes indésirables.
"Il faut dessiner son jardin"
Un jardinier doit aussi être... un dessinateur !
La rotation des cultures est importante, chaque année il faut faire un plan de son jardin, avec les emplacements des légumes
Nadine Marchal
La rotation des cultures consiste à ne pas cultiver des légumes de la même famille botanique, au même endroit, d'une année sur l'autre. Elle évite l'épuisement du sol et limite la propagation de maladies, dont les germes demeurent dans la terre.
Savez-vous par exemple qu'il ne faut pas planter de tomates après des pommes de terre ? Toutes deux appartiennent à la famille des Solanacées...
Une clôture contre les renards ?
Présidente de l’association des jardins et vergers familiaux de Besançon et environs, Jenny Knapp insiste sur la nécessité de clôturer son potager, tout particulièrement en Franche-Comté. Et même en ville, où les renards sont de plus en plus souvent observés.
Avec un grillage de 1m50 de haut, on empêche la visite des renards, qui apportent des parasites et une maladie, l'échinococcose.
Jenny Knapp, présidente des jardins et vergers familiaux de Besançon et environs
Ingénieur de recherche, Jenny sait de quoi elle parle : elle est spécialiste de cette maladie infectieuse. L’échinococcose est provoquée par un parasite, présent dans les excréments du renard. C'est une maladie rare : une soixantaine de cas diagnostiqués en France, chaque année. Mais elle est redoutable, car elle détruit le foie.
Des vieux dictons à oublier ?
Dans son jardin d’Ecole Valentin, André Racine se prépare à planter les tomates. Bien avant la période dite des saints de glace, fin mai. Observer attentivement son potager au fil des saisons et constater que le climat change : un bon jardinier sait aussi oublier certaines des règles édictées par les anciens !