VIDÉO. "Travailler plus pour gagner plus, ce n’était pas la demande" : Marjorie Breney, de la SNUIpp-FSU du Doubs, déplore le Pacte Enseignant

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Au lendemain de la rentrée scolaire, mardi 5 septembre, la co-secrétaire de la SNUIpp-FSU du Doubs, Marjorie Breney, était l’invitée du journal télévisé de France 3. ©FTV

Après la rentrée scolaire, mardi 5 septembre, la co-secrétaire de la SNUIpp-FSU du Doubs, Marjorie Breney, était l’invitée du journal télévisé de France 3 Franche-Comté. Elle est revenue, dubitative, sur le Pacte Enseignant, dispositif érigé par le gouvernement en solution face aux enjeux de rémunération et de pénurie d'enseignants.

“Le Pacte n’est pas une revalorisation, c’est travailler plus pour gagner plus. Ce n’était pas ça la demande”, a regretté Marjorie Breney, co-secrétaire de la SNUIpp-FSU du Doubs, sur le plateau de France 3 Franche-Comté ce mardi 5 septembre. Une référence au Pacte Enseignant, annoncé en septembre 2022 et proposé en cette rentrée aux plus de 853.000 enseignants français. 

Ce dispositif lancé par l’Éducation nationale prévoit, pour les professeurs volontaires, un complément de salaire en échange de nouvelles missions, avec un engagement à l’année. Il pourra alors être demandé à un enseignant de remplacer ses collègues absents sur une courte durée ou d’effectuer certaines missions, comme “la mise en œuvre de projets pédagogiques innovants”, de l’aide aux devoirs ou du soutien scolaire. 

Le tout en plus des horaires habituels, avec des heures supplémentaires payées double. “De belles annonces qui ne nous satisfont pas et qui dans les faits sont très difficiles à mettre en place”, fustige Marjorie Breney, bien que le prospectus distribué par l’Éducation nationale affirme que “les professeurs n’assureront des heures de remplacement que sur les créneaux fixes qu’ils auront préalablement choisis.”

Des missions de 18 à 24 heures

Le fonctionnement se fait par mission, pouvant aller de 18 à 24 heures selon sa nature, pour un gain de 1.250 euros brut. Il est possible d’aller jusqu’à trois missions par an, soit 3.750 euros. Marjorie Breney rappelle toutefois que les enseignants travaillent déjà en moyenne 43 heures par semaine, d’après les chiffres du ministère de l'Éducation nationale. “On voulait être revalorisé pour ça, pas pour travailler plus parce que clairement, nous n'avons pas le temps”, regrette-t-elle. 

“On voulait être revalorisé pour ça, pas pour travailler plus parce que clairement, nous n'avons pas le temps."

Marjorie Breney, co-secrétaire de la SNUIpp-FSU du Doubs.

Alors, combien de professeurs accepteront de pactiser ? Lors de l’annonce du dispositif en 2022, Pap Ndiaye, alors ministre de l’Éducation nationale, avait fixé l’objectif à 30% d’enseignants inscrits. Si Gabriel Attal, actuel ministre, ne fait “pas de pronostics”, Marjorie Breney glisse que ce chiffre n’est pas atteint. 

Qui plus est, selon elle, “ce genre de mission ne va pas favoriser l’égalité femme-homme dans notre métier”. Un postulat qui va dans le sens d’une note d’information publiée en juin 2023 par la Direction de l’évaluation de la prospective et de la performance. Elle porte sur les heures supplémentaires annualisées (HSA) des enseignants à la rentrée 2022, dans les établissements du second degré : “Globalement, les hommes sont plus nombreux à faire des HSA et, quand ils en font, ils en réalisent davantage. Aussi, une femme qui fait des HSA perçoit en moyenne 3 050 euros sur l’année contre 3 780 euros pour un homme”, y est-il écrit. 

Postes supprimés, mais contractuels recrutés

Marjorie Breney souligne ensuite un paradoxe : dans l’Académie de Besançon, 73 postes ont été supprimés, tandis que plus de 300 contractuels ont été recrutés. “C’est une question financière, ça coûte moins cher et on peut s’en débarrasser au bout d’une année. On a de la gestion à la petite semaine”, assène-t-elle. Les contractuels sont des enseignants sans concours, recrutés en CDD pour une année scolaire ou moins, de manière reconductible. 

L’accès à un poste de professeur contractuel du premier ou du second degré est possible avec un diplôme de niveau bac + 3, voire, en cas de difficultés de recrutement, bac + 2, à condition d’avoir un casier judiciaire vierge. Avant de se retrouver devant une classe d’élèves, ils suivent une formation de quatre jours, qui comprend deux jours consacrés au fonctionnement de l’école et deux jours dédiés à la préparation des cours fondamentaux. “Ça hérisse les poils de tous les enseignants, car être professeur ne s’apprend pas en 4 jours, ce n’est juste pas possible”, lance Marjorie Breney. Théoriquement, les contractuels doivent bénéficier de plus de 20 jours de formation durant l’année scolaire. 

“Ça hérisse les poils de tous les enseignants car être professeur ne s’apprend pas en 4 jours, ce n’est juste pas possible."

Marjorie Breney, co-secrétaire de la SNUIpp-FSU du Doubs.

En parallèle, cette année encore, 3.100 postes n’ont pas été pourvus aux concours de l’enseignement. Face à ces enjeux, Marjorie Breney défend une politique de recrutement : “Il faut donner envie aux gens de venir en les valorisant au niveau salarial.” Car malgré la récente annonce de Gabriel Attal confirmant la revalorisation des salaires entre 125 et 250 euros net par mois, le Pacte Enseignant cristallise toujours les mécontentements. 

Érigé en solution face à la question des rémunérations et la pénurie d’enseignants, le dispositif ne répond pas aux demandes de longue date de la profession sur l’attractivité du métier, comme le rappelle Marjorie Breney : “Ce n’est pas quelque chose auquel il fallait penser seulement cette année. L’école ce n’est pas ça, l’école doit être ambitieuse.”

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