Vigilance canicule. Malgré des mois de pluie, la sécheresse va-t-elle s'installer en Franche-Comté ?

Alors que la canicule va s'installer à partir du 11 août, la préfecture du Doubs place en vigilance sécheresse l'ensemble du département. Une mesure qui peut étonner au vu des derniers mois particulièrement pluvieux, mais qui fait figure de précaution.

Vigilance jaune canicule à partir du 11 août 2024, vigilance sécheresse depuis le 9 août... Malgré un été pluvieux jusqu'à présent, les températures augmentent ces derniers jours et cela pourrait avoir des conséquences. Dans un communiqué, la préfecture du Doubs prévient de l'impact que ces fortes chaleurs peuvent avoir sur le département : "Celles-ci ont pour conséquence un amenuisement du niveau d'humidité de sols et une baisse des débits des cours d'eau, particulièrement observée en ce début du mois d'août".

Depuis plusieurs années, le Doubs subit régulièrement des périodes de sécheresse, notamment en 2018 et en 2020, obligeant les autorités et les habitants à prendre des précautions.

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Une sécheresse qui inquiète 

Une réalité constatée par certains habitués des lieux, comme Lilian Mercet, salarié aux "Produits Saugets" à Maison du Bois Lièvremont, proche d'Arçon : "Je me disais cette année, on a de la chance, il y a de l'eau, mais j'ai constaté la baisse il y a quinze jours déjà. Il y a encore 15 cm d'eau, mais on voit des plages de graviers et beaucoup d'algues vertes. Les canoës ne passent plus, à certains endroits, ça frotte" explique-t-il à notre journaliste Emmanuel Rivallain.

Avec les chaleurs à venir, le commerçant s'inquiète, pour lui nous sommes d'ores et déjà au début d'un épisode de sécheresse et "la météo de la semaine prochaine devrait accélérer la baisse [des cours d'eau]." En 2018, le Doubs s'était retrouvé complètement asséché sur 20 km à l'aval d'Arçon.

René Favet travaille quant à lui près du Saut du Doubs, il connaît bien la rivière et lui aussi voit d'un mauvais œil les jours de canicules : "Le Doubs baisse de 20 cm par jour en été quand il ne pleut pas. Ça a l'air de rien, mais la sécheresse pourrait être là à la mi-septembre si les orages ne sont pas au rendez-vous" commente-t-il. 

Dans son communiqué, la préfecture met en avant la source du Doubs à Mouthe qui serait une illustration de ce début de sécheresse. Pour le moment, la situation ne semble pas alarmante si l'on en croit Yannick Chmiel, président de "La Truite du Haut-Doubs", une  association de pêche du Doubs : "La source n'est pas tarie, mais pas loin, je l'admets. Après, il y a encore de l'eau, et puis franchement, dès qu'il y a trois jours de chaud, désormais, on crie à la canicule. Une seule nuit d'orage peut très vite remonter le niveau.", prévient-il. Une réalité que l'on peut constater sur le site Vigicrues. 

Une région avec des sols particuliers 

Mais si les autorités prennent leurs précautions, c'est pour une bonne raison. Les sols de la région sont connus pour être tout particulièrement drainants. Ainsi, même lorsqu'il pleut, l'eau des précipitations a tendance à s'infiltrer très rapidement vers les réseaux souterrains. Une particularité qui s'explique par la composition très calcaire et la faible épaisseur des sols.

Plusieurs projections climatiques font état de l'augmentation des périodes de sécheresses, entraînant des étiages (baisse périodique des eaux) de plus en plus réguliers et de plus en plus longs. Les débits d'eau pourraient diminuer de -10 à -60%. Selon ces projections, les cours d'eau du bassin du Doubs figurent parmi les plus vulnérables de France. 

Alors pour le moment l'heure n'est pas à l'affolement, néanmoins pour limiter les risques, la préfecture invite à la vigilance et à l'économie d'eau dans les usages du quotidien, tout en rappelant que pour le moment aucune restriction n'a été mise en place.