Alors que toutes les écoles sont fermées jusqu'à nouvel ordre pour lutter contre le coronavirus et pour assurer la continuité des cours, les ministères de l'Education et de l'Enseignement supérieur ont prévu des dispositifs d'enseignement à distance.
Quels dispositifs prévus ?
L'Education nationale met à disposition les ressources du Cned (Centre national d'enseignement à distance), dont la plateforme "Ma classe à la maison" comporte deux volets. Le premier propose, de la grande section à la Terminale, des exercices qui portent sur les programmes. Chaque jour, pendant un total cumulé de quelques heures fractionnées en plusieurs séances, l'élève peut réviser les notions déjà apprises. Un questionnaire permet d'adapter les exercices au niveau de chacun. Le deuxième volet est une "classe virtuelle", où le professeur peut faire cours à ses élèves par visioconférence.Les connexions sont possibles par ordinateur, tablette ou téléphone. Environ trois ou quatre heures d'activités sont proposées chaque jour aux élèves dans des matières différentes. Avant de commencer les séances, l’élève passe un quiz afin d’évaluer son niveau. S’il est en maternelle ou en primaire, il doit être accompagné d’un adulte. En revanche, les collégiens et lycéens sont autonomes. Les leçons et exercices correspondent aux éléments du programme du premier et du deuxième trimestre. Si l’épidémie devait durer et les écoles fermer longtemps, le CNED assure que les cours du troisième trimestre seraient accessibles.
Selon l'Education nationale, la plateforme "Ma classe à la maison" peut supporter désormais 15 millions de connexions simultanées. Elle est déjà utilisée par environ 2.000 élèves de lycées français en Asie (principalement en Chine) depuis plusieurs semaines. Chaque parent d'élève va recevoir "par mail" des identifiants pour se connecter à la plateforme a dit Jean-Michel Blanquer vendredi 13 mars.
L'autre outil à disposition est baptisé ENT (Espaces numériques de travail), des intranets propres à chaque établissement, un système généralisé dans le second degré mais peu répandu dans le premier. Elèves et enseignants peuvent y échanger cours, exercices et messages. Pour les élèves ne disposant pas d'ordinateur à domicile, environ 5% selon le ministre Jean-Michel Blanquer, leurs professeurs pourront par exemple leur imprimer des cours qu'ils viendront récupérer sur place au sein des établissements, explique-t-on au ministère, citant des expériences similaires menées ces derniers jours dans des écoles fermées de l'Oise.
Durant cette période, les professeurs peuvent en effet avoir accès aux établissements scolaires, a-t-on rappelé au ministère. Les conseils de classe peuvent ainsi se dérouler normalement. "Ce qui est important, c'est qu'aucun enfant ne reste au bord du chemin", a insisté jeudi soir M. Blanquer.
Des solutions temporaires
"Chaque professeur décide des outils qu'il utilise" et comment il les agence, indique le ministère de l'Education, l'idée étant d'alterner travail en autonomie (exercices) et travail accompagné (classe virtuelle). "Il y aura beaucoup de parties où les élèves seront en autonomie" ou, pour les plus jeunes, avec leurs parents, prévient Frédéric Marchand, secrétaire général du syndicat Unsa-Education. Le système repose évidemment sur le bon vouloir des élèves et parents, puisque les enseignants ne peuvent forcer à faire les exercices ni assister à la "classe virtuelle".Par ailleurs, les exercices "ne permettent que de réviser", selon Francette Popineau, co-secrétaire générale et porte-parole du syndicat SNUipp-FSU (primaire). "Pour aborder des notions nouvelles, il faut un accompagnement pédagogique qu'on ne peut demander aux familles. Elles n'ont pas la compétence, la patience ou la disponibilité", ajoute-t-elle, prévenant d'un risque "d'accroître les inégalités sociales".
Les enseignants doivent être formés au logiciel, et rien ne remplace la présence physique en classe, poursuit Mme Popineau: "C'est l'accompagnement, les interactions avec les copains, la vie d'une classe qui fait qu'on apprend."
Ces dispositifs ne peuvent donc être que provisoires. "Il ne faut pas que ça dure trop longtemps, surtout pour les classes qui ont des examens en fin d'année, qui ne peuvent se permettre de prendre trop de retard", explique Frédérique Rolet, co-secrétaire générale du Snes-FSU (secondaire).