Dans les villages qui côtoient les vignobles, on s'inquiète. L'utilisation de pesticides à proximité des habitations est ressenti comme un danger. Les riverains veulent savoir. Quels sont les produits utilisés près de chez eux ? à quelle dose ? Ils réclament une étude sur l'impact des épandages.
Les viticulteurs comprennent ces inquiétudes mais ils ne peuvent pas se passer du glyphosate. Ils en ont besoin pour que leurs vignes soient entretenues. L'un d'entre eux explique " On a un cahier des charges qui impose qu'il n'y ait pas de mauvaises herbes dans les pieds de vignes et c'est quand même un produit facile d'utilisation et relativement économique".
Conscients du problème, ils réfléchissent pour trouver des alternatives : le travail du sol, l'emploi d'autres matières actives, la réduction des doses... Mais changer du jour ou lendemain, cela leur paraît très difficile. Si la loi leur interdit d'utiliser le glyphosate, ils la respecteront. Ils demandent juste qu'on leur laisse le temps de s'adapter.
De leur côté les associations comme le collectif " Action Solidarité Rurale 71" encouragent les viticulteurs à passer à la culture en biodynamie. C'est une demande très forte et qui ne fait qu'augmenter de la part des consommateurs. Les gens veulent une alimentation de qualité et c'est la même chose pour ce qu'ils boivent.
Passer au bio, c'est aussi une démarche de valorisation des paysages qui ne peut être que bénéfique pour la région : "Actuellement en Saône-et-Loire, on développe le tourisme... Et bien derrière, il faut aller vers une campagne avec des produits de qualité"observe un membre du collectif.
L'an dernier (2016), Action Solidarité Rurale 71 avait lancé une pétition pour l'arrêt des pulvérisations de produits chimiques à moins de 100 mètres des maisons, des écoles, et de la voie verte. Cette action avait révélé une grande inquiétude autant de la part des riverains de parcelles viticoles que des riverains d'exploitations céréalières.
De nombreuses émissions d'information ainsi que des études ont mis en lumière les méfaits des pesticides sur la santé. Désormais tout le monde y pense, particulièrement en période de traitement.
Le collectif rappelle les résultats de l'enquête APACHE (Analyse de Pesticides Agricoles dans les CHEveux).menée en 2013 dans le Bordelais sur les cheveux des riverains, et travailleurs viticoles. La teneur en résidus de pesticides était effectivement variable en fonction de leur fréquentation ou/et plus ou moins grande proximité des parcelles de vignes traitées.
En Saône-et-Loire, les vignes qui se trouvent le long de la côte Mâconnaise et Chalonnaise sont traversées par la voie verte et du côté du Mâconnais les villages sont au milieu des vignes. Action Solidarité Rurale 71 demande une étude sur l'impact des épandages à côté des écoles mais aussi sur les riverains.
Reportage à Saules (Saône-et-Loire) - Damien Boutillet - Romy Ho-A-Chuck - Philippe Sabatier
Intervenants : Alain Challot, Membre du collectif Action Solidarité Rurale 71 / Régis Hagry, Membre du collectif Action Solidarité Rurale 71 / Jérôme Chevalier, Président de l'Union des producteurs de vins Mâcon