Fermés pour les bonnes résolutions, les gérants de salles de sports inquiets et abattus

Au lendemain des annonces du 24 novembre, les gérants de salles de sport sont abattus. Alors que les petits commerces vont rouvrir dès ce week-end, les salles de sport devront patienter au moins jusqu'au 20 janvier. En Bourgogne, beaucoup de gérants se considèrent "oubliés" par le gouvernement.
 

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Alors que les commerces dits "non-essentiels" pourront rouvrir dès le week-end prochain, les salles de sport devront attendre la troisième phase du déconfinement qui débutera au mieux le 20 janvier. A cette date seulement, ces activités pourront reprendre si les objectifs sanitaires sont atteints.

Un coup dur pour Alexandre Prochasson, gérant de deux salles Keep Cool à Dijon et Quetigny. "Personnellement, j’espérais une ouverture plus tôt vers début janvier. Il est vrai que cette ouverture au 20 janvier va nous apporter un peu plus de difficultés. Les clubs de gym, tout le monde s'en fout." 
 

On aura été fermé six mois sur l’année, c’est dramatique."

Alexandre Prochasson, gérant de deux salles Keep Cool à Dijon et Quétigny



Pour beaucoup de salles de sport, ces annonces sont une nouvelle douche froide après les fermetures administratives imposées lors des deux confinements. "On a perdu tous énormément de clients", déplore le gérant. "On aura été fermé six mois sur l’année, c’est dramatique".

Même constat pour Alan Villegas, co-gérant de la salle Gigafit à Dijon. Il a ouvert cet été et du fait de cette ouverte récente, il n'a le droit à aucune aide. "On fait partie des grands oubliés. On ne rentre dans aucune case concernant les aides de l'état. On a un état démissionnaire concernant les ouvertures récentes."

S'il n'a pas été surpris par les annonces du chef de l'Etat, il avait espoir d'ouvrir plus tôt. "Commercialement et humainement, c'est catastrophique pour les patrons de salles de sport. Cela nous pousse à prendre des prêts garantis par l'état pour survivre."

Lui se dit "en colère". Xavier Morel est créateur du Club Vert à Nevers et secrétaire national du syndicat professionnel France Active. "On est en colère parce que l’on s'attendait à une ouverture le 4 janvier et non pas le 20 janvier."

L'image des salles de sports dégradée


Si Alexandre Prochasson dit "entendre et comprendre la décision", il a dû mal à accepter que les salles de sports soient stigmatisées et pointées du doigt pendant cette crise sanitaire."Ce qui m'embête, c’est la stigmatisation de notre profession. Le message, c’est n’allez pas dans les salles de sport. On fait peur à la population et on nous tape dessus parce que c’est facile."

Le secteur s'inquiète de l'image dégradée des salles de sport dans l'esprit des Français, le gouvernement répétant que ces endroits sont des lieux de propagation du virus. Pour Alan Villegas, "c'est catastrophique en terme de santé publique". Un constat partagé par Alexandre Prochasson. "Aujourd'hui, les clubs de sport comme les nôtres, on fait du bien aux gens. L'activité physique aide à être mieux en forme, à affronter le froid, et ça clairement aujourd'hui, on nous coupe l'herbe sous le pied par rapport à ça. "

Un risque de fermeture


Au lendemain des bonnes résolutions, le mois de janvier fait parti des deux gros temps forts de l'année avec le mois de septembre selon Alexandre Prochasson. "On fait 50 % de notre activité commerciale. La plus mauvaise période pour rouvrir une salle de sport, c’est le mois de février."

Le gérant se dit inquiet pour la suite et l'avenir des salles de sport. "Il y en déjà qui ont fermé et il y en aura forcément d’autres". Une tendance confirmé par Alan Villegas, "ils parlent au national de 30% de fermeture de salles de sport d’ici mi-2021 avec une réouverture en janvier. Si c’est repoussé à nouveau, car il y a du conditionnel, on passera à 40%". 
 

Ces aides ne compenseront jamais les pertes de chiffres."

Alan Villegas, co-gérant de la salle Gigafit à Dijon



Emmanuel Macron a indiqué dans son allocution que "les salles de sports, les restaurants, les bars, les discothèques, tous les établissements qui resteront fermés administrativement se verront verser, quelle que soit leur taille, 20 % de leur chiffre d’affaires de l’année 2019 si cette option est préférable pour eux aux 10 000 euros du fonds de solidarité".

Des annonces difficiles à entendre pour Alan Villegas. "Ce qui est dur à vivre aujourd’hui, c'est qu'il y a une communication de l’état qui met en avant des aides, qui donne la sensation qu’on est bien loti, qu’on n’est pas oublié. Mais ces aides ne compenseront jamais les pertes de chiffres."

Pour Julien Falgoux, gérant d'une salle Urban Soccer à Saint-Apollinaire, il y a un effet d'annonce de la part du président de la république. "Là, je suis un peu en colère car j’ai l’impression que les effets d’annonces qu’il y a eu hier, tout est en train de retomber aujourd'hui. Ils vont mettre en place des plafonds. Je ne sais pas vraiment encore à quoi on va avoir le droit."

"Les aides qui sont largement loin d’être assez suffisantes", dénonce pour sa part Xavier Morel. "Les 20%, on attend d’avoir des précisions. Les 10 000 euros, si c’est pour les avoir dans deux mois, beaucoup vont déposer le bilan".

Une mobilisation à Paris début décembre


Pour se faire entendre, les syndicats représentant la profession demandent une audience au gouvernement. Dans les jours à venir, ils ont prévu de se mobiliser à Paris pour alerter sur leur situation. "On n'a pas été assez écouté", considère Xavier Morel. "Le 4 janvier, c’est notre objectif de réouverture."

Le syndicat France active compte également réclamer aussi une grande campagne de communication au moment de la réouverture pour rassurer les Français. Pour Xavier Morel, "les salles de sports, c’est la solution et pas le problème."
 

La solidarité des adhérents


En plus des aides de l'état, pour tenter de survivre, les salles de sport proposent également des prélèvements solidaires à leurs adhérents. "Sur le premier confinement, personne n’a été prélevé. Là, on n’a pas pu faire la même politique. On a appelé à un prélèvement de soutien", explique Alexandre Prochasson. "On a envoyé un questionnaire à chacun de nos membres pour avoir la possibilité de soutenir la salle avec soit un prélevement en totalité ou de moitié".
 
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