Les chalets et les refuges de montagne en Franche-Comté connaissent un grand succès cet été malgré les restrictions liées au coronavirus Covid-19. "Les gens recherchent le vert et le calme", selon des professionnels du secteur.
"On a des appels tous les jours" disent certains, "il y a des nuits où nous devons refuser jusqu'à dix personnes par manque de place", regrettent d'autres. Depuis le déconfinement, les refuges et les chalets de Franche-Comté sont pris d'assaut."Les gens recherchent le vert et le calme", observe Nicolas Aubry. Il est propriétaire de "Chez Liadet" : des chalets et une auberge qui surplombent Mouthe, dans le Doubs. Dès le mois de juillet, l'affluence s'est intensifiée. "On a remarqué une importante hausse de la fréquentation dans notre auberge. Quant à la restauration, elle a explosé."
Le succès des refuges malgré des restrictions
Il fait partie de ces gérants qui doivent refuser des visiteurs certains soir, par manque de place. Nicolas Aubry doit également composer avec les restrictions liées au coronavirus. Il ne fait pas partie des points de passage renseignés par la Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM) et doit donc prendre des décisions par lui-même :A l'heure du déconfinement, la FFCAM s'est engagé sur plusieurs restrictions communes à tous les refuges :On essaye de faire respecter les gestes barrières. Mais nous n'avons pas d'informations supplémentaires. Nous avons tout de même fermé le dortoir. Il n'est accessible que pour un seul groupe, et non plusieurs.
- Les randonneurs ne doivent pas monter s'ils présentent des symptomes
- Ils doivent réserver obligatoirement avant leur arrivée
- Ils doivent respecter les gestes barrières avec un sens de circulation dans les bâtiments
- Ils doivent apporter leur propre sac de couchage, les draps ne sont pas mis à disposition, et des alèses sont lavées après chaque passage
#CommuniquéOfficiel Suite au décret imposant le port du masque dans les lieux publics clos, nous vous informons que celui-ci devient obligatoire dans tous les refuges de montagne à partir de demain.
— FFCAM (@clubalpin) July 20, 2020
Cette obligation s'ajoute aux règles existantes ?https://t.co/x344BMjVRO pic.twitter.com/YRBAJW2eAQ
Des restrictions supplémentaires s'appliquent au cas par cas, selon les refuges. Notamment pour séparer les groupes dans les dortoirs collectifs. Un ensemble de règles nécessaire mais contraignant, auquel Michel Leclerc n'a pas pu se soumettre.
"Le double d'appels"
Il est bénévole et gère le refuge du "Gros Morond", perché à 1 320 mètres sur le Mont d'Or. Les arrivées et les départs se font en autonomie : les marcheurs suivent les indications de Michel et arrivent seuls puis repartent seuls : "Vu notre fonctionnement, ce n'était pas possible de recevoir des randonneurs. Nous n'avons pas ouvert depuis le 15 mars", s'attriste-t-il.C'est avec la même peine qu'il doit répondre aux nombreux appels quotidiens de randonneurs. Les tracés du GR5 ou de la GTJ (Grande traversée du Jura, ndlr) passent par cette grande habitation, où peuvent séjourner juqsu'à 30 personnes en temps normal : "Je reçois à peu près le double d'appels par rapport aux années précédentes."
Le nombre de couchage a baissé de 30 %
A la FFCAM, on doit gérer chaque refuge au cas par cas. Une charge de travail pesante. Mais on se réjouit tout de même : "Dès le mois de juin, les fréquentations étaient très bonnes, avec des conditions exceptionnelles", se rappelle Maria Isabel Le Meur, directrice adjointe en charge des hébergements pour la fédération.Malgré un léger retard au démarrage, les chiffres montrent un réel succès des refuges cette saison : "Les prévisions pour le mois d'août sont bonnes, malgré la chaleur. Que ce soit au niveau national ou en Franche-Comté. Les gens se décident un peu à la dernière minute pour partir et nous avons donc pas mal de monde sur les sentiers". Seul bémol pour la FFCAM : les capacités d'accueil revues à la baisse.
Pour faire respecter le mètre et demi de distanciation, certains dortoirs ont été compartimentés. Conséquence directe, le nombre de couchages a baissé de 30 % en moyenne cet été. Mais, le risque de contracter le coronavirus dans des dortoirs "collectifs" ne semble pas empêcher pas les refuges de faire le plein.