Dès le 1er mars, les fournisseurs pour les cantines et restaurants devront mieux indiquer l'origine des viandes de porc, de poulet, de mouton et d'agneau. C'est déjà le cas pour le boeuf. En Franche-Comté, ce renforcement de la loi est plutôt bien accueilli par les acteurs impliqués.
Le 1er mars prochain, plus question de ne pas savoir l'origine de la viande qu'on mange dans les cantines ou dans les restaurants ! Un décret du ministère de l'Agriculture publié jeudi 27 janvier prévoit que la provenance des porcs, poulets, moutons et agneaux utilisés pour la consommation humaine soit désormais clairement indiquée. C'est la conséquence d'une loi du 10 juin 2020 sur la "transparence de l'information sur les produits agricoles et alimentaires". Une telle disposition s'applique déjà depuis 2002 pour les viandes de bœuf. En Franche-Comté, les acteurs concernés se montrent plutôt favorables à cette obligation.
Un accueil globalement positif
Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA 70 et producteur de lait à Augicourt (Haute-Saône) juge que ce décret est une avancée. "Nous réclamons de mieux tracer ces viandes depuis longtemps. Dans nos cantines, il faut donner la priorité à de la viande française. Elle permet une traçabilité de la naissance jusqu'à la mort. Par ce moyen, on peut savoir tout ce qu'elle a mangé et notamment les traitements éventuels utilisés. Il reste tout de même un problème, car obliger les cantines scolaires à recourir à la production est difficile. Elles sont soumises à des appels d'offres", juge l'agriculteur.
Ce problème est aussi celui que relève Philippe Pagniot. Ce boucher-abatteur de Besançon (Doubs) côtoie une clientèle d'agriculteurs pour lesquels il se charge de la découpe. Certains d'entre eux fournissent les restaurants scolaires. Le boucher accueille favorablement le décret, mais il estime que "trouver de la production française qui rentre dans les coûts impartis risque d'être difficile pour les cantines, d'autant qu'elles sont soumises à un budget pour les repas".
Pour Philippe Pagniot, cette disposition de loi pourrait même avoir des effets supplémentaires. "On suppose que ça va faire grimper l'activité, car la demande en production locale va augmenter en conséquence". Il faut dire que l'artisan est déjà soumis à un agrément sanitaire de l'Union Européenne qui lui impose d'indiquer notamment les mentions "né, élevé et abattu en France", pour les bovins qu'il élève déjà.
Des dispositions imprécises
En Haute-Saône, Bruno Tisserand élève également des boeufs et des volailles. Il s'est lancé dans une production en vente directe, depuis Le Cordonnet. De cette commune située à mi-chemin entre Vesoul (Haute-Saône) et Besançon (Doubs), il est amené à fournir des restaurants. S'il ne les approvisionne qu'en grenouilles, il se sent tout de même concerné par le sujet. "Dans les grandes lignes, c'est plutôt positif d'afficher de façon plus explicite la provenance de ce qui est consommé", estime le producteur agricole. Il a tout de même une petite réserve. "Le problème pour l'instant est que nous ne connaissons pas les contours de ce décret. Il faut voir exactement ce qui est demandé".
L'obligation qui entre en vigueur le 1er mars concerne toute la restauration hors domicile, c'est-à-dire les cantines scolaires, des entreprises, hôpitaux ou Ehpad, comme les restaurants commerciaux.