Guerre en Ukraine : "Je ne pouvais pas rester sans rien faire", un ballet de dons pour le convoi qui va partir de Besançon

Bien connu à Besançon (Doubs), le boulanger Stéphane Ravacley a lancé un appel à la solidarité pour le peuple ukrainien. Les dons arrivent par centaine dans son commerce. Un camion va lui être prêté pour acheminer ses vivres à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne.

Il cherchait une ambulance. Trente minutes plus tard, il l'avait. Stéphane Ravacley, boulanger engagé, humaniste de Besançon a lancé un terrible appel aux dons et tout le monde y répond. 

Dans la cour de la boulangerie de Stéphane Ravacley, les cartons et les sacs s’entassent. Depuis l’appel aux dons lancé sur Facebook, des dizaines et des dizaines d’anonymes franchissent le porche d’entrée du 11 rue Rivotte, avec sous le bras des couvertures, des vêtements et des denrées alimentaires.

« Il y a une urgence, il faut venir en aide au peuple ukrainien et seuls ceux qui ont pu connaître ce genre de situation peuvent comprendre. Il ne faut pas se voiler la face, il ne faut pas dire la guerre ce n’est pas chez nous, elle est effectivement à nos portes et il est urgent de réagir » prévient cette retraitée qui vient apporter quelques vêtements.

Un autre donneur dépose un carton sur le sol. Il est déjà venu la veille. Se mobiliser pour le peuple ukrainien est une évidence pour lui. « On est sensibles à cette problématique. On se rend compte qu’à la frontière polono-ukrainienne il y a beaucoup de femmes et d’enfants qui arrivent et qui ont besoin de cette aide et de l’aide internationale, bien sûr ».

« Je fais ce qui me semble bon de faire » explique Stéphane Ravacley

A ce point de collecte « improvisée », le boulanger engagé Stéphane Ravacley coure partout. Il avait fait une grève de la faim en 2020 pour obtenir la régularisation de son apprenti guinéen« Il ne faut pas me demander pourquoi je fais ça, c’est comme la grève de la faim l’an passé, c’est parce que j’ai envie de le faire. Je pense être un homme libre et je fais ce qui me semble bon de faire. L’idée et de faire venir la générosité française et franc-comtoise chez moi » espère Stéphane Ravacley.

Entre la cour et la cuisine, où il prépare des hamburgers, le téléphone n’arrête pas de sonner. Faute de temps c’est Elodie Delaune qui répond. Elle « seconde » Ravacley dans cette nouvelle bataille. « Je suis son bras droite en quelque sorte ». Les personnes qui la contactent ne donnent pas un coup de fil pour passer commande, non, mais pour demander ce qu’il manque. Et les besoins sont encore importants.

« Il manque beaucoup de nourritures, de produits d’urgence type médicaments, produits pharmaceutiques, des couches, du lait pour les enfants, des couvertures, des kits de survie, des piles, des chargeurs de téléphone portable, des lampes… »

Elodie Delaune, "bras droit" de Stéphane Ravacley

Régulièrement, elle réactualise la liste sur la page de Solidarité Ukraine25 créée par Stéphane Ravacley.

Le tri des dons dans un hangar

Tous ces dons sont ensuite acheminés dans un hangar en périphérie de Besançon, mis gracieusement à disposition de Stéphane Ravacley. Ici, d’accoutumée, on y fabrique les décors de théâtre. Des représentations, en ce moment, il n’y en a pas. Le local est donc disponible. Ça tombe bien. Ici des anonymes viennent au compte-goutte donner un peu de leur temps pour trier les dons « c’est ici Ravacley ? » lance familièrement les personnes qui arrivent.

Dans le brouhaha d’une organisation un peu chahutée, « il faudra des cartons », « il n’y a qu’un diable ? » « on a un caddie qui traine là et un transpalette », chacun s’octroie une tâche à faire. Et finalement ça roule. Les couvertures et les couches restés un temps sous le porche de la rue Rivotte sont triées et dispatchées sur des palettes.

Je suis là par solidarité. J’en avais marre d’être devant ma télé, j’avais envie de participer et de faire quelque chose même si paraît dérisoire

Une bénévole au tri

Un autre s’exprime aussi « J’ai vu cet appel pour trier et je n’ai pas hésité. Je suis venu car ça me semblait important vue ce qui se passe là-bas ».

Les professionnels répondent à l’appel de Stéphane Ravacley

Cet élan de solidarité a entraîné des professionnels. L’institut de Beauté au Natur’elle de Beure par exemple. « J’ai beaucoup d’empathie pour ces gens, j’ai envie de les aider mais comme je ne savais pas comment, alors j’organise une collecte ici dans mon institut que je vais déposer ensuite chez Stéphane Ravacley. Des clients sont encore venus ce matin m’amener des choses. Une voiture complète part aujourd’hui, une autre vendredi et une lundi » détaille Emilie Koeller.

Un peu plus loin, sur la même commune, la Maison d’Assistante Maternelle, en MAM’usant s’organise aussi. « On voit toutes ces familles qui partent sans rien, il faut les aider. Si nous étions à leur place, nous aimerions avoir cette main tendue » témoigne Isabelle Maire, assistante maternelle, très aimée des enfants.

Sensibilisées à la question de l’enfance, les « tatas » ont lancé un appel aux parents sur Facebook. Et là encore, la générosité est grande.

Le convoi organisé par Stéphane Ravacley, soit un camion de 40 tonnes et des camionnettes, devrait partir ce samedi soir. Direction : la frontière entre l’Ukraine et la Pologne. Sur sa page Facebook, Stéphane Ravacley remercie "la team des humanistes" à travers une vidéo.

Une cagnotte a également été mise en ligne par le boulanger. Ce matin, elle s'élevait à près de 9 000 euros. Pour Stéphane Ravacley, il faudrait 25 000 euros pour que les convoi puisse partir.

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