Après l'annonce du budget de la Sécurité sociale le 24 octobre, les syndicats CGT, FO, Unsa, Sud appellent au niveau national à la grève et mobilisation mardi 29 octobre. Ils réclament un budget à la hauteur des besoins.
"Ingérable, insoutenable, impensable", ce sont les mots employés par les syndicats CGT, CNI et FO de l’hôpital nord Franche-Comté (HNFC) pour qualifier le budget de la Sécurité sociale pour 2025. Le 24 octobre, le gouvernement a présenté un budget 2025 très contraint, qui vise à contenir le déficit de la Sécurité sociale à 16 milliards d'euros, après 18 milliards en 2024. En clair, encore moins d’argent pour l’hôpital public.
"La santé devrait être un choix prioritaire"
Pour Luc Kahl, secrétaire général CGT HNFC, ces annonces sont dures à entendre pour le personnel hospitalier. "Depuis des années, on réclame des moyens pour l’hôpital public. Il est dans des situations financières extrêmement difficiles", assène-t-il avant de poursuivre : "Ce qui est révoltant, c’est que de l’argent il y en a. Tout est une question de choix et la santé devrait être un choix prioritaire. On connaît la situation des hôpitaux, ils ne peuvent pas dire qu’ils ne savent pas. Malgré le covid qui a montré l’importance des hôpitaux publics dans la société, ils continuent sur une ligne droite", se désole-t-il. Un avis soutenu par Marc Paulin du syndicat Sud au CHU de Besançon (Doubs) : "Le gouvernement se fout de nous et ne prend pas en compte que la santé est un enjeu majeur de la société".
Chaque année, l’objectif des dépenses d’assurance maladie (Ondam) est fixé par le parlement lors du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Il concerne différents axes de dépenses comme les soins de ville, les établissements de santé, etc, et fixe la somme maximale des dépenses à ne pas dépasser. Pour les établissements de santé, l’augmentation de l’Ondam est envisagée à hauteur de 3,1 %. Un "trompe-l’œil" qui "ne permet même pas de prendre en charge la simple inflation liée à nos activités", s’indigne Marc Paulin qui souligne que les directeurs d’hôpitaux demandaient + 6 %. "On demande un budget à la hauteur des besoins", insiste-t-il.
La santé en danger
Ce projet de loi est jugé "de plus en plus inégalitaire" par le syndicat CGT qui dénonce un gouvernement qui détruit la Sécurité sociale, achève le système de santé pour maltraiter la santé des plus fragiles. Luc Kahl souligne l’inégalité de l’accès aux soins, que ce soit à travers le manque de lits d’hospitalisation, ou aux services d’urgences qui présentent des épisodes de saturation.
Marc Paulin, explique, lui, que la population va être de moins en moins bien remboursée et que les mutuelles vont coûter encore plus cher. "Déjà 12 % de la population n’a pas de mutuelle, cela va encore augmenter et créer une inégalité d’accès aux soins", détaille le syndicaliste qui souligne également que la pauvreté "rend malade". Et plus on est malade… Plus ça coûte cher. "Si on veut améliorer la santé des gens, il faut s’attaquer au mal, prendre en charge les gens avant qu’ils ne soient trop malades. On doit se battre contre la pauvreté", martèle-t-il.
Le système de soin et la santé des gens sont en danger.
Marc Paulin, syndicat Sud
3 jours de carence et 10 % d'indemnité en moins
Le dernier point de bascule qui soulève les soignants : pour les fonctionnaires, les jours de carence multipliés par trois et la diminution de 10 % de l’indemnité journalière. Face à la "stupéfaction des annonces", l’intersyndicale CGT, CNI et FO HNFC interpellent Mr Kasbarian, ministre de la Fonction publique dans une lettre ouverte. "Les agents de la fonction publique ne s’arrêtent pas pour prendre des vacances ou pour se faire plaisir, mais parce qu’ils sont malades !", peut-on lire dans cette lettre. Marc Paulin souligne que "quand on a des conditions de travail difficile, on est plus souvent malades".
Pour les agents de la fonction publique hospitalière, ces décisions ne feraient qu’aggraver la situation, et auraient des conséquences graves. "Venez discuter avec les agents qui s’épuisent dans les hôpitaux, qui ont bien du mal à boucler les fins de mois (…) venez leur expliquer qu’à partir de maintenant, lorsqu’ils seront malades, ce sont trois jours de carences et 10 % de leur salaire que vous supprimerez. Venez les regarder dans les yeux et la détresse que vous y lirez vous donnera peut-être une idée de la véritable signification du mot insoutenable", fustigent les syndicats.
Des mouvements de grèves et des rassemblements sont prévus le mardi 29 octobre sur le parvis de l’HNFC, à Trévenans près de Belfort, et de 13h30 à 14h30 et devant l’hôpital Minjoz à Besançon, à 13h30.