En Franche-Comté, la plupart des stations-service sont en rupture totale ou partielle d’approvisionnement en carburant. Entre résignation et inquiétude, nombreux sont les professionnels de la route, arpentant des dizaines de kilomètres par jour, à avoir choisi de vivre au jour le jour, en attendant le retour à la normale.

Ce mardi 11 octobre, comme trois autres jours dans la semaine, Sébastien Chipeaux est monté à bord de son utilitaire pour livrer baguettes et autres viennoiseries aux habitants du secteur de Mamirolle (Doubs), commune dont la station-service est en pénurie de gasoil encore ce mardi matin. Ce boulanger, en exercice depuis 18 ans, fait partie des rares à organiser presque quotidiennement une tournée de pain.

En moyenne, il ravitaille jusqu’à 120 personnes par jour. « Pour l’instant, j’ai la moitié du plein. Je peux finir la semaine, on verra lundi prochain », s’inquiète-t-il. Il va à la pompe tous les 8 jours environ. Pas le choix quand on parcourt entre 55 km et 90 km en une matinée. « Si je n’ai pas de carburant, ce seront les clients de la tournée qui seront pris en otage. Je réfléchis déjà à livrer les dépôts de pain avec mon véhicule personnel, que j’utilise peu », s’inquiète l’artisan.

Mais pour le moment, pas de hausse du prix de la baguette en raison de la pénurie. 1€ à la boulangerie. 1€07 avec la livraison. Le boulanger plaide pour la mise en place de restrictions dans les stations-service. « Priorité aux professionnels de la route, à ceux qui ont besoin de carburant pour travailler. Tous ceux qui viennent faire le plein pour pouvoir partir en weekend ou faire des sorties loisir devraient attendre ! ».

Les taxis, véhicules prioritaires à la pompe ?

Des professionnels de la route, comme Nathalie Pichot, chauffeur de taxi à Marnay (Haute-Saône). A l’année, elle parcourt 80.000 km et fait un plein tous les deux jours. 90% de ses courses relèvent du médical (consultations à l’hôpital, chimiothérapie, dialyse…). Impossible pour elle de ne pas accompagner ces patients, dont les soins souvent quotidiens sont plus que nécessaires.

Bien que conventionnée par la Sécurité sociale, elle n’a, pour l’instant, pas d’accès prioritaire à la pompe. « Lundi soir, j’ai attendu 40 minutes à la station-service et personne ne m’a dit ‘allez-y, passer,!'», précise Nathalie Pichot. Dans la Haute-Saône, selon la préfecture, 12 stations-service ont mis en place un « dispositif d’accès prioritaire dédié aux véhicules des services d’urgences, de transports sanitaires, des personnels soignants, et d’aide à domicile ». Reste à voir si les taxis conventionnés seront reconnus ou non comme étant des « véhicules du système de santé ».

Lui aussi passe la majeure partie de son temps de travail sur les routes. Anthony Rivière est propriétaire d’un « food truck », un restaurant ambulant, qui arpente Saint-Claude (Jura) et ses alentours 5 jours sur 7. Le lundi à Pratz, le mardi à l’Essard, le mercredi à Septmoncel… A chaque jour sa destination. En une journée, il peut parcourir une quarantaine de kilomètres. Malgré les pénuries, pas question pour lui de laisser son camion-restaurant au garage et ses quelques 110 clients quotidiens le ventre vide. « Je fais un métier de service. Les midis, je cuisine pour des employés qui comptent sur moi. »

"Tout le monde est dans le même pétrin"

Il fait un plein toutes les deux semaines et malgré cette pénurie, il ne veut ni réduire sa tournée, ni augmenter ses tarifs. « Je me mets à la place du consommateur. Tout le monde est dans le même pétrin. Je ferai le point à la fin de cette année, pour voir si je dois ou non augmenter mes prix, mais je n’ai vraiment pas envie de passer ce cap », s’inquiète Anthony Rivière.

Depuis le mois de mai, il a en revanche mis en place un forfait kilométrique pour des prestations situées à plus de 40km de son atelier, basé à Avignon-lès-Saint-Claude (Jura). Son food-truck est souvent privatisé pour des anniversaires, des mariages, des fêtes de village, par exemple. Dans ces situations, il fait payer une partie des frais de carburants aux particuliers.

Transports publics et cars scolaires : le point sur la situation en Bourgogne-Franche-Comté

Du côté des bus publics de Besançon, exploités par Keolis, un mot d’ordre : circulation. Contacté par téléphone ce 11 octobre après-midi, Carol Ambrosini, directeur marketing, clients et mobilités à Keolis Besançon Mobilité, se veut rassurant. « Nous avons eu une nouvelle livraison de gasoil. Nous sommes pour l’instant épargnés par les problèmes d’approvisionnement. Nous avons de quoi tenir trois semaines ». Le directeur nous assure que tous les services sont couverts et qu’il n’y aura pas de réduction du nombre de bus en circulation à Besançon.

A l’échelle de la Bourgogne-Franche-Comté, 6 lignes de bus chargés du transport scolaire n’ont pas été desservies lundi 10 octobre au matin. Problème résolu depuis, affirme Michel Neugnot, vice-président de région en charge des finances, des ressources humaines, des transports, des déplacements et des intermodalités. « Tous les transports sont assurés. L’ensemble des compagnies font le nécessaire pour qu’il n’y ait aucune perturbation. Mais cela ne veut pas dire qu’un jour, il n’y aura pas de difficulté de fonctionnement en cas d’incident », prévient-il. Si perturbation il y a, « les parents seront prévenus individuellement par SMS. Pas de panique !»

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