En France, l’inflation s’élève à 7.1% en janvier 2023, contre 3.3% en 2022. Si pour certains Français, il est déjà difficile de joindre les deux bouts, les étudiants ne sont pas épargnés. Chaque année depuis 2018, le Bureau des associations Franc-comtoises publie l’indicateur du coût de la rentrée des étudiants et étudiantes Francs-Comtois en collaboration avec la Fage (Fédération des associations générales étudiantes).
Cette année encore, le constat est sans appel : le coût de la rentrée 2023 pour un étudiant ou une étudiante Franc-Comtois s’élève à 2754,39 euros contre 2658,12 euros en 2022. Soit une augmentation de 3.50 %. Du côté de Belfort, les étudiants devront dépenser 2612,39 euros pour ce début d’année scolaire, et 2577,89 euros à Montbéliard.
Une augmentation constante
L’indicateur permet de distinguer deux styles de frais. Les frais spécifiques de rentrée, qui correspondent à des frais uniques dépensés en début d’année universitaire (frais d’inscription, frais de CVEC, frais d’agence et du dépôt de garantie pour la location d’un appartement, achat de matériel pédagogique, complémentaire santé, assurance logement…) et les frais dits de vie courante, qui correspondent aux dépenses mensuelles qu’à un étudiant pour vivre, se nourrir, se loger, se déplacer.
Pour cette rentrée 2023, les frais spécifiques de rentrée s’élèvent à 1603,73 euros à Belfort, 1588,79 à Montbéliard et 1676,29 euros à Besançon. Soit une augmentation de 2,18% par rapport à l’année 2022. Selon Noa Agustee, présidente du Bureau, cette hausse s’explique notamment par le fait que "le panier moyen a augmenté de 13.30 % cette année et il représente une grosse part d’un budget sur les dépenses mensuelles des étudiants". Le Bureau souligne dans son rapport que "l’argent déboursé pour l’achat de produits essentiels pour se nourrir, se vêtir et assurer une hygiène correcte représente 341,81 euros en 2023, soit environ 31,70% des frais de vie courante pour un étudiant Franc-comtois".
+5 % pour la contribution à la vie étudiante et de campus
S’ajoute à cela l’augmentation de la CVEC de 5 %, atteignant ainsi le prix symbolique de 100 euros. "Ce montant peut être remboursé en totalité pour les étudiants boursiers. Malheureusement, 43% des étudiants ne sont pas boursiers et chaque année, ils se voient payer de plus en plus en cher leur quittance", explique Noa. Cette augmentation est aussi soulignée par l’augmentation des frais de l’assurance habitation et du dépôt de garantie, du coût de la complémentaire santé.
Pour Noa, "même si le prix des loyers n’a pas beaucoup augmenté, il représente tout de même une grosse part des dépenses. Mais la plus grosse hausse concerne les frais de téléphonie mobile et d’internet qui augmentent de 16% et qui sont importants pour assurer les enseignements à distance" devenus bien ancrés dans le système d’enseignement depuis la crise du Covid.
Des chiffres parlants
"Ces chiffres sont assez parlants, et l’indicateur permet de montrer que ça augmente et qu’il y a besoin de changements", explique la directrice du Bureau. Si une réforme est en cours avec des annonces faites sur les bourses, pour Noa, c’est "bien, mais pas suffisant". "On aimerait que nos revendications soient prises en compte et que des mesures plus profondes soient prises. La précarité joue beaucoup sur la santé mentale et physique des étudiants. Certains renoncent à des soins, car les complémentaires coûtent cher. On ne pourra pas changer l’inflation, mais des mesures peuvent être prises pour qu’ils ne s’endettent pas", explique Noa.
Des solutions possibles
Le Baf souhaite une réforme plus profonde et équitable des bourses étudiantes
- La défamiliarisation du système d’aides sociales, ce qui permettrait de mettre fin au rattachement des enfants aux parents lors de leur entrée dans l’enseignement supérieur. "La bourse devrait se baser sur la solidarité nationale selon laquelle l’État serait responsable de verser la différence entre les prestations sociales perçues et le seuil de pauvreté",
- Une bourse accessible aux doctorants ainsi qu’aux étudiants et étudiantes extra communautaires,
- Une Désindexation de la CVEC sur l’inflation. Depuis 2018, cette contribution ne cesse d’augmenter, car annexée à l’inflation, passant de 90 euros en 2018 à 100 euros en 2023. "Dans le contexte économique actuel, il semble nécessaire que cette contribution soit désindexée sur l’inflation qui pèse déjà suffisamment sur la population étudiante",
- Le rattachement à une complémentaire santé. Les frais de complémentaires santé sont très onéreux, avec un montant total de 322 euros et plus de 4 % d’augmentation par rapport à l’année dernière.