Trois ans d'attente pour les malades en attente d'une greffe de rein à Besançon. 28 mois à Dijon. Les chiffres publiés par l'association de patients Renaloo dénoncent une inégalité de traitements de malades selon leur situation géographique. Le CHRU se défend.
Pour une greffe du rein, le délai serait donc de 28,4 mois à Dijon et 36,4 à Besançon : c’est le délai médian qu’il faut pour qu’un patient en attente de transplantation rénale reçoive un greffon.
Ces durées sont très supérieures à celles observées à Caen (13 mois) ou à Poitiers (16,2 mois).
Pour l'association Renaloo, cette inégalité déjà pointée il y a 5 ans, s'est accentuée à l'échelle nationale.
Pourquoi des délais variables d'un hôpital à l'autre ?
L'association dénonce une répartition des greffons qui ne respecte pas les principes inscrits dans la loi. Selon la loi française, les règles de répartition des greffons doivent assurer l’équité parmi les patients. Mais, dans les faits, la situation est tout autre. Ces règles contribuent au maintien des iniquités, en permettant notamment à l’établissement où est réalisé le prélèvement de conserver un des deux reins pour le greffer localement.
Ainsi, un seul des deux reins prélevés sur chaque donneur décédé est mis en commun au niveau national entre l’ensemble des patients en attente (ils étaient 17 700 en 2016).
Le second rein est « sanctuarisé » et sa répartition ne se fait qu’entre les quelques centaines de patients inscrits dans l’établissement.
Un Professeur de Grenoble dénonce cette inéquité
"Il y a zéro équité dans l’accès aux greffons rénaux" explique le Pr Lionel Rostaing, transplanteur au CHU de Grenoble
"S’il y avait une liste nationale avec une répartition nationale des reins, il y aurait deux fois plus de reins répartis selon un système de score plus équitable. Si l’on remettait le système à plat, avec une répartition nationale, les patients qui attendent depuis plus longtemps seraient greffés en priorité. Il y aurait donc une "aspiration" des greffons vers les centres où la durée d’attente est très longue : on multiplierait le nombre de greffes dans ces centres, le temps d’éponger leur liste" argumente le professeur.
Le CHRU de Besançon se défend par une pratique vertueuse
Derrrière les chiffres, il y a les malades. En Franche-Comté, ils sont 200 à attendre une greffe de rein. Didier Ducloux, chef du service néphrologie du CHRU de Besançon explique qu'en Franche-Comté, chaque médecin fait le choix d'inscrire un malade sur la liste des demandeurs de greffe selon ses critères. Certains malades sont inscrits tôt dans leur parcours, cela rallonge les délais explique le médecin. Mais cela permet d'arriver à la greffe dans une situation de moindre urgence.
Pour ce médecin, la polémique lancée par Renaloo est dangereuse et réductrice et cela peut induire incompréhension et doutes auprès de la population. "Je pense que tous les centres de transplantation agissent au mieux dans l'intéret des patients" dit-il. Ce qui compte, c'est l'accès équitable à la transplantation dont la durée d'attente fait partie.