Le tribunal de commerce de Paris a officialisé le 2 juin, le redressement judiciaire de La Halle. Les syndicats s'inquiètent : des centaines de magasins pourraient fermer, dont une quinzaine en Bourgogne.
L'enseigne en redressement judiciaire
La date limite de dépôt des projets de reprise de l'enseigne de vêtements La Halle a été fixée au 9 juin par le tribunal de commerce de Paris, selon un communiqué diffusé mardi 2 par son actionnaire, le groupe Vivarte. Le tribunal a également converti la procédure de sauvegarde ouverte le 21 avril, en redressement judiciaire.Le PDG de Vivarte Patrick Puy a indiqué il y a quelques jours avoir reçu sept offres de reprise partielle pour La Halle. Il a précisé que ces offres permettraient la reprise de 502 magasins sur un total de 830 et que, par conséquent, 2.196 personnes sur 5.391, soit 40 %, perdraient leur emploi.
Parmi eux, près de 500 travaillent dans les entrepôts logistiques d'Issoudun (chaussures) et de Montierchaume (vêtements), près de Châteauroux.
Un communiqué commun CFE-CGC, CFTC, CGT, FO et SUD
Ces syndicats ont écrit lundi 1er juin à la ministre du Travail Muriel Pénicaud pour demander le soutien de l'État. Les salariés avaient déjà sollicité l'aide du ministre de l'Economie Bruno Le Maire, "afin que l'ancien N°1 Français de l'habillement et de la chaussure, ne soit pas bradé en cette période difficile et puisse bénéficier d'un plan de sauvegarde de l'emploi décent pour ses salariés."Selon ces syndicats, 90 % des emplois menacés concernent des femmes, en temps partiel, sans formation et dans des zones rurales.
Ils craignent que le repreneur principal Beaumanoir profite d'une "situation d'aubaine": "nous voyons bien leur volonté que Vivarte finance les achats pour la saison prochaine, au détriment des fonds alloués au PSE. Ce n'est pas acceptable non plus".
La crainte d'un démantèlement pour la CFDT
Depuis 2015 et le premier PSE qui a vu fermer 245 magasins La Halle, la CFDT s'oppose au groupe Vivarte.Elle n'a pas signé non plus le PSE de 2017, qui avait abouti à la fermeture des magasins "la Halle aux chaussures" (douze en Bourgogne Franche-Comté) et au départ de plus de 1000 salariés.
Selon Jean-Louis Alfred, son délégué national joint par téléphone, il faudra attendre le 9 juin pour connaître en détail les offres de reprise et surtout le 29 juin, date limite de dépôt des dossiers complets. Impossible actuellement de dire combien de magasins sont menacés et où.
Mais entre ces deux dates, son syndicat veut négocier avec le (ou les) repreneurs qu'il "espère solvable" le maintien d'un maximum d'emplois, notamment dans les entrepôts et au siège, ainsi que des "conditions convenables pour ceux qui vont partir."
Jean-Louis Alfred doute des motivations du groupe Beaumanoir, propriétaire des enseignes Morgan, Bonobo, Cache-Cache, ou Breal et potentiel repreneur principal. Il estime que plus de 3200 emplois pourraient être supprimés et seulement 450 magasins repris.
Le groupe Vivarte, qui était numéro 1 de la chaussure et du vêtement Français en 2008 avec 23 enseignes et un chiffre d'affaire annuel de plus de 4 millards d'euros, ne compte plus aujourd'hui que 3 enseignes, pour un chiffre d'affaire inférieur à 1 milliard d'euros en 2019.
Selon le délégué CFDT, "Vivarte veut se débarrasser de La Halle et conserver seulement Caroll et Minelli."