Haute-Saône : l'aménagement de la véloroute entre Corre et Port-sur-Saône fait polémique

Quatre associations environnementales dénoncent le projet d'aménagement de 42 km de véloroute dans le département de la Haute-Saône. Elles contestent le tracé choisi, pour lequel le Conseil National de protection de la nature a rendu un avis défavorable le 11 mai 2020. Explications. 

Rouler à vélo, depuis le confinement et la crise sanitaire du covid, c'est dans l'air du temps. Le projet de véloroute européenne V50 - l'échappée bleue Moselle-Saône passe par la verte Haute-Saône. Et une enquête d'utilité publique sera menée sur le projet d'aménagement de 42 km reliant Port-sur-Saône à Corre, un secteur où se trouve une zone Natura 2000, riche de diversité biologique. 
 

Avec Marc Goux, porte-parole associations écologistes FNE BFC et 70, SOS LRC  et CPEPESC. Reportage I.Brunnarius, A.Laroche, JP.Perret et A.Goiffon.

Courlis cendré, pie-grièche, une riche diversité à protéger 


France Nature Environnement (BFC et Haute-Saône), Sos Loue et Rivières Comtoises et la CPEPESC (Commission de Protection des Eaux) de Franche-Comté dénoncent le tracé retenu par le département. Un tracé qui selon eux compromet la liberté de la rivière la Saône et impacterait certaines des espèces d'oiseaux les plus emblématiques du val de Saône comme le courlis cendré, le râle des genets, le pipit farlouse, la pie-grièche écorcheur. 

"On peut pas faire un projet de véloroute qui se prétend respectueux de l'environnement et en même temps détruire les milieux qu'on traverse" déplore Marc Goux porte parole des associations. Selon les ONG, le département aurait privilégié la sécurité des cyclistes en faisait cheminer la véloroute un maximum sur le chemin de halage ouvert aux vélos, mais aussi à d'autres véhicules. Les associations préfèreraient voir privilégier l'écologie et la protection des espèces. "Toutes les espèces très fragiles ont besoin pour la plupart de calme. Le courlis a besoin d'une zone par exemple de 500 m de tranquillité autour de son nid" argumente Marc Goux.

 


Le Conseil national de protection de la nature demande au département de revoir son tracé 


Le CNPN dont l'avis est consultatif est sur la même longueur d'onde. Il estime que le tracé proposé par le département s'appuie sur une offre touristique nouvelle, un mode de déplacement à faible émission de gaz à effet de serre, un intérêt pour l'aménagement du territoire, mais les intérêts "nature" et biodiversité dont la protection des espèces protégées sont mal pris en considération, d'autant que les sites traversés ont une grande valeur biologique" du fait de leur classement en zone Natura 2000. Le Conseil National de protection de la nature invite le conseil départemental de Haute-Saône à "revoir les tracés de manière à ne pas nuire au maintien dans un état de conservation favorable les populations d'espèces protégées". 


Le département de Haute-Saône estime que le tracé souhaité par les associations environnementales est "dogmatique"



Contacté par France 3 Franche-Comté, le conseil départemental n'a pas souhaité répondre à nos questions face caméra. Dans un communiqué, le département indique que ce tronçon fait l'objet d'études depuis 2015. 36 variantes ont été étudiées. "L’enjeu a été de trouver un juste équilibre entre le respect de la biodiversité dans la vallée de la Saône classée en zone NATURA 2000 et le cahier des charges de la V50 « Voie Bleue » inscrite dans le schéma national des véloroutes et voies vertes". Le département ajoute que "le tracé initial envisagé en 2015 prévoyait environ 38 km situés le long de la Saône (sur les 42 km de cette section). 19 km du tracé initial ont été retirés au titre du respect de la biodiversité pour être éloignés des zones écologiquement sensibles, soit 50 % du linéaire du tracé initial via le report sur des voies de substitution existantes ouvertes à la circulation publique (chemins d’associations foncières, chemins ruraux ou voies communales, RD), donc finalement au détriment d’une meilleure sécurité des usagers de la Voie Bleue, ainsi que sur quelques tracés alternatifs en site propre".

"Quelques associations environnementales sortent du chapeau depuis quelques jours un autre tracé qui vise à exclure un aménagement en site propre le long de la Saône sans considérer ni le cahier des charges national et européen de la voie bleue, ni la sécurité des nombreux cyclistes, dont une part non-négligeable de familles. S’il reprend les variantes exposées dans le dossier réalisé par le Département et non retenues par ce dernier et les services de l’Etat à l’issue de l’analyse multicritères, en raison de leur bilan avantages / inconvénients bien moins performant que celui de la solution retenue pour la mise à l’enquête publique, le tracé demandé par ces associations est purement dogmatique. En effet, il ne consiste qu’à reprendre en très grande partie les infrastructures routières existantes, c’est-à-dire les voiries ouvertes à la circulation des véhicules motorisés, en s’éloignant fortement de la vallée de la Saône pour cheminer en lisière de la zone NATURA 2000. Sur les rares sections qui seraient aménagées en site propre, ces associations proposent tout bonnement que toute couche de roulement en enrobés soit proscrite, les usagers devant alors rouler sur une surface constituée d’un mélange de granulats concassés et d’herbe. De tels aménagements ne correspondent donc en rien à la recherche d’un équilibre qui est pourtant le coeur de la séquence « Eviter, réduire, compenser » (ERC) instituée par le législateur, ni à une démarche de développement durable bien comprise. On peut s’interroger sur les motivations réelles de ces associations vis-à-vis du développement de notre département" se défend la collectivité. 


Entre 10 et 12.000 cyclistes empruntent chaque année ce tronçon de véloroute en Haute-Saône. En 2025, le trafic des vélos devrait se situer autour de 20 à 25.000 cyclistes par an. 


 
 
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