À Hautevelle, en Haute-Saône, c'est presque un hameau entier qui est à vendre. Pour la somme de 2 millions 288 000 euros, il est possible d'acquérir une surface de 65 hectares, comprenant étang, terres agricoles, maisons et une ancienne usine de métallurgie.
"Unique, atypique et incroyable : un hameau sur environ 65 hectares avec son étang privé ! Ancienne usine historique du secteur, vous avez la possibilité d'acheter un pan de l'histoire locale". Sur le site de l'agence immobilière Horae, voilà comment est présenté le hameau du Beuchot, situé à Hautevelle, en Haute-Saône.
Pour la coquette somme de 2 288 000 euros, il est en effet possible d'acquérir un ensemble de 65 hectares, en pleine campagne franc-comtoise. "C'est un site assez atypique, que l'on rencontre très rarement dans la profession" explique Nicolas Fresard, agent immobilier à Horae, au micro de notre journaliste Damien Lefauconnier. "On est sur un hameau assez grand qui comprend 35 hectares de surfaces agricoles utilisées, un étang de 26 ha, plusieurs maisons et enfin une ancienne usine historique, vieille de plusieurs siècles, qui fait partie du patrimoine industriel local".
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En effet, sur les lieux se trouve en effet la forge du Beuchot, une ancienne usine métallurgique bien connue et reconnue dans le département. Dès 1539, il y avait déjà sur les lieux "un moulin et battant", peut-on lire sur le site Patrimoine en Bourgogne-Franche-Comté. Deux siècles plus tard, c'est un haut fourneau qui s'établit sur place, puis une forge, au XIXe.
En 1866, l'usine se compose ainsi "de deux foyers d'affinerie, de deux marteaux à queue, d'un martinet, de deux fours à réchauffer, d'une machine soufflante et de trois machines hydrauliques de la force de 24 chevaux" et se spécialise dans le tréfilage (fabrication de câble en acier). En 1929, l'usine prendra officiellement le nom de "tréfilerie du Beuchot", et emploiera plus de 200 personnes au plus fort de son activité. Puis les commandes ont baissé, jusqu'à un arrêt total en 2006.
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L'entièreté du hameau tournait autour de l'usine. Les eaux de l'étang étaient ainsi utilisées pour faire tourner les turbines de la tréfilerie, afin de produire l'électricité nécessaire. Toutes les maisons actuellement en vente sont aussi d'époque XIXe, et ont trait au passé industriel des lieux. Aujourd'hui, la plupart des habitations et des ateliers sont à l'abandon. La nature y a repris ses droits.
On a l'ancienne maison du propriétaire, les deux anciennes maisons des contremaîtres et 13 anciennes petites demeures pour les ouvriers. On avait jusqu'à 100 travailleurs qui habitaient ici au XXe.
Nicolas Fresard,agent immobilier chez Horae, chargé de la vente du hameau du Beuchot
Ce sont d'ailleurs les descendants du dernier maître des forges du Beuchot qui ont décidé de mettre en vente. "Aujourd'hui, ils sont constitués en Société civile immobilière" explique le maire de Hautevelle, Patrick Laurent. "C'est la deuxième fois qu'ils essayent de vendre cet ensemble, la dernière fois, c'était sur Le Bon Coin et ça n'avait pas marché". La commune, qui pourrait être prioritaire sur la vente, n'a pourtant pas l'intention de s'aligner sur l'offre immobilière. "C'est trop cher pour nous, même en prenant en compte l'aspect historique" reprend Patrick Laurent. "Sans compter qu'il y a beaucoup de travaux à faire pour rénover".
Encore faut-il que les futurs acheteurs aient envie de remettre en état les lieux. C'est en tout cas la seule condition fixée par les vendeurs. "Sur les potentiels repreneurs, nous n'avons pas trop de critères" ajoute l'agent immobilier. "Tous les projets sont envisageables, mais il ne faut pas qu'ils dénaturent les lieux. Ecovillage, résidences pour personnes âgées, projet touristique ou agricole, etc. Et je tiens à préciser qu'à terme, toutes les habitations sont parfaitement habitables".
Le hic : une seule maison du village n'est pas à vendre
La seule inconnue : que deviendront les personnes qui logent actuellement sur les lieux. Car oui, sept habitants vivent encore au Beuchot. "On a trois personnes propriétaires de leurs maisons, et quatre locataires" précise Patrick Laurent, maire de Hautevelle. "Si une des deux propriétaires est membre de la SCI, les autres ne le sont pas. Ça pourrait, à terme, poser problèmes".
"Nous n'en sommes pas encore là" botte en touche l'agence Herae, qui confie ne pas avoir encore entamé de discussions avec les propriétaires de la bâtisse non-inclue dans la vente. Vous l'aurez compris, il reste donc quelques zones d'ombre à ce projet immobilier du Beuchot.
Et si aucune offre de rachat n'a encore été officiellement transmise aux vendeurs, Nicolas Fresard est sûr "d'avoir à terme beaucoup de clients potentiels, français comme étrangers, collectif comme particulier". "On a un site rare, avec un vrai potentiel touristique, il faut vraiment développer quelque chose" conclut-il. Affaire à suivre.
