Cauchemar en cuisine en Haute-Saône, le préfet fait fermer une pizzeria "afin de protéger les consommateurs"

Pas de traçabilité sur les aliments, problèmes de conservation, pas de nettoyage ni de désinfection, les manquements sont nombreux. Après un contrôle sanitaire, le préfet de la Haute-Saône a ordonné la fermeture administrative de cet établissement de restauration rapide de Luxeuil-les Bains, le 8 novembre 2024, pour une durée indéterminée.

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On croirait ces images sorties tout droit d'une célèbre émission de téléréalité. Elles ont été publiées par le Préfet de Haute-Saône sur sa page Facebook officielle. On y découvre une cuisine dans un bien triste état, ne remplissant visiblement pas les conditions d'hygiène attendues chez un professionnel.

"Afin de protéger les consommateurs", dit-il, Romain Royet a ordonné la fermeture administrative de cet établissement de restauration rapide de Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) "pour une durée indéterminée". Une décision intervenue dans la foulée d'un contrôle sanitaire effectué le vendredi 8 novembre 2024 par les services de la Direction départementale de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP), accompagnés par les gendarmes.

De nombreux manquements aux règles d'hygiène

De "très nombreux points de l'établissement ne correspondaient pas aux normes sanitaires en vigueur et ne garantissaient pas la santé des consommateurs", justifie la préfecture dans un communiqué. Les manquements concernent notamment la conservation des denrées. "Les procédures de nettoyage/désinfection, de lutte contre les nuisibles et de traçabilité des aliments sont inexistantes", ajoute la préfecture.

Par ailleurs, les services de l'Etat ont estimé que la conception et l'agencement des locaux ne permettaient pas un nettoyage et une désinfection régulière, ainsi que la maîtrise des risques. L'exploitant a donc été mis en demeure d'apporter les mesures correctives et préventives "dans les meilleurs délais". Sans préjuger d'éventuelles poursuites pénales.

Fermetures en mars et septembre

Ce n'est pas la première fermeture administrative qui vise des établissements de restauration rapide cette année dans le département. En septembre, un restaurant de tacos avait déjà été épinglé à Gray. Là encore, la préfecture avait publié une photo de la cuisine sur son compte X (anciennement Twitter).

Dans la même ville, deux autres établissements de restauration rapide avaient aussi été sanctionnés en mars. Lors de ces contrôles ciblés, les inspecteurs avaient constaté "de nombreux et graves manquements tant au niveau de l’hygiène des locaux qu’aux conditions sanitaires de préparation des denrées" dans cette pizzeria et ce kebab.

La réaction de l'UMIH

"Le préfet n'a pas dû prendre sa décision à la légère, estime Bernard Champreux, président de l'Union des Métiers de l'Hôtellerie et de la Restauration de Haute-Saône (UMIH 70). Il y a souvent un premier contrôle puis un deuxième, puis souvent encore un troisième avant la sanction. Si l'exploitant n'a pas fait les corrections demandées, c'est qu'il ne voulait pas ou n'avait pas les moyens de les faire."

Le Graylois, qui est aussi vice-président de l'UMIH et qui représente tous les restaurateurs au plan national, ne mâche pas ses mots quand il s'agit de condamner ceux qui portent préjudice à la profession.

C'est de plus en plus fréquent, dans la restauration rapide comme dans la restauration traditionnelle. On a des gens qui pensent découvrir l'Amérique avec nos métiers, mais qui ne savent pas qu'il faut travailler 70 à 90 heures par semaine pour s'en sortir. Ce sont des gens qui sont souvent peu scrupuleux et qui vous font de la m...

Bernard Champreux, président de l'UMIH 70.

Vers un "permis d'exercer"

Premier syndicat de la branche en France, l'UMIH, rappelle-t-il, a fait du "bien manger et de l'hygiène ses priorités absolues". Il plaide pour la création d'un "permis d'exercer" dans la restauration pour mieux en contrôler l'accès et vérifier les compétences. Il espère convaincre les pouvoirs publics de le mettre en œuvre d'ici à 2026.

Il aimerait par ailleurs mettre sur pied des commissions au niveau départemental pour "mieux comprendre les difficultés des établissements", "trouver de solutions pour aider à se mettre aux normes" et éviter ainsi des sanctions trop rapides ou trop lourdes.

Mais pas question néanmoins de noircir le tableau. En Haute-Saône, de telles entorses aux règles sanitaires restent heureusement très rares selon lui. "Ce sont des exceptions qui sortent de la profession", assure Bernard Champreux.

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