La chasse est terminée depuis le 28 février mais pas partout. Compte tenu de la surpopulation de sangliers, la chasse est encore ouverte dans certains territoires, comme à Champagney en Haute-Saône, jusqu’à la fin mars. Pour éliminer davantage de ces animaux qui causent de nombreux dégâts dans les cultures, dégâts indemnisés par les chasseurs.
Les sangliers labourent champs de maïs et prairies avec joie pour rechercher leur nourriture. Les fédérations de chasseurs indemnisent les agriculteurs propriétaires des terrains, suite à l’estimation par une commission indépendante. Et ces indemnisations estimées par une commission indépendante coûtent de plus en plus cher aux fédérations départementales des chasseurs.
Plus d’un million d'euros de dégâts versé aux agriculteurs
Les dégâts causés dans les cultures par les sangliers coûtent très cher, comme l'expliquent les fédérations de chasse de Haute-Saône et du Doubs. Dans le Doubs, le record a été atteint en 2018-2019 avec 640.000 €. Après plusieurs années de baisse, pour 2021-2022, la facture devrait remonter considérablement avec une note estimée à 300.000 €. En Haute-Saône, c’est 1.230.000 € que la fédération a versé en 2019-2020 aux agriculteurs…Et encore 550.000 € cette année.
Des milliers de sangliers pourtant tués
On l’aura compris, l’objectif des chasseurs, c’est de faire diminuer drastiquement ce nombre de suidés.
Autres chiffres à connaître pour comprendre la situation : le nombre d’animaux « prélevés » comprenez tués lors de chaque saison de chasse, justement pour faire baisser cette population. Dans le Doubs, jusqu’à 5000 sangliers ont été abattus chaque année, ces deux dernières saisons, plutôt 3000. En Haute-Saône, si 8000 sangliers ont été tués depuis le 1er juin 2021, ils étaient plus de 9300 l’année précédente.
Et pourtant, sur certains territoires, ces mesures ne suffisent pas. Il y a encore trop de sangliers. Par exemple, dans le bassin de Champagney, dans le nord-est de la Haute-Saône, même si le nombre d’animaux tués a été plus important que les années précédentes, la chasse a dû être prolongée durant tout le mois de mars pour, encore, éliminer des animaux.
La LPO s'en prend aux chasseurs
La prolongation de la chasse en mars ne ravit pas les défenseurs de la nature. La LPO, Ligue de Protection des Oiseaux, dans un communiqué attaque violemment les chasseurs : « Environ 800.000 sangliers sont aujourd’hui tués chaque année en France, contre à peine 30.000 il y a 50 ans, et leur nombre continue pourtant de croître… En 2019, la somme (d’indemnisation des dégâts) s’est élevée à plus de 75 millions d’euros. »
Principal reproche selon la LPO : « L’agrainage dissuasif, censé les éloigner des cultures, s’est en fait souvent transformé en nourrissage tout au long de l’année dans certaines régions. » et ainsi a favorisé la prolifération des sangliers. » Paul Langlois, de la fédération de Haute-Saône reconnaît que des « agrainages dissuasifs, pour éloigner les animaux des cultures ont bien été mis en place. » Mais il réfute cette cause pour expliquer la hausse des populations. Et les chasseurs, non plus, ne sont pas forcément partants pour la prolongation de la chasse en mars.
Chasse en mars ou pas ?
Le mois de mars marque le début de la reproduction pour des espèces sauvages. Et, cette année, le printemps est encore plus précoce de d’habitude… Donc, pas de battue pour venir à bout des compagnies de sangliers mais, comme le dit Paul Langlois : « une chasse à l’affût et à l’approche pour peu déranger les autres espèces sauvages qui se reproduisent à cette période. Au lever du jour et à la tombée de la nuit, pour, là aussi, déranger le moins possible les autres utilisateurs de la nature… »
Même avis du côté du Doubs, où Pierre Feuvrier, directeur de la fédération, est clair : « Sur le fond, la chasse doit s’arrêter. On n’est pas des forcenés de la chasse en mars. D’ailleurs, sur le nord du département, on n’a pas voté la prolongation. On se donne le temps. Il n’y a pas urgence. » Il recrutera justement un chargé de mission pour étudier cette surpopulation et voir comment y remédier. Du côté des agriculteurs, les professionnels reconnaissent la bonne volonté des fédérations départementales. Mais le président de la chambre d’agriculture de Haute-Saône se plaint de l’attitude de certains qui ne veulent pas « complètement assécher leur réservoir ». Thierry Chalmin affirme : « Les dégâts deviennent insoutenables, inacceptables, notamment avec la hausse des prix des denrées agricoles. Je regrette que les directives départementales ne soient pas toujours suivies sur le terrain par les chasseurs dans certains secteurs. »
En effet, la facture payée par les fédérations de chasse risque encore de s’alourdir cette année avec l’augmentation considérable des prix des céréales, conséquence de la guerre en Ukraine
Pourquoi les sangliers sont-ils de plus en plus nombreux ?
Les populations de sangliers augmentent partout en France et même eu Europe. Les professionnels de la chasse expliquent ce phénomène par plusieurs causes. Des hivers doux permettent aux marcassins de grandir. De plus, les cultures de maïs, dont raffolent les sangliers, se multiplient. Sans oublier, première raison, ces dernières saisons, les profusions de glands et faines, comprenez les fruits des chênes et des hêtres, principales nourriture de ces animaux.