La plainte en ligne a été déposée le 5 janvier 2021. Quelques heures après les déclarations et la phrase “choc” du Président de la République lors d’une interview au Parisien.
Abus de pouvoir, tentative d'intimidation, mise en danger de la vie d'autrui, discrimination, atteinte à la liberté
Par la présente, je souhaite déposer une plainte pour abus de pouvoir, tentative d'intimidation, mise en danger de la vie d'autrui, discrimination, atteinte à la liberté suivant la constitution contre Monsieur Macron Emmanuel, Monsieur Jean Castex, Monsieur Olivier Véran, et toute autre personne étant responsable des prises de décisions actuelles afin "d'emmerder les non vaccinés " ....portant atteinte aux libertés fondamentales, du droit de se soigner aux droits de subvenir à nos besoins de vivres dignement.
Extrait de la plainte
Après un retraité de Corrèze de 63 ans jugeant les propos d’Emmanuel Macron discriminatoires, une autre plainte a été déposée en ligne le 5 janvier 2022 par Agnès Morel, une mère de famille d'une petite commune de Haute-Saône. Elle est adressée au procureur de la République de ce département rural. Dans un long texte parfois confus, cette citoyenne française, non vaccinée s’insurge contre le gouvernerment en train de mettre en place en France le pass vaccinal. Et le coup de force verbal du président de la République.
“Nos politiciens ne montrent pas le bon exemple et se déchargent de leur mauvaise gestion sur les non vaccinés au lieu de faire le travail de réformer les abus comme les manques de moyens hospitaliers, pénitentiaires, judiciaires, droits du travail etc… L'impunité ouvre la porte à l'injustice, l'approbation voire l'encouragement à l'oppression, la discrimination mène à la mise en danger d'autrui. Je réclame le droit de vivre dignement” dit-elle.
La colère comme aiguillon
Quelques jours après sa plainte, Agnès Morel revient sur la procédure qu’elle a lancée. Une plainte déposée, dit-elle sur un moment de colère après avoir entendu le 4 janvier Emmanuel Macron.
"Moi, j’ai eu peur pour ma fille"
Cette mère venait quelques jours plutôt d’amener sa fille aux urgences craignant pour cette dernière le diagnostic d'un glaucome. La première visite aux urgences du CHRU de Besançon a lieu un 1er janvier, les urgences pédiatriques sont débordées par des cas de gastro-entérite. L’adolescente se voit prescrire une ordonnance pour une IRM, aucun test Covid n’est réalisé selon la maman. Le lendemain, sa fille ne va toujours pas mieux. La mère décide de l’emmener dès que possible aux urgences ophtalmologiques. Elle fait faire des tests à ses frais en pharmacie. Sa fille est positive. Elle l’emmène malgré tout à l’hôpital."Il y a eu à un moment de la part de certains personnels un mouvement de panique quand j’ai dit que ma fille était positive”. “Les autres soignants ont été géniaux” dit-elle.
“Tout ce qu’Emmanuel Macron met en place, ça divise aujourd’hui le monde, même celui de la santé. Il devrait tout faire pour apaiser les choses, il met de l’huile sur le feu” estime la Haut-Saônoise.
"Nous les non-vaccinés, on nous appauvrit"
En Bourgogne-Franche-Comté, 24% des personnes en âge de se faire vacciner n’ont pas reçu leurs deux doses de vaccin.
Agnès Morel, en fait partie. Elle n’est pas vaccinée, ni sa fille qui a pourtant toutes les vaccinations obligatoires. Elle ne se dit pas contre les vaccins, ni contre les vaccinés qui sont très nombreux dans son entourage. “Pour des questions médicales, de terrain allergique, je ne souhaite pas faire ce vaccin” argumente-t-elle. “Et les déclarations d’Emmanuel Macron ne vont guère m’y encourager” plaide-t-elle.
Les frais de tests de dépistage Covid liés aux soucis de santé de sa fille sont donc actuellement à sa charge. “Si je n’avais pas fait tester ma fille de ma propre initiative, elle se serait de nouveau trouvée dans une salle d'attente avec des enfants malades”. Pour cette mère de famille, on sent que la crise sanitaire a laissé des traces, bien au-delà de la question de la vaccination : deux ans d’épidémie difficiles à vivre cumulés à des problèmes de logement, et un confinement douloureux pour une adolescente. Le "emmerder" du président était de trop. “Cette plainte, c’est un cri du cœur de ma part, j’ai eu besoin de dire les choses” conclut Agnès Morel. De son dépôt de plainte en ligne, elle n’attend d’ailleurs pas grand-chose. “Je veux juste qu’on soit écoutés, il faut aussi qu’on puisse aider le système de santé qui est en danger et le Covid n’aide pas” espère-t-elle.
Le tribunal de Vesoul a notifié par mail un accusé de réception à la plaignante. Le procureur de la République Arnaud Grécourt le confirme. Cette plainte est la seule à ce jour après les déclarations d'Emmanuel Macron.