Incarcérée depuis décembre 2021, la jeune femme risque 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Théo Decouchant à Oiselay-et-Grachaux (Haute-Saône).
Nouvelle étape dans l'affaire du meurtre de Théo Decouchant. La jeune femme qui a avoué le meurtre du jeune homme commis le 30 novembre 2021 en Haute-Saône, a fait l'objet d'une ordonnance de mise en accusation, a annoncé le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux, vendredi 24 novembre.
"Le juge d'instruction à l'issue de l'information judiciaire a considéré qu'il y avait des charges suffisantes pour qu'elle soit jugée devant la cour d'assises de Haute-Saône pour homicide volontaire", a expliqué le procureur lors d'un point presse au tribunal de Besançon.
La défense a 10 jours pour faire appel ou non de cette mise en accusation du chef d'homicide volontaire - crime réprimé par 30 ans de réclusion criminelle - et de deux délits connexes de vol et d'escroquerie. "S'il n'y a pas d'appel, le délai est d'une année pour juger cette personne qui est toujours en détention provisoire", a détaillé Etienne Manteaux.
"J'ai fait ça pour qu'à la fin, il décède"
La disparition de Théo Decouchant, alors âgé de 23 ans, avait été signalée le 1er décembre 2021, avant que l'on ne retrouve son corps dissimulé dans un placard d'un petit appartement d'Oiselay-et-Grachaux (Haute-Saône), appartenant à l'accusée qu'il avait rencontrée 15 jours plus tôt en discothèque.
Cette dernière, âgée de 18 ans et 2 mois au moment des faits, avait été interpellée et mise en examen le 8 décembre, après avoir reconnu les faits, entraînant son incarcération. "L'information judiciaire a mis en évidence que cette jeune femme cherchait de façon intense et active une voiture pour rendre visite à un jeune homme à Bordeaux", a rappelé le procureur.
Théo Découchant était allé chez la jeune femme "à sa demande" pour passer une nuit "sans relation sexuelle". Se disant victime au matin du 30 novembre d'une agression sexuelle par des caresses insistantes, elle lui aurait d'abord adressé de violents coups au visage.
Elle aurait ensuite planté un couteau dans l'abdomen du jeune homme, perforant son foie et l'obligeant à se recroqueviller au sol. Lors de la reconstitution du 13 juin 2023, elle a confirmé après ce "coup non-mortel" l'avoir strangulé avec un cordon de robe, alors que le jeune homme était au sol et ne représentait plus de danger. "J'ai fait ça pour qu'à la fin, il décède", a-t-elle déclaré selon Etienne Manteaux.
Pas d'altération du discernement selon la contre-expertise psychiatrique
L'information judiciaire a ensuite pu objectiver qu'elle a bien quitté son domicile au volant de la voiture de Théo Decouchant, effectué des achats avec sa carte bancaire et s'est rendue au domicile d'un jeune homme rencontré via les réseaux sociaux à Bordeaux, le 1er décembre.
La jeune femme était de retour en Haute-Saône le 5 décembre, la veille de son interpellation, précipitée par l'utilisation de la carte bancaire de Théo Decouchant à un distributeur automatique de billets.
Au niveau de la personnalité de la jeune femme, un premier psychiatre a établi des "traits psychopathiques" altérant son discernement au moment du passage à l'acte. Cependant, la contre-expertise psychiatrique a évoqué "une personnalité caractérielle avec une immaturité affective préoccupante", mais sans altération du discernement.
Cette nuance concernant le caractère de la jeune femme sera l'un des débats lors du procès qui se tiendra d'ici un an, si la défense ne fait pas appel.