Le procès du directeur général de l'époque d’Ikea Industry France se déroulait ce 4 mars 2021 au tribunal correctionnel de Vesoul (Haute-Saône). La procureure a requis huit mois de prison avec sursis.
L'audience se tenait ce jeudi 4 mars 2021, au tribunal de Vesoul. Une peine de huit mois de prison avec sursis a été requise par la procureure Julie Bressand à l'encontre de l'ancien directeur de la société Ikea Industry France, basée à Lure (Haute-Saône).
Elle a également demandé une peine de 50.000 euros avec sursis à l'encontre de l'entreprise, représentée en tant que personne morale par le directeur de la société CF2P, qui a racheté Ikea Industry France en 2019.
"Un cumul de manquements"
Le 21 août 2018, un accident mortel du travail s'était produit dans l'unique usine du géant suédois Ikea en France. Mickaël Minella, un ouvrier de 42 ans était mort écrasé, par un de ses collègues. La victime n'avait pas vu ni entendu l'engin approcher.
"Si la sécurité est l'affaire de tous, c'est d'abord celle de l'employeur", a estimé Mme Bressand, pour qui "l'entreprise a failli en raison de négligences imputables à l'entreprise Ikea et au directeur du site".
La magistrate a dénoncé "un cumul de manquements". "La zone du parc à bois est une zone extrêmement dangereuse. Le risque était identifié et connu, mais aucun dispositif n'a été mis en place pour le prévenir", a-t-elle ajouté, soulignant notamment "des problèmes de visibilité qui avaient été portés à la connaissance de la hiérarchie". Selon elle, "l'intervention de M. Minella aurait dû être interdite parce que dangereuse".
"Aucune faute caractérisée"
Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, car "aucune faute caractérisée" n'est imputable à leurs clients. "Il y avait un protocole de sécurité, le parc à bois est une zone dangereuse, c'était écrit partout, mais ça n'empêchera jamais qu'il y ait des accidents", a défendu Me Guillaume Pellegrin, pour qui son client "n'est pas responsable pénal de droit".
"C’est dur à entendre pour la famille car quand on est partie civile, on part du principe qu’un homme est mort sur son lieu de travail, il y a forcément une faute qui a conduit à cette tragédie", affirme Jean-Marc Florand
avocat des parties civiles. "Mais en matière pénale, il faut qu’au départ il y ait une infraction pénale qui soit caractérisée. C’est là la difficulté dans ces affaires de manquement à des obligations de sécurité, de négligence. C’est ça qui est compliqué à apprécier."
Le délibéré sera rendu le 1er avril.