Kinésithérapeutes : “On a besoin d'une revalorisation des actes pour continuer à vivre dans nos cabinets”

Les médecins généralistes ne sont pas les seuls à demander une revalorisation du tarif des consultations. Les prix des actes des kinés n’ont pas augmenté depuis 2012. Des négociations sont en cours, mais elles ne laissent pas entrevoir une hausse significative pour cette profession de santé.

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10 ans sans augmentation pour ces professionnels de santé

Une entorse à la cheville. Et vous voici chez le kiné. Une épaule qui vous embête. Un genou qui fait des siennes. Pour 30 minutes passées, au fil des séances, à remettre votre articulation en état de marche, votre kiné perçoit 16,13 euros. “Depuis 10 ans, ça n’a pas augmenté. Cela donne 20 à 22% de pertes de bénéfices pour le kiné. Les négociations qui viennent de se terminer nous annoncent une hausse de + 1,90 euros d’ici 2025, en trois ans. Autant dire que l’inflation d’ici là, aura bouffé ce qu’on nous octroie” confie Mickaël Barbé , kinésithérapeute et représentant de la Fédération française des masseurs kinés rééducateurs (FFMKR) en Haute-Saône.

“On a l’impression de mendier les choses, alors qu’on a un métier magnifique qui mérite une vraie revalorisation, pour tout ce qu’on peut apporter au patient, pour le temps qu’on prend avec eux” ajoute ce kinésithérapeute interviewé par nos journalistes Frédéric Buridant et Antoine Laroche.

Des investissements lourds

S’ils se battent pour être mieux payés, c’est aussi parce que ce métier fait peser des contraintes financières sur les épaules de la profession. Machines performantes pour la rééducation, piscines qu’il faut chauffer. La note s’alourdit pour les kinés comme pour les ménages français confrontés à la hausse des prix de l’énergie et à l'inflation. 

Si les kinés ne sont pas revalorisés comme ils le souhaitent, c’est le patient qui pourrait bien en faire les frais. Le kiné va être contraint de passer moins de temps à ses côtés, de prendre plusieurs patients à la fois, de rogner sur la qualité du travail, de s’épuiser…. alerte ce professionnel.

Kiné en milieu rural, une difficulté supplémentaire

Ils sont 144 kinés libéraux dans le département rural de la Haute-Saône. “Dans ces milieux ruraux, les déserts médicaux, on nous demande de nous déplacer au domicile des patients, se déplacer aujourd’hui pour 2,50 euros, ça devient compliqué” enchaîne David Fleurotte, kinésithérapeute syndiqué dans ce département. Les kinés demandent une revalorisation digne de leurs charges, et pas étalée sur trois ans.

Si on continue, on enterre la kinésithérapie !

David Fleurotte, Kinésithérapeute et représentant du syndicat "Alizé" en Haute-Saône

La hausse proposée de 1,90 euros divise les trois syndicats FFMKR, SNMKR et Alizé. Un nouveau rendez-vous était prévu le lundi 16 janvier. Signeront-ils ? En attendant, les professionnels maintiennent la pression pour espérer obtenir des avancées. Et ce kiné est même prêt à aller plus loin s’il le faut. “On fera ce qu’il faut pour se faire entendre, en limitant l’impact sur nos patients” ajoute David Fleurotte.

Lui aussi craint que pour des raisons économiques, la qualité et l’accès aux soins des kinés se dégradent. Les kinés ont perdu selon lui, depuis 2012, un cinquième sur leur feuille de paye. Certains kinés pourraient être tentés de déconventionner leurs tarifs pour s’en sortir financièrement. Le patient ne serait plus remboursé alors par l’assurance-maladie. 

NDLR : le lendemain du reportage, nous avons appris que deux des syndicats ayant refusé de signer l'accord -au vu des conditions proposées- avec la CNAM, la revalorisation prévue n'entrera pas en vigueur. La prochaine négociation avec la profession est prévue en 2027.

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